Laïque consacrée au service du diocèse d’Avignon, Carine Salomé porte une mission bien particulière : apporter Dieu dans les camps de réfugiés des pays du Sud. Djouba, Khartoum, Erbil, aujourd’hui Samos… Carine Salomé, 44 ans, aujourd’hui en mission sur l’île de Samos (Grèce), a sillonné un certain nombre de villes sensibles, que ce soit au Soudan, en Irak ou en Grèce. Laïque consacrée dans la communauté de l’Agneau – qui compte des religieux et des religieuses, mais aussi des laïcs –, elle est envoyée chaque année par le diocèse d’Avignon, en lien avec l’ONG Fidesco, dans des camps de réfugiés des pays du Sud, à raison de trois à huit mois par an. À chaque fois, elle va à la rencontre de l’évêque local et se rend disponible pour le service. Sa mission ? Mettre en place l’adoration eucharistique au cœur des camps et proposer du soutien spirituel, en particulier auprès des enfants.
On en a marre de recevoir des choses. Ce dont on a besoin, c’est d’espérance.
Issue d’une famille anti-cléricale, elle ne connaissait rien de Dieu et a vécu un long chemin de conversion avant de recevoir le baptême à l’âge de 25 ans. Elle a elle-même exercé professionnellement dans l’humanitaire auparavant, mais s’est rendue compte que la dimension spirituelle restait malheureusement trop absente dans les ONG. “Le corps a besoin de plein de choses, mais quand on a tout perdu”, on a “aussi besoin de se reconstruire intérieurement”, insiste-t-elle, sweat sur le dos et croix en bois autour du cou bien en évidence. Les réfugiés “attendent d’être visités”, ajoute-elle. “On en a marre de recevoir des choses. Ce dont on a besoin, c’est d’espérance”, entend-elle autour d’elle. Justement, dans ces lieux qui sont parfois des “déserts spirituels” entourés de barbelés et de miradors, Carine Salomé apporte autre chose. Présence gratuite et amicale, elle visite les familles, monte des oratoires avec les enfants, met en place l’adoration au cœur des camps. À Khartoum, elle a même apporté le Saint-Sacrement dans les unités pénitentiaires des condamnés à mort.
Si elle est témoin de souffrances extrêmes, sa mission la propulse dans l’espérance. “La vie est possible”, s’émerveille-t-elle, confiant par ailleurs que ce sont les enfants des camps qui lui ont appris à prier. Elle a vécu nombre de rencontres marquantes. À commencer par cette femme victime de l’État islamique qui lui a un jour soufflé, radieuse : “À force de contempler le visage du Christ dans le Saint-Sacrement, je peux enfin dire merci à Daesh. On commençait à se construire un troisième étage dans notre maison, on avait des voitures, on voulait encore en racheter une autre, on se construisait quelque part notre tour de Babel. En deux heures, ils m’ont tout pris. Aujourd’hui, je sais qu’ils m’ont permis de revenir à mon cœur profond”. “Quand on donne la force de Jésus vivant vainqueur de tout, les gens après peuvent bondir pour la vie ; quelle que soit l’extrême souffrance dans laquelle on est, le Christ transforme cette souffrance en vie qui jaillit et en fécondité”, affirme la missionnaire sans hésiter. “Je suis témoin de tout ce que le Seigneur vient faire de merveilleux dans le cœur des gens”.
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