Les dernières demeures terrestres des papes nous rappellent que l’histoire de l’Église fut parfois mouvementée. C’est ainsi que la France abrite le tombeau de huit successeurs de Pierre, à découvrir au gré de vos dernières pérégrinations estivales.Sur les 264 papes qui ont précédé l’actuel pape François et le pape émérite Benoît XVI, 148 sont inhumés dans la basilique Saint-Pierre de Rome, dans les grottes vaticanes, avec le premier d’entre eux, l’apôtre du Christ dédicataire de l’édifice. Mais 116 papes ont choisi d’être enterrés ailleurs, la plupart dans d’autres basiliques romaines ou dans d’autres églises italiennes, mais aussi en France pour huit d’entre eux.
C’est le cas, tout d’abord, de Grégoire VI, né à Cologne aux alentours de l’an mil et qui n’occupa le trône de Saint-Pierre qu’un peu plus d’une année, entre mai 1045 et décembre 1046. Le 153e pape n’eut guère le temps, pendant son pontificat, que de se débarrasser de deux rivaux, son prédécesseur Benoît IX qui était revenu sur son abdication et Sylvestre III, qui s’était fait proclamer pape par ailleurs. Bien que mort deux ans plus tard, en 1048, dans sa ville natale, il a été enterré à l’abbaye de Cluny, en Bourgogne.
Plus court encore fut le pontificat de Gélase II, 161e pape entre janvier 1118 et janvier 1119. Natif de Gaète vers 1060, il dut lui aussi s’opposer à deux rivaux, l’antipape Clément III puis l’antipape Grégoire VIII suscité par l’Empereur Henri V. Recherchant l’appui du roi de France Louis VI le Gros, c’est en venant à sa rencontre à Vézelay alors qu’il était malade qu’il mourut en 1119 à l’abbaye de Cluny où il fut inhumé.
Les papes d’Avignon
Viennent ensuite les papes d’Avignon et d’abord le premier d’entre eux, Bertrand de Got, né en 1264 à Villandraut en Guyenne. Couronné 195e pape en 1305 sous le nom de Clément V, il choisit de ne pas s’installer à Rome alors en plein marasme et préféra rejoindre Avignon dans le Comtat-Venaissin, fief papal depuis 1229. C’est sous son règne qu’eut lieu le procès des templiers qui aboutit à la suppression de l’ordre lors du concile de Vienne en 1312. Alors qu’il souhaitait rejoindre son village natal, il mourut en 1314 à Roquemaure et ses restes furent transférés deux ans plus tard dans la collégiale Notre-Dame d’Uzeste en Guyenne.
Son successeur et 196e pape, Jean XXII exerça son pontificat de 1316 à 1334. Originaire de Cahors où il était né en 1244, Jean XXII a surtout laissé le souvenir d’un pape organisateur de l’administration pontificale. C’est lui qui établit durablement l’installation de la cour pontificale à Avignon. Il y fit agrandir l’église Notre-Dame des Doms où il fut enterré à sa mort, en décembre 1334, survenue à l’âge avancé pour l’époque de 90 ans. Après lui, Benoît XII, qui naquit dans le comté de Foix vers 1285, fut le 197e pape de 1334 à 1342. Bien que se qualifiant lui-même d’âne lors de son élection, il fut un pape réformateur de la curie et des ordres religieux. Mort à Avignon en avril 1342, il est, lui aussi, inhumé dans l’église Notre-Dame des Doms.
Deux papes limousins
Clément VI, 198e pape de 1342 à 1352, était né en Limousin en 1291. Bénédictin de la Chaise-Dieu, érudit et diplomate proche du roi de France, il fut appelé le Magnifique par opposition à son ascétique prédécesseur. C’est lui qui fit bâtir à Avignon un nouveau palais digne de son surnom. Mort en décembre 1352, il repose à l’abbatiale Saint-Robert de la Chaise-Dieu en Auvergne dans un tombeau surmonté d’un gisant en marbre de Carrare recouvert d’une couche d’or. Son successeur, lui aussi né en Limousin en 1282, 199e pape de 1352 à 1362 sous le nom d’Innocent VI, connut un pontificat discret mais fut un pape lettré et économe. Il rejoignit à sa mort en septembre 1362 la Chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction à Villeneuve-les-Avignon qu’il avait lui-même fondée.
Un pape à Marseille
Natif du Gévaudan en 1310, Urbain V, 200e pape de 1362 à 1370, eut maille à partir avec Bertrand du Guesclin à qui il dut littéralement acheter la liberté d’Avignon. Urbain V, en dépit de l’opposition du roi de France, prit la décision de revenir à Rome ce qu’il fit en 1367. Mais devant les menaces pesant à la fois sur les États pontificaux et sur Avignon, il revint dans cette dernière où il mourut en décembre 1370. Deux ans plus tard, conformément à son souhait, ses restes furent transférés à l’abbatiale Saint-Victor de Marseille dont il avait été l’abbé. C’est finalement son successeur, Grégoire XI qui rentra définitivement à Rome. Dernier pape français, il aurait, lui aussi, voulu être enterré à la Chaise-Dieu mais les Romains ne l’acceptèrent pas.
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Le cœur de Pie VI
À cette liste, il convient, pour finir, de citer le pape Pie VI. Prisonnier de la France sous le Directoire, il meurt épuisé à Valence, chef-lieu de la Drôme, en août 1799. Après la signature du Concordat, son corps est ramené à Rome mais, à la demande des habitants de Valence, son cœur et ses entrailles sont revenus dans la ville où ils reposent dans la cathédrale Saint-Apollinaire.
Autant d’endroits à découvrir à la faveur des derniers jours d’été ?
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