Le sistre figure en bonne place dans l’orchestre biblique. Cet instrument bien particulier entrait dans la famille des percussions en raison des rondelles métalliques ou autres coques de fruit enfilées dans un cadre ovale ou en demi-cercle d’une vingtaine de centimètres. La plupart du temps, ces dernières –rondelles ou coques – étaient fabriquées en bronze afin d’être mieux entrechoquées par un mouvement rotatif et vif du poignet. Le son produit par ce curieux instrument était perçant et strident.
Le 2e Livre de Samuel nous livre une évocation sommaire de cet étrange instrument : « David et toute la maison d’Israël dansaient devant le Seigneur, au son des instruments en bois de cyprès, cithares et harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales ». Au regard de ce souvenir de liesse où figure l’un des rois majeurs d’Israël, il est aisé de comprendre que le sistre avait effectivement une place de choix parmi les instruments de musique des Hébreux, un instrument pourtant hérité, semble-t-il, de leurs anciens maîtres, les Égyptiens.
C’est probablement d’Égypte, en effet, qu’est provenu le sistre. L’instrument aurait été selon la mythologie associé à la déesse Hathor dont il était un des attributs, puis à la déesse Isis. Les prêtres égyptiens avaient régulièrement recours à cet instrument pour les cérémonies et de nombreuses représentations témoignent de cette présence du sistre chez les Égyptiens. De là, l’usage du sistre se répandra dans toute la Méditerranée, et ce, jusqu’à l’époque gréco-romaine. Ce serait donc les Égyptiens qui auraient légué culturellement cette pratique au peuple d’Israël, peuple ayant dans le récit biblique vécu en servitude une longue période sur leurs terres avant la traversée de la Mer Morte.
Le sistre, bien qu’aujourd’hui souvent méconnu, n’appartient cependant pas qu’à l’histoire ancienne de la musique. Ses sonorités bien particulières tintent, en effet, avec bonheur encore de nos jours chez les Coptes et les chrétiens d’Éthiopie. Ces derniers rythment effectivement encore les offices avec ce fabuleux instrument fort ancien, que ce soit dans les églises ou lors des processions à l’extérieur. Le tintement de ses parties métalliques marque les étapes importantes de la cérémonie et aide à porter la prière des fidèles vers Dieu, ainsi que le faisaient déjà naguère leurs antiques prédécesseurs de l’Ancien Testament…