En inscrivant ses pas dans ceux d’Abraham, sur la terre fondatrice de l’Alliance de Dieu avec les hommes, le Successeur de Pierre vient confirmer le signe de Jonas : l’appel à la conversion et la victoire de la paix.Dans quelques jours, quelques heures, le pape François s’envolera pour un court voyage en Irak. Un pape, successeur de saint Pierre, se rendra pour la première fois dans l’histoire, sur la terre d’Abraham, père des croyants, originaire de Ur, mais aussi terre de Jonas, le prédicateur de Ninive. Sans préjuger des discours du Saint-Père, il y a là, déjà, plusieurs leçons spirituelles. En Abraham nous reconnaissons celui qui a osé parlementer avec Dieu, pour obtenir le salut des hommes justes, face aux projets de destruction de Sodome et Gomorrhe. En Jonas, nous admirons l’homme de Dieu qui a le courage de proclamer dans la grande Ninive le temps de la pénitence pour le salut. Thèmes, ô combien d’actualité ! Avec Jonas, nous entrapercevons la victoire du Ressuscité, quand il surgit vainqueur après trois jours dans le ventre de la baleine. En Abraham, nous nous réjouissons d’un Dieu qui veut faire alliance avec les hommes. Thèmes d’espérance donc.
Dieu reste fidèle
Nul doute qu’au-delà des auditeurs irakiens, les chrétiens et tous ceux qui voudront suivre ce voyage et les interventions du pape François, recevront en ces temps si pénibles de pandémie mondiale, des messages d’espoir, des leçons de courage, issus de la sagesse millénaire de ces terres ancestrales, dans lesquelles chacun de nous peut reconnaître une origine partagée, dans la foi. Que, précisément ces terres-là soient, encore et toujours — comme celles de la Palestine —, des terres où la violence des hommes s’exprime, voilà un enseignement. Le Dieu auquel nous croyons n’est pas un être immanent, qui ne s’intéresserait pas aux misères de hommes. S’il les laisse libres, au risque de leurs péchés et de leur iniquité, il n’y reste pas insensible.
Voir ainsi déambuler, bientôt, la blanche silhouette du vicaire du Christ, sur cette terre chargée d’histoire sainte devrait rallumer dans le cœur des croyants cette source d’espoir : Dieu reste fidèle à son alliance.
Avec Abraham, avec Jonas, il vient sans cesse proposer la conversion, l’alliance avec lui. Et, dans ces temps qui sont les derniers, en Jésus, il s’incarne en notre humanité, pour nous délivrer du cycle infernal et mortifère de la violence, pour porter lui-même le poids de nos trahisons. Voir ainsi déambuler, bientôt, la blanche silhouette du vicaire du Christ, sur cette terre chargée d’histoire sainte devrait rallumer dans le cœur des croyants cette source d’espoir : Dieu reste fidèle à son alliance plurimillénaire avec l’humanité et ce, malgré nos trahisons.
Un signe de paix
Sans trop se hasarder on notera aussi la dimension très « politique » de ce voyage. Après avoir rencontré les dirigeants les plus importants du monde sunnite, c’est, avec l’ayatollah Ali al-Sistani, le plus haut personnage de l’islam chiite, que s’entretiendra le Pape durant son séjour irakien.
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On entend bien murmurer ici ou là. Chez des chrétiens, mais « pas que », surgit un agacement de voir le pape, chef de la chrétienté, passer autant de temps avec des musulmans. Cette vision au ras des pâquerettes — pour rester poli et dans l’air printanier du moment — semble oublier que le pape est non seulement un dirigeant religieux, mais aussi un « leader politique » d’envergure mondiale. C’est d’ailleurs ce qui justifie le statut particulier du Saint-Siège dans le concert des nations. À ce titre, ce voyage revêt bien sûr une dimension politique d’ordre international, et nul doute que les agences de toute sorte des plus grands pays impliqués dans cette zone à risque, le suivront très attentivement.
Par ailleurs, il serait inintelligent de ne pas saisir que la dimension religieuse est particulièrement politique dans des pays où l’islam est majoritaire. Que le chef des catholiques soit capable, lui, de dialoguer avec des autorités musulmanes opposées — sunnites et chiite — qui ne se parlent entre elles généralement qu’à coup de bombes, voilà un signe. Un signe tel que Jonas a pu en être un. Un espoir tel qu’Abraham en a été le porteur pour l’humanité entière.
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