Haut lieu de pèlerinage depuis le Moyen Âge, la ville de Souvigny (Allier) possède un ensemble prieural exceptionnel dont la fameuse église Saint-Pierre et Saint-Paul, la dernière en France à posséder un double transept.
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Berceau de la famille des Bourbons, Souvigny possède un patrimoine exceptionnel. Étroitement lié, dès le Moyen Âge, à la puissante abbaye de Cluny (plus grande église de la chrétienté à l’époque) en tant que « fille aînée » — titre qu’elle dispute avec l’église de la Charité-sur-Loire —, le prieuré de Souvigny va connaître un rayonnement sans pareil et devenir, au fil des ans, un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de France. Son rayonnement s’explique par la présence des reliques de deux grands abbés de l’ancien prieuré bénédictin : saint Mayeul et saint Odilon, morts respectivement en 994 et 1049. Les récits des miracles des deux saints abbés attiraient des foules de fidèles. Charité et humilité, paix et miséricorde, tel fut leur grand témoignage évangélique. Leur sainteté attirera une foule de pèlerins jusqu’à la Révolution française. En 2018, la ville a d’ailleurs été reconnue officiellement ville sanctuaire.
Un double transept unique en France
Si Souvigny est célèbre pour ses saints, elle l’est également pour ses richesses patrimoniales. Dès son arrivée, le visiteur est immédiatement frappé par l’imposante prieurale Saint-Pierre et Saint-Paul et l’élégant prieuré qui y est accolé. Premier élément qui frappe, le double transept ! Un particularité que Souvigny partageait autrefois avec Cluny, aujourd’hui détruite, et qui fait de la prieurale un cas désormais unique en France ! “La prieurale de Souvigny a été construite sur le modèle de Cluny III”, explique à Aleteia Laurent Poirier, délégué départemental de l’Allier pour la Fondation du Patrimoine, “ce qui explique son double transept étonnant que l’on ne voit nul par ailleurs”.
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Parmi les richesses qui se cachent à l’intérieur, on découvre les mausolées de saint Mayeul et de saint Odilon, détruits en mille morceaux durant la Révolution et reconstruits en 2008, à partir des 2400 morceaux retrouvés lors de fouilles archéologiques. Les fronts des gisants, usés, témoignent de la vénération des pèlerins venus les prier. Non loin, une armoire contient les bustes reliquaires des deux saints. Les portes étaient ouvertes lors des pèlerinages.
Des trésors à foison
Autres éléments remarquables : les deux chapelles funéraires où sont conservés les gisants du duc Louis II de Bourbon et son épouse Anne-Dauphine d’Auvergne dans l’une, et les gisants de Charles Ier de Bourbon et son épouse Agnès de Bourgogne dans l’autre. Des tombeaux jamais dégradés durant la Révolution française. L’une des deux chapelles, appelée la Chapelle-Neuve, vient d’ailleurs d’être frappée d’un arrêté de péril en raison de désordres structurels, a indiqué La Fondation du Patrimoine dans un communiqué. Mais que les fidèles de Souvigny se rassurent, l’édifice n’est pas fermé pour autant. “La Chapelle-Neuve est accolée au transept nord”, précise Laurent Poirier. “Uniquement cette partie est fermée au public car la voûte est très abîmée et des pierres risquent à tout moment de tomber”. En partenariat avec la commune de Souvigny, la Fondation lance ainsi une collecte de dons afin de lancer la restauration rapide de ce vestige de l’Histoire de France.
Mais Souvigny ne finit pas de cacher des trésors. En levant les yeux, le fidèle pourra admirer l’orgue, réalisé par François-Henry Clicquot (1785), facteur d’orgues de Louis XVI qui passait pour être le meilleur de l’Ancien Régime. Depuis sa construction, il n’a pas été restauré et a gardé sa mécanique et ses tuyaux d’origine. Aujourd’hui, il demeure, avec très peu d’autres en France, une œuvre de référence de la facture d’orgue classique française bien qu’il s’essouffle un peu. “Nous ignorons qui a commandé cet orgue à Souvigny ni qui l’a financé, mais c’est clairement le chef-d’œuvre de Clicquot pour de nombreux organistes”, raconte Laurent Poirier. “Il n’a pas connu de restauration depuis le XVIIIe siècle. Un fait assez exceptionnel. Seul le diapason a été modifié par le facteur Goydadin au XIXe siècle. Aujourd’hui, les tuyaux commencent à se corroder et la soufflerie se fatigue. Il est urgent de procéder à un restauration car si jamais il brûlait, comme à la cathédrale de Nantes, il n’y aurait aucun plan qui permettrait de le reconstruire”, déplore le délégué du département de l’Allier. La DRAC a récemment lancé une étude pour étudier une éventuelle restauration.