Décédée à l’âge de 12 ans en 1957, Charlene Marie Richard fait l’objet d’une importante dévotion populaire en Louisiane (États-Unis), là où elle a vécu. Actuellement servante de Dieu, son procès en canonisation est ouvert. 27Joseph et Mary Alice Richard étaient des Cadiens (ou “cajun”, descendants des Acadiens) installés en Louisiane. Ils ont eu 10 enfants, dont la deuxième, Charlène, était une fille joyeuse comme les enfants de son âge. Vive, intelligente, elle aimait le sport et avait une foi profonde. Mais à la différence des autres enfants qui deviennent ensuite adolescents et adultes, sa courte vie s’est arrêtée à l’âge de 12 ans, stoppée par une leucémie.
Dans l’Église catholique, la voie vers la canonisation n’est pas facile. Il faut parfois plusieurs siècles avant qu’une personne soit proclamée sainte. Les investigations commencent dans la ville de naissance de la personne et suivent le fil de sa vie. Aujourd’hui, le processus commence lorsque l’évêque accepte de considérer une cause portée par la communauté locale. Les catholiques sur place constituent un dossier attestant de la personnalité et de la foi de la personne candidate à la sainteté. L’évêque assigne un postulateur à la cause, qui mène une enquête très approfondie. Après quelques années, parfois plus, l’évêque peut déclarer la personne “serviteur” ou “servante de Dieu” et référer son dossier à la congrégation pour la cause des saints au Vatican. C’est alors que commence la deuxième étape du processus, en vue de la béatification, puis de la canonisation.
Offrir sa souffrance aux autres
Même si Charlene Richard est déjà surnommée “la petite sainte cadienne” depuis de nombreuses années, le chemin est donc encore long avant une éventuelle canonisation. À 12 ans, juste avant de tomber malade, Charlene était une jeune fille active qui aimait le sport et avait de bonnes notes. Elle venait de lire un livre sur sainte Thérèse et s’était rendue à l’église pour prier “la petite fleur”. Puis elle était rentrée chez elle et avait demandé à sa grand-mère si en priant comme sainte Thérèse, elle pourrait devenir une sainte comme elle. Sa grand-mère lui avait assuré que oui.
Quand les symptômes de Charlene sont devenus persistants, elle a fait des examens qui finirent par révéler une leucémie lymphoïde aiguë. Très vite sa famille se tourne vers le prêtre de la paroisse et l’aumônier de l’hôpital. Le père Joseph Brennan est un prêtre nouvellement ordonné qui vient d’être assigné à l’hôpital Notre-Dame de Lourdes quand Charlene y est admise. Le père Brennan rend visite à Charlene tous les jours. Quand il arrive, la jeune fille lui demande pour qui ils prient ce jour-là. Elle a confié à l’aumônier qu’elle acceptait sa maladie comme étant la volonté de Dieu et qu’elle voulait “offrir” sa souffrance pour les autres. Le père Brennan est profondément touché par la foi et l’amour dégagés par cette jeune fille de douze ans.
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Peu avant la mort de la fillette, le prêtre lui parle d’une très belle dame qui va venir pour l’emmener au ciel. Charlene rétorque : “Oh, vous voulez parler de Vierge Marie ? Quand elle viendra, je lui dirai que vous lui dites bonjour.” Le père Brennan est stupéfait. Il est auprès d’elle lorsqu’elle meurt le 11 août 1959.
L’aumônier n’est pas le seul à être touché par la jeune Charlene. Un de ses amis, le père Floyd Calais, originaire de Louisiane lui aussi, ne l’a jamais rencontrée mais il écoute avec attention tous les récits que le père Brennan lui relate – notamment à propos des personnes qui guérissent pendant que Charlene prie pour elles alors qu’elle-même est en train de mourir. Beaucoup se convertissent avant leur mort. Sœur Theresita Crowley, chef du service pédiatrique de l’hôpital Notre-Dame de Lourdes, avait parlé autour d’elle de cette jeune fille qui avait accepté sa maladie et priait si fort pour les autres. Les gens des environs s’étaient alors mis à la prier pour lui demander des faveurs spéciales et ils assuraient que ces prières leur étaient d’une grande aide.
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Depuis, nombreux sont ceux qui ont prié Charlene et qui croient qu’elle a intercédé pour eux. Sœur Theresita disait : “Je ne peux pas l’oublier. Je ressens sa présence. Je sens son sourire.” Il y a ceux qui l’ont priée pour des traitements médicaux, pour des problèmes de couple, des problèmes d’emploi, pour demander le beau temps et sauver les récoltes… Très vite, la réputation de Charlene a dépassé les frontières de la Louisiane. Finalement, après plusieurs années de réflexion et d’étude du dossier, l’évêque de Lafayette a récemment ouvert la cause pour la canonisation de Charlene.