Déclaré vénérable par la Congrégation pour la cause des saints, le père Eusebio Francesco Chini, ou Eusebio Kino (1645 – 1711), a eu une vie digne des plus grands romans d’aventure. Prêtre jésuite, missionnaire, explorateur et cartographe italien, il est parti annoncer le Christ en Basse-Californie (Mexique).
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Cosari Village, Nouvelle-Espagne. C’est le 13 mars 1687 qu’un missionnaire débarque sur ces terres qui changeront à jamais son histoire. Nous sommes à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, entre les États de Basse-Californie et d’Arizona, qui étaient à l’époque des colonies espagnoles, et la région aride de Sonora au Mexique. Son nom : Eusebio Francesco Chini, également appelé Eusebio Kino. Sa mission : évangéliser les Indiens qui vivent là, c’est-à-dire les tribus du peuple Pima. Une mission qu’il a réussi à accomplir à force de patience, de douceur et de curiosité, pénétrant ainsi le cœur des Indiens tout en se faisant médiateur entre eux et les Espagnols conquérants.
Le père Eusebio Kino est à l’origine d’une nouvelle approche d’évangélisation, centrée sur le développement économique agricole des régions stériles de Basse Californie. Il demande et obtient la permission de travailler dans la région de Sonora et à partir de là, pénétrer en Basse Californie. Prenant comme base de départ la mission de Notre-Dame des Douleurs, Eusebio Francesco Chini sillonner la région durant 24 ans (1687-1711) écrivant une des plus belles pages des annales de l’évangélisation et du développement rural de l’Amérique hispanique. À chacun de ses déplacements, il transporte avec lui du bétail, des semences et des plantations pouvant améliorer le quotidien des populations locales.
Une diplomatie habile et subtile
N’hésitant pas à prodiguer conseils et à se faire attentif aux besoins des populations qu’il rencontre, il ouvre des écoles, construit des chapelles et encourage ses compagnons missionnaires à agir de même. Au total, il organise quelque quarante expéditions de reconnaissance pour se familiariser avec des tribus qui lui sont inconnues, et étend ainsi le rayon d’action missionnaire de plusieurs centaines de kilomètres vers le nord et l’ouest, ouvrant de nombreux postes dans les villes et villages de l’Arizona et la région de Sonora.
Les Indiens, très méfiants, se sont ainsi progressivement ouverts à Kino. Petit à petit, le discours de Kino sur “son” Seigneur leur est devenu de moins en moins hostile. Voici ce qu’il a dit à Bear, le fils du chef Pima de Cosari :
Je ne veux forcer personne à accepter la Bonne Nouvelle que j’apporte avec moi, Ours combattant, surtout pas vous contraindre, vos enfants ou votre famille. Mon Seigneur, celui qui a guidé mes pas vers Akimel O’odham, le Peuple du Fleuve, c’est-à-dire la tribu de ton père, veut que tu sois d’abord heureux et paisible … Si tu veux aussi entrer dans le royaume du Salut, si vous acceptez de faire partie de la grande famille catholique, je serai le premier à vous réjouir avec vous tous !
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La diplomatie habile et subtile et la foi profonde ont fait que le missionnaire a été accepté au sein de la tribu comme “l’un d’eux”, capable de faire embrasser la foi sans rien demander en retour. Homme de foi, il a également été un homme de médiation pour la paix, passionné d’agriculture et de géographie. Pour lui rendre hommage, une statue de lui a été installée au Panthéon des États-Unis le désignant comme le deuxième fondateur de l’État de l’Arizona. De nombreuses statues de lui ont été installée à Tucson et Phoenix, en Arizona, ainsi qu’à Hermosillo, au Mexique.
Décédé en mars 1711 alors qu’il célèbre la messe de consécration de la nouvelle chapelle de la mission de Santa Maria Magdalena à Sonora, (Mexico), il a marqué l’histoire de la région. En 1965, une statue d’Eusebio Kino est placée dans le Hall national des statues du Capitole de Washington, comme une des deux personnalités éminentes représentant l’état d’Arizona.