Ordonné diacre pour le diocèse d’Évreux le 6 septembre 2020, Morgan Potier a d’abord été peintre en bâtiment puis boucher. Ce n’est qu’après avoir découvert Dieu dans les Écritures et dans la prière qu’il songe à se tourner vers la prêtrise. Âgé de 30 ans, Morgan Potier est diacre pour le diocèse d’Évreux depuis le 6 septembre 2020. Originaire de Normandie, le jeune homme vient d’une famille recomposée, catholique mais pas du tout pratiquante, dans laquelle il restait toutefois “un fond de croyance”. “Chez nous, c’était au minimum le baptême, mais je n’avais pas fait le caté et ma première communion”, raconte-t-il. “Rien ne me prédisposait à devenir diacre pour devenir prêtre”. L’école n’est pas vraiment son dada et, en classe de 4e, il est renvoyé de son établissement scolaire. Il intègre alors une filière professionnelle et travaille comme peintre en bâtiment de 17 à 19 ans. “C’est un métier qui m’a beaucoup plu”, note-t-il. Il apprécie alors d’être au contact des clients pour les conseiller, les écouter… “J’avais déjà un peu cette fibre de l’écoute. Les gens sont toujours venus vers moi pour me confier des choses”, confesse-t-il. Mais difficile de trouver du travail dans cette branche et Morgan expérimente le chômage. “J’essayais vraiment de trouver ma voie”, poursuit-il.
En fin de journée, je prenais le temps de parler avec les clients. Il y a avait déjà là quelque chose du ministère de prêtre.
Il se tourne à ce moment-là vers un autre métier, celui qu’exerçaient ses grands-parents maternels : boucher. “C’est un métier qui manque de vocations. J’étais certain de trouver un patron du jour au lendemain”. Aujourd’hui, s’amuse-t-il, il reçoit des appels de bouchers qui cherchent à le recruter. Bœuf, veau, porc, agneau, volaille n’ont plus de secret pour lui. Morgan s’attaque aux carcasses et désosse, découpe, prépare la viande, le matin derrière le billot, l’après-midi derrière le comptoir. “En fin de journée, je prenais le temps de parler avec les clients. Il y a avait déjà là quelque chose du ministère de prêtre”. Il exerce ce métier durant cinq ans.
Écritures + prière
Pendant tous ces années, le week-end, de nature fêtarde, il écume rave-parties et festivals avec une bande de copains à travers la France et l’Europe. “On fait la fête pour s’évader” mais finalement “on tourne un peu en rond”, concède-t-il. “Il y avait un manque”. Un après-midi, il ressent le besoin d’acheter une Bible et de la lire. “Les Écritures m’ont ouvert l’esprit”. Peu à peu, il commence à fréquenter l’Église, de plus en plus souvent. Et après avoir découvert Dieu à travers la Bible, il rencontre le Christ dans la prière. “Le goût de la prière et la parole de Dieu ont été la base de ma formation”, résume-t-il.
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Il prend une année sabbatique pour approfondir sa foi et “fonder sa vie chrétienne et spirituelle” et peu à peu émerge l’appel à la prêtrise. Mais le jeune homme, qui n’a pas son bac, s’interroge. Le sacerdoce est-il fait pour lui ? Il intègre la communauté Notre-Dame-du-Chemin, au sein du séminaire d’Orléans, qui propose une remise à niveau à des adultes qui sentent un appel à la prêtrise mais qui n’ont pas fait d’études secondaires, le temps d’une année scolaire. Cela lui permet ensuite d’aborder plus sereinement la formation philosophique et théologique. Puis le jeune homme poursuit son cursus de futur prêtre à Orléans et à Issy-les-Moulineaux, jusqu’à sa récente ordination diaconale. Sa vocation a d’ailleurs été très bien accueillie par sa famille et ses amis. “Ils sont plutôt fiers. Cela leur rappelle un peu la présence de Dieu. Quand ils me voient, c’est un peu comme s’ils pensaient à Dieu”.
“Je me sens plus proche du milieu ouvrier, populaire, des quartiers”, souffle le jeune diacre. “C’est un monde où je me sens bien”. Ses différentes expérience lui ont donné une vision du monde ancrée dans la réalité. Il a lui-même connu le chômage : “Je sais ce que c’est quand on est dans le rouge à la fin du mois, quand on a du mal à mettre de l’essence dans son véhicule”. Parmi les saints qui l’inspirent, il cite le saint curé d’Ars, le bienheureux Antoine Chevrier ou encore le bienheureux Jerzy Popiełuszko. “Face au communisme, il a tenté d’aider le maximum d’ouvriers. Jeune vicaire, il a essayé de les faire réfléchir sur le sens de leur travail pour qu’ils puissent se rapprocher d’une spiritualité plutôt que d’une idéologie”. Pour lui, cela a encore du sens aujourd’hui, alors que les débats sociétaux font rage : il ne s’agit surtout pas de tomber dans le politique, “parce que ce n’est pas le rôle du prêtre”, mais d’aller rencontrer les gens dans leurs réalités de vie et leurs souffrances. “Proclamer la vérité, c’est le rôle du prêtre. Ce sont des combats qui sont justes et qui m’inspirent pour mon futur ministère”.
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