« Ce qui soutenait ma foi, c’est la prière », a confié le Père Pier Luigi Maccalli, otage durant près de deux ans entre le Niger et le Mali et libéré le 8 octobre 2020, dans une homélie prononcée dimanche 8 novembre à Rome. Le prêtre italien y livre le témoignage bouleversant de sa captivité durant laquelle il a éprouvé « le silence de Dieu ».
Le missionnaire avait été enlevé par un groupe terroriste en 2018 au Niger. Membre de la Société des Missions africaines, il vivait dans ce pays depuis onze ans. Transféré durant sa captivité au Mali, il a été libéré le 8 octobre dernier avec d’autres otages dont la française Sophie Pétronin et l’homme politique malien Souaïla Cissé. Le pape François, qui s’était félicité de sa libération lors de l’Angélus du 18 octobre, l’a reçu dans la matinée du 9 novembre au Vatican.
« Ce qui soutenait ma foi, c’est la prière », a martelé le père Maccalli dans son homélie prononcée dans la paroisse romaine de la Nativité de Marie Très Sainte et publiée par
L’Osservatore Romano dans son édition du lendemain. Dans son sermon,
également diffusé sur la page Facebook de la paroisse, il y raconte son enlèvement, alors même qu’il était en « en pyjama et en pantoufles ». Privé de Bible et de bréviaire, le prêtre n’avait que son chapelet pour rythmer les journées. « J’ai prié quelques psaumes dont je me suis souvenu […] Ma messe était simplement pour dire : “Seigneur, voici mon corps, offert ; je n’ai rien d’autre à vous donner” », confie-t-il.
Durant les deux ans de sa captivité, le père Maccalli a « prié avec des larmes » et « beaucoup de pourquoi ». Faisant sienne la parole du Christ sur la croix – « pourquoi m’as-tu abandonné ? » – le missionnaire avoue n’avoir reçu pour réponse qu’un grand silence, « le silence de Dieu ». « Mais je suis resté obstinément fidèle à la prière, sachant qu’Il était là », poursuit l’ex-otage qui raconte avoir porté dans ces moments de silence tous ceux qui éprouvaient la nuit de la foi.
« J’ai jeté la graine, Dieu voulant qu’elle pousse au cœur de l’Afrique »
Prisonnier dans le désert, le prêtre italien a fait l’expérience de l’essentiel. Cet « essentiel dans notre vie est le “shalom“, cette harmonie entre le ciel et la terre et entre tous les hommes », explique-t-il, insistant sur l’importance de la fraternité et du pardon. « Je n’ai aucune rancune envers ceux qui m’ont détenu. C’étaient des garçons, des jeunes hommes avec des kalachnikovs. [Des personnes qui] ne savaient pas ce qu’ils faisaient », assure-t-il. Dans une anecdote, l’ancien otage raconte un dialogue entre lui et celui qui le conduisit au rendez-vous de sa libération : « Je lui ai dit : “j’ai un mot à te dire, que Dieu nous fasse comprendre un jour que nous sommes tous frères”. Il m’a répondu : “non, pour moi mon frère c’est un musulman” ». Mais pour le prêtre missionnaire, cette réponse n’est pas un “non” définitif. « J’ai jeté la graine, Dieu voulant qu’elle pousse au cœur de l’Afrique, de beaucoup de gens… ».
Rencontre émouvante avec le pape François
Au terme de son homélie, le père Maccalli a demandé de prier pour les personnes encore retenues en otage ; une religieuse colombienne notamment, « Sœur Gloria Cecilia Narváez, que nous pensions être avec nous, mais qui n’a pas fait partie du “paquet” de la libération ». Lors de sa rencontre avec le pape François, le 9 novembre au matin, le pontife argentin l’a étreint dans ses bras, a rapporté VaticanNews, le même jour. « C’était une très, très belle rencontre. J’étais ému », a-t-il confié, expliquant avoir demandé au pape de porter l’Église au Niger dans sa prière. « Le pape était très attentif. Je lui ai aussi dit un grand “merci” pour avoir prié pour moi, avec l’Église ». Le chef de l’Église catholique lui a alors répondu : « Nous vous avons soutenu, mais vous, vous avez soutenu l’Église ».