L’été s’annonce sans masque. Il sera chaud. Chaud des attentes de ces mois de solitude et de vies écornées. Chaud d’une impatience qui fait bouillir les plus jeunes et qui fatigue leurs aînés. Chaud d’un climat dont on a peine à croire qu’il n’évolue pas. Ce que nous avons appris de ces temps confinés ? Je ne sais trop le dire. Mais ce qui apparaît, comme dans un ciel breton, c’est que les nuages les plus noirs, les averses les plus violentes, s’effacent d’un coup devant la lumière qui perce, transperce, chasse et réchauffe.
Ils sont bien seuls et donc bien pauvres, ceux qui croient que personne ne pose sur leurs vies un regard. « Qui prendra soin de moi ? », « En qui puis-je trouver secours ? » : autant de paroles qui ne sont même plus criées, tout juste soupirées, par ceux auxquels on ne reconnaît comme seule identité que celle de consommer et parfois de voter.
Se mettre à l’écart des brouhahas du foot et des querelles d’ego, renoncer à sortir pour mieux descendre en soi, préférer pour un temps se laisser racheter plutôt que d’acheter : oui, faire retraite.
Assis, sur un banc, face à l’océan dont les vagues miroitent la puissance du soleil, bercé par le cliquetis des haubans qui s’ennuient d’être si peu souvent sollicités à monter la grand-voile, je goûte le temps d’un silence qui demain deviendra prière. Faire retraite, prendre ce temps de reconnaître qu’un autre puisse regarder ma vie. Puiser dans ce regard la promesse d’un pardon, d’une alliance, d’un amour. Comment ne pas souhaiter à tous ceux qui se savent ainsi accompagnés par Jésus, qu’ils puissent durant ce temps d’été, prendre le temps de le laisser les raviver ?
Se mettre à l’écart des brouhahas du foot et des querelles d’ego, renoncer à sortir pour mieux descendre en soi, préférer pour un temps se laisser racheter plutôt que d’acheter : oui, faire retraite. Ce devrait être pour tout baptisé, pour tout homme, toute femme, qui souhaite annoncer l’Évangile, un devoir sacré. Prendre le temps ainsi de ne pas simplement croiser le regard de celui dont nous parlons tant mais que nous écoutons si peu et connaissons si mal. Mais de laisser ce regard baigner tout l’être et se faire parole. Une Parole qui vient murmurer comme une brise légère aux cœurs qui lui ouvrent leurs portes : « N’aie pas peur, je suis avec toi, avance, je suis le chemin la vérité et la vie... »
L’été sera chaud, mais notre cœur, lui, sera-t-il tout brûlant ?