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Celestina Agostino : “Le jour de son mariage, on n’est pas à la mode, on est soi”

CELESTINA AGOSTINO
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Marzena Devoud - publié le 05/06/20 - mis à jour le 24/06/21
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Référence dans le monde entier, Celestina Agostino imagine des robes de mariée sur-mesure depuis plus de vingt sept ans. Connue pour ses intuitions artistiques, la créatrice qui signe les robes des célébrités comme du gotha a le don de comprendre instantanément la future mariée qui se présente à elle. Sa marque de fabrique ? L’élégance de la couture, le raffinement et l’intemporalité. Rencontre.

Référence dans le monde entier, Celestina Agostino imagine des robes de mariée sur-mesure depuis plus de vingt sept ans. Connue pour ses intuitions artistiques, la créatrice qui signe les robes des célébrités comme du gotha a le don de comprendre instantanément la future mariée qui se présente à elle. Sa marque de fabrique ? L’élégance de la couture, le raffinement et l’intemporalité. Rencontre.

C’est dans son showroom au cœur du 6e arrondissement de Paris, rue de l’Abbé Grégoire, que Celestina Agostino, Italienne par ses origines et la plus parisienne des stylistes crée les robes de mariées. Virtuose du sur-mesure, elle travaille les matières, rassemble et superpose les dentelles, les broderies, les mousselines, les soies… afin de façonner à chaque future mariée une pièce unique, sculptée sur le corps, sans aucune couture apparente avec plusieurs mètres de tissu choisis dans la teinte de blanc qui lui correspond à merveille selon la carnation et la couleur des cheveux. Un exercice subtil qu’elle réalise avec son atelier de plusieurs personnes, à la façon des maisons de couture d’antan. 

“Le mariage marque l’engagement d’une vie, remarque Celestina Agostino qui parle ouvertement de cette foi qui l’accompagne à chaque création de robe de mariée. Conseils et confidences. 

Aleteia : Vous dites souvent que la robe de mariée est un vêtement biblique. Pourquoi ?
Celestina Agostino : Elle symbolise un moment crucial dans la vie d’une femme, celui du passage d’un état à l’autre. Comme le vêtement de baptême et celui de la première communion, la robe de mariée incarne quelque chose de sacré : la pureté et l’engagement à la fois. Mon métier, c’est de créer le vêtement que la mariée mettra juste une fois, parce qu’on se marie à l’église une seule fois. Ce n’est pas le vêtement d’un caprice, c’est un vêtement pour toute une vie. Créer une robe de mariée n’est pas la même chose que créer une robe de soirée. Alors que le savoir-faire reste le même.

C’est pour cette raison que vous avez choisi d’être créatrice de robes de mariée ?
Oui, dès que j’ai cousu ma première robe de mariée pour une amie, j’ai compris que ce vêtement ne permet pas l’erreur. On n’a pas une deuxième chance, on ne peut pas le rater. Et cette exigence absolue m’a tout de suite plu. Donner le meilleur de moi-même, travailler la couleur du blanc qui ne pardonne rien, contribuer à la cérémonie du mariage, c’était la voie pour moi. Je savais que la robe de mariée allait me porter vers le haut. 

Vous dites créer la robe d’un visage. C’est une vision très personnelle de la couture sur-mesure…
Pour moi, le métier du sur-mesure est comme le métier du sculpteur. Je peux faire tout ce que je veux avec le corps : je le sculpte. C’est même magique. Je peux maigrir ou grossir une poitrine, allonger une taille, diminuer les hanches, arrondir les épaules… En fait, c’est comme du moulage. On peut presque tout faire. En revanche, je ne changerai jamais le visage de la future mariée.

À travers ses expressions, le visage de la future mariée raconte une histoire. Ma mission est de créer la robe de ce visage qui exprime ce que la jeune femme dégage.

Celui qui, à travers ses expressions, raconte une histoire. La robe que je crée doit lui correspondre. Ma mission est alors de créer la robe de ce visage, qui exprime ce que la jeune femme dégage. Et le visage ne trompe pas ! Le regard, le sourire, le port de tête, le mouvement, la façon de parler. Ce sont autant de signes que je peux déchiffrer pour esquisser ensuite la robe.

WEDDING DRESS OF CELESTINA AGOSTINO

©Christophe W.SIEBERT | Christophe W.SIEBERT

Comment se passe le premier essayage ? Quelles questions posez-vous à la future mariée ?
Je ne pars pas d’une robe, mon point de départ c’est la mariée. Mon fil conducteur c’est ce que la future mariée me raconte. Et c’est à la fin de son récit que l’idée de la robe prend forme. Mais pour que ce petit miracle arrive, il faut que je connaisse tout de sa vision du jour J. Je lui demande par exemple d’associer un mot à son futur mariage. Il y en a qui me répondent « amour », d’autres « sacrement », d’autres encore « fête » ou « bonheur ». Tous les détails sont importants, quant au type de cérémonie, au lieu ou au style prévus. La robe plutôt esprit 1900, années 50 ou moderne et épurée ? Quelle messe ? Solennelle dans une abbatiale ou intime dans une petite chapelle ? Un mariage en ville ou à la campagne ? Un dîner classique ou champêtre ? En fonction de son récit, se crée alors un style que je vais ensuite décliner selon ma créativité et mon savoir-faire. Après ce premier entretien-confidence avec la future mariée suivent une dizaine d’heures d’essayages avant que nous arrivions à la robe finale. Quand on fait une robe de mariée c’est le cœur de la future mariée qui doit parler.

Le jour de son mariage, on n’est pas à la mode, on est soi.

Quel est le conseil que vous donneriez à celle qui doit choisir sa robe de mariée ?
Quand elle est devant la glace en train d’essayer une robe, la vraie question qu’elle doit se poser est : cette robe est-elle en accord avec moi ? Car, il ne faut surtout pas être déguisée. Une bonne piste ? Qu’elle imagine la robe en question dans trente ans. Est-ce toujours la robe qui lui correspond ? Il faut garder à l’esprit que la robe de mariée doit être intemporelle, on doit pouvoir la ressortir trente ans plus tard sans la juger démodée. Le jour de son mariage, on n’est pas à la mode, on est soi.

L’erreur est de se laisser influencer par une tendance du moment ?
Regardez la robe de mariée de Grace Kelly, elle est hors tendance. Pour ma part, je travaille avec mes archives depuis vingt-sept ans, j’ai crée près de 7.000 robes. Je peux très bien reprendre une idée d’il y a vingt ans et la repenser, si je sens qu’elle correspond parfaitement à la future mariée. 

Mousseline, dentelle, soie, organza… Avez-vous des matières de prédilection pour réaliser vos robes ?
Non pas du tout. Je vais détester de la dentelle sur une future mariée et l’adorer pour une autre. Après, j’estime qu’on ne fait pas de jolies robes dans une matière qui n’est pas noble. J’ai beau avoir des idées créatives, si la matière n’est pas noble, la robe ne sera jamais belle.

WEDDING DRESS OF CELESTINA AGOSTINO

©Christophe W.SIEBERT | Christophe W.SIEBERT

Quelle est la faute de goût à ne jamais commettre ?
La vulgarité. Le côté sexy est à oublier. Bien sûr, on peut être féminine, charmante, mais jamais sexy – une faute de goût catastrophique ! D’ailleurs, je ne comprends pas les marques qui proposent des robes moulantes avec des décolletés vertigineux. C’est ne pas comprendre la signification même de la robe de mariée et le sens de la cérémonie du mariage.

À chaque étape de la réalisation d’une robe, j’ai besoin d’être connectée à Dieu. Il y a quelque chose de l’ordre de la méditation spirituelle lors de la réalisation d’une robe de mariée. C’est aussi un échange de cœur à cœur.

Vous parlez ouvertement de votre foi, transmise par votre grand-mère…
Je viens d’une famille d’immigrés italiens. Je suis née en France, mais je passais toutes mes vacances en Italie. Chaque été, on repartait pendant deux mois et demi « dans le pays »… Petite fille, j’attendais toute l’année les retrouvailles avec ma grand-mère. Sa maison qui se trouve à Reggio, en Calabre, est collée à l’église Saint-Roch, le saint patron des artisans et des artistes. Cette église m’a beaucoup marqué. Ma grand-mère y allait prier tous les jours à 17h. Quand j’étais chez elle, je partais prier avec elle. C’est comme ça qu’elle m’a transmise la foi. Je garde toujours dans mon sac son chapelet…

WEDDING DRESS OF CELESTINA AGOSTINO

©Christophe W.SIEBERT | Christophe W.SIEBERT

Priez-vous en réalisant vos robes ?
Je prie tout le temps. À chaque étape de la réalisation d’une robe, j’ai besoin d’être connectée à Dieu. Parfois pendant les essayages, j’échange avec une future mariée sur la messe de son mariage, le choix des lectures, les chants, le prêtre va donner le sacrement. C’est important pour moi de vivre avec elle les préparatifs. Il y a quelque chose de l’ordre de la méditation spirituelle lors de la réalisation d’une robe de mariée. C’est aussi un échange de cœur à cœur. 

Le dernier Vendredi saint, vous avez posté sur votre compte Instagram la prière des scouts de l’abbé Joly « Seigneur, je voudrais être de ceux qui risquent leur vie, qui donnent leur vie ». Cette prière est importante pour vous ?
Elle me rappelle qu’on avance pas dans la vie sans risque. Elle m’aide à ne pas avoir peur. Je la récite souvent, parce qu’elle me parle. En tant qu’entrepreneuse je suis constamment confrontée aux prises de risque. Ce n’est pas facile de faire de la haute couture à l’ancienne en plus en choisissant les robes de mariées. Je m’approprie cette prière complètement. Elle me donne des forces chaque jour.

 

https://www.instagram.com/p/B-zDWHbDxmh/

Découvrez les magnifiques robes de mariée de Celestina Agostino : 

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