Les fouilles archéologiques de Tel Arad, au nord des terres semi-désertiques du Néguev, ont révélé un site d’importance à moins d’une dizaine de kilomètres de l’actuelle ville d’Arad. Ces lieux témoignent encore de nos jours de l’extraordinaire richesse de l’ancienne cité biblique cananéenne. Mais, si Tel Arad fut un carrefour commercial prospère, notamment pour le cuivre, elle fut également et surtout un important sanctuaire israélite de ces temps bibliques.Le site de Tel Arad a été occupé dès les temps les plus anciens, dès l’âge du bronze, faisant de cet endroit un carrefour où de nombreuses sociétés anciennes se sont succédé. Cette concentration s’explique par la situation de ce lieu qui offrait un site idéal pour assurer une position défensive efficace. À l’origine, la ville d’origine cananéenne se situait précisément sur la seule partie basse en forme de fer à cheval. Sur une dizaine d’hectares, un haut mur de 2 à 2,5 mètres sur 1.200 mètres de long avait été bâti venant protéger un espace clos auquel sera ajoutée ultérieurement une puissante forteresse dont il est possible encore de nos jours d’apprécier la qualité de construction. Une réserve d’eau, des tours de guet et des bâtiments publics virent également compléter cet extraordinaire dispositif profitant d’un lieu naturel propice alimenté, qui plus est, par ses eaux de ruissellement, des eaux rares et bien venues dans cette zone avant tout désertique.
Un carrefour commercial prospère
Dans ces temps bibliques les plus anciens, Arad fut donc par sa situation géographique privilégiée un haut lieu de commerce et d’échange extrêmement prospère. Son marché attirait de loin les négociants qui proposaient toute sorte de biens, des biens issus non seulement de l’agriculture (blé, orge et haricots), mais aussi de la culture des oliviers ou de l’élevage (chèvres, moutons et bovins). Arad fut également connue pour des matières plus rares et précieuses comme le sel et le bitume, ce dernier servant à calfeutrer notamment les citernes. Mais Arad fut surtout réputée pour son important négoce du cuivre issu des mines royales du sud du Sinaï.
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Cette importante activité commerciale fut d’autant plus prospère qu’Arad se situait au carrefour de deux grandes routes commerciales : celles au sud, allant des collines de Judée au Néguev, et l’autre, à l’ouest, venant de la mer Morte à la côte sud. Il a été retrouvé sur le site archéologique de nombreuses poteries et céramiques provenant d’Égypte, signe des importants échanges avec des sociétés éloignées pour cette époque ancienne.
Un lieu convoité
Par son extraordinaire prospérité, Arad ne pouvait que susciter la convoitise, notamment celle des Hébreux. C’est donc cette cité – parmi une longue liste dressée par le Livre de Josué – que combattirent les Israélites sous la direction de Josué lui-même lors de la conquête du pays au-delà du Jourdain (Jos 12, 14). Avec les rois d’Israël et de Juda, des citadelles furent édifiées sur les hauteurs d’Arad afin de mieux protéger encore les routes commerciales contre toute attaque. L’une d’entre elles notamment fut édifiée par le roi Salomon avec une garnison, des magasins et même un temple, faisant ainsi de la cité d’Arad un haut lieu religieux…
Un sanctuaire religieux
Arad n’a pas été, en effet, qu’une cité civile économiquement prospère. La ville comportait également une enceinte sacrée avec, à l’époque des Cananéens, deux temples consacrés aux dieux païens de la ville. Dans l’un d’eux, une stèle dressée en pierre taillée a même été retrouvée, demeurée en sa position verticale, symbole probable d’un dieu dans le temple. À l’extérieur, un autel de pierre et un bassin servant aux ablutions complétaient ce sanctuaire avant l’arrivée des Israélites. La citadelle édifiée par Salomon enfin comportait trois pièces orientées est-ouest conduisant au saint-des-saints, lieu le plus sacré où était dressée une stèle de pierre peinte en rouge, ainsi que de forts nombreux autels de pierre.
Ce temple d’Arad se révèle d’autant plus important dans l’histoire biblique qu’il fut le seul temple israélite connu à l’extérieur de Jérusalem. Une centaine de tessons de poterie nommés ostraca ont été retrouvés sur ce site et ont offert un témoignage unique sur le quotidien de ce sanctuaire et de la ville d’Arad lors des dernières décennies du royaume de Juda. Ce sanctuaire disparaîtra cependant, à cette même époque du royaume de Juda, lors de la réforme menée par les rois Ezéchias et Josias qui centraliseront le culte désormais à Jérusalem, symbole unifié de la foi des Hébreux.
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