Après Snapchat et Instagram, c’est sur TikTok qu’il faut être ! Un jeune prêtre du diocèse de Langres (Haute Marne) y publie depuis trois mois des vidéos qui “cartonnent” touchant ainsi un public jeune et nombreux, souvent éloigné de l’Église mais pas des réseaux sociaux.Avec ses 800 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 6,4 millions en France, l’application TikTok est devenue incontournable chez les adolescents. Elle permet de partager de courtes vidéos de danse, des sketchs humoristiques ou autres chorégraphies en playback sur les derniers tubes du moment. Des petits clips parfois plein d’inventivité, qui peuvent vite devenir viraux à condition de maîtriser les bons codes et d’être conscient des limites…
Le père Vincent Cardot, 30 ans, est prêtre depuis 2018 pour le diocèse de Langres (Haute Marne), 180.000 habitants, une vingtaine de prêtres et quatre séminaristes. Il est vicaire de la paroisse de Nogent et responsable du Pôle Jeunesse dans le diocèse. Déjà connecté depuis son adolescence chez “l’ancêtre” Facebook, c’est au contact de jeunes de son diocèse qu’il découvre dans un premier temps les applications Snapchat et Instagram. “Les jeunes rigolaient avec mes événements Facebook, plus personne n’y va, me disaient-ils ! Faut être sur Snap !” Qu’à cela ne tienne, avec une petite dizaine de jeunes, il forme une équipe et ils se répartissent les rôles, avec l’idée de diffuser chaque jour une parole, une vidéo ou une image inspirante, sous le pseudo Jésus Christ de Capharnaüm. Par les partages et autres “like”, il découvre finalement la fameuse application TikTok. Arrive alors le confinement, le père Vincent a un peu plus de temps pour se pencher sur ce nouveau mode de communication et réfléchir comment en maîtriser les codes pour partager l’idée qui guide sa vie : “faire connaître Jésus !”
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Arriver sur TikTok, c’est l’assurance de toucher un public jeune, encore faut-il savoir comment, tout en restant bien conscient des travers ! “Déjà, c’est un monde qui doit être incarné, on doit se montrer, ensuite il faut poster souvent, de manière courte et dynamique. Répondre à une question, faire un prêche, oui mais en une minute max. Et puis il faut aussi suivre les tendances, la musique à la mode sur laquelle tout le monde va proposer sa chorégraphie, tout en sachant l’adapter au message que l’on souhaite faire passer…. ». C’est ainsi que le père Vincent commence à se faire remarquer, d’abord avec ses vidéos sur les Rameaux et Pâques, puis celle (ci-dessus) où il se présente en tant que “prêtre, 30 ans, célibataire, heureux”, sur la musique du moment (Personal de HRVY) et qui a été visionné près de 300.000 fois ! “Nombreux sont les utilisateurs à avoir proposé leur propre version sur cet extrait, j’ai donc proposé la mienne !”
Plus de vues, plus de partage, plus de contenu, tout est lié… et depuis trois mois, le curé de TikTok commence à se faire une place dans les “tendances du moment”. “Tout l’art est de trouver le bon équilibre, l’idée n’est évidemment pas d’être connu ou vu pour le “buzz”, mais bel et bien de partager ma foi et de faire connaitre Jésus”. Et on dirait que ça marche, sous les vidéos, des milliers de commentaires, du plus court “Amen” ou “Alléluia”, aux témoignages plus personnels de personnes “athées” ou même “païennes” qui se disent touchées et remercie le prêtre pour ses “catéchèses”. Il y a aussi les inévitables raccourcis acerbes, notamment sur la pédophilie, que le père Vincent n’ignore pas, y consacrant même une vidéo dédiée, pour remettre les pendules à l’heure. “Par TikTok, je touche un autre public, je peux passer un message et même proposer une alternative à ceux qui se posent des questions et chercheront ailleurs s’ils ne rencontrent jamais de prêtre ou de témoins du Christ.”
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Expérience unique
Et de l’écran à la vraie vie, en trois mois de présence, il se passe déjà de belles choses. Comme cette trentenaire qui reconnait sur TikTok, non pas le jeune prêtre, mais l’église derrière lui, où elle allait petite avec ses parents et qui se dit qu’il est peut être temps d’y retourner et d’y faire baptiser ses deux filles de 6 et 10 ans ! Ou cette étudiante qui prend la défense du curé suite à un commentaire moqueur et se met à son tour à témoigner et à évangéliser.
Un nouvel outil d’évangélisation au plus près des jeunes, après tout, quoi de plus normal pour un jeune prêtre ? Pour le moment, l’expérience est assez unique en France, le curé de TikTok n’y connait pas d’acolyte mais au moins deux prêtres canadiens avec lesquels il a déjà partagé une chorégraphie commune. De Nogent, en Haute Marne, à l’Amérique, c’est certain, l’Église est bel et bien universelle, et en phase avec son époque !
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