Le pape François a autorisé le 27 mai 2020 la promulgation par la Congrégation pour la cause des Saints d’un décret reconnaissant un second miracle attribué à César de Bus, ouvrant ainsi la voie à sa prochaine canonisation. Peu connue aujourd’hui, “l’œuvre de César de Bus suscite toujours, après trois siècles, notre admiration”, disait le saint pape Paul VI lors de sa béatification en 1975. Elle est, selon lui, à l’origine même de la vision évangélisatrice contemporaine.
Né en 1544 alors que l’Europe est troublée par le succès que remporte la Réforme luthérienne, César de Bus appartient à une famille d’aristocrates d’origine italienne, résidant à Cavaillon-en-Provence. À dix-sept ans, il s’engage au service du roi de France, Charles IX, pour combattre les Huguenots, dans une série de conflits meurtriers et sauvages qui le marquèrent beaucoup. S’il lutte pour sa foi, il vit en même temps une période très éloignée de celle-ci, et quand il est enfin démobilisé en 1573 après la paix de La Rochelle, il traverse un vrai moment de crise pendant lequel il cherche un horizon plus stable à son existence que le train de guerroiement féroce poursuivi jusqu’alors.
Le choix de l’évangélisation
De retour à Cavaillon, il fait la rencontre de pieuses personnalités, qui font sur lui forte impression. Après un passage à la cour d’Henri IV, il prend en dégoût la politique et les fastes superficiels de la vie courtisane. César de Bus se décide alors d’abandonner sa vie mondaine et de se consacrer aux pieuses études, afin de se préparer au sacerdoce. Pour lui, il s’agissait de mener un combat victorieux sur le terrain spirituel là où il pensait avoir échoué sur le plan temporel. Il s’astreint donc à une vie de pénitences, s’offrant tout entier à Dieu et menant une existence ascétique.
“César fit le constat que l’Église n’avait pas réussi en France à expliquer et enseigner les bases mêmes de son dogme, et il y voyait la raison principale de la progression des idées hérétiques en son siècle.”
Le grand combat de l’ancien guerrier fut alors celui de l’évangélisation, dans l’esprit de la Contre-Réforme. César fit le constat que l’Église n’avait pas réussi en France à expliquer et enseigner les bases mêmes de son dogme, et il y voyait la raison principale de la progression des idées hérétiques en son siècle. Il mit alors en place les premières formes de pastorale catéchétique, en fondant en premier lieu la Société des prêtres de la doctrine chrétienne, une congrégation qui se charge à la fois du ministère paroissial, du catéchisme ou de l’édition de textes catéchétiques pour encourager la diffusion de la Parole du Christ. Dès 1597, le pape Clément VIII approuve les statuts de cette organisation qui existe toujours aujourd’hui, comptant une centaine de membres.
César de Bus face à la peste
César de Bus avait déjà ce qui fait l’âme d’un missionnaire : une confiance courageuse dans le rôle qu’il doit jouer. Un exemple, qui entre en résonance avec l’actualité, montre de quel bois cet homme était fait. Dans les année 1580, la peste vint frapper Cavaillon, en plein Carême. Énergique, César de Bus s’empressa d’aller voir son évêque pour lui demander de lui permettre de continuer son service auprès des plus démunis. Ce dernier rechigna, parce qu’il ne voulait pas perdre un si bon prêtre. Mais devant l’ardeur du père de Bus, il accepta. Dès lors, César de Bus joua un rôle essentiel, assurant non seulement son office spirituel mais participant aussi à la solidarité matérielle si nécessaire en pareille période.
César de Bus passa son existence à œuvrer pour la diffusion de l’Évangile dans le sud de la France, installant ses frères prêtres à Brive et Toulouse. Il fit imprimer des petits catéchismes écrits pour être compréhensibles par tous. Il avait en lui cette fibre missionnaire qui lui fait dire que tout âme mérite un détour pour être prise dans les filets du Seigneur. Il s’est éteint en 1607, après avoir continué de prêcher et de confesser jusqu’à la fin de sa vie.
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