La Croix nous sauve parce qu’elle résume toute la vie du Christ et que son pardon y montre toute son étendue. Elle nous révèle aussi l’humanité de Jésus et en quoi l’humanité contribue elle aussi à son propre salut.
Dieu aurait pu nous sauver de multiples manières. Certains événements de la vie du Christ contenaient à eux seuls suffisamment de grâces pour nous gagner la Vie éternelle. Pourtant, le Dieu trinitaire a décidé que ce serait par la Croix de Jésus que le monde reviendrait au Père. Pourquoi ?
Toute l’existence de Jésus est une parabole retraçant le retour de l’humanité à Dieu. Homme parfait, le fils de Marie est celui qui aime son Père et les hommes parfaitement. Or, la Croix résume tout son parcours terrestre. Là, sur le Calvaire, il porte à la perfection, en les mettant en pratique, les maximes de Béatitudes, charte du Royaume.
Douceur, humilité, pauvreté spirituelle, paix, pardon : sur la Croix, le Christ ne fait plus qu’un avec ce qui fait la substance du Règne de Dieu sur les cœurs. Pardonnant à ses bourreaux, dénué de tout geste de condamnation envers les hommes, tourné filialement vers Dieu, Jésus représente sur le Calvaire l’homme tel que le Créateur l’a toujours voulu.
Événement extrême
La Croix nous sauve parce qu’en tant qu’événement extrême, elle porte à incandescence la charité du Christ, tête du Corps mystique, l’Église. Les mérites de Jésus, qui se sacrifie pour ses frères, rejaillissent sur nous tous. La Croix, supplice affreux, est l’illustration du don de soi total du Christ en faveur des hommes et de Dieu. En effet, Jésus ne s’est pas sacrifié uniquement pour nous, mais aussi pour Dieu. Son zèle pour faire aimer la justice et la miséricorde de son Père l’a mené jusqu’au calvaire.
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De plus, la Croix démontre que Dieu ne dédaigne pas les marques coûteuses d’amour que les hommes Lui offrent. Dieu n’est pas paternaliste. Il désire que l’homme mette du sien dans le salut. Voilà pourquoi la Croix nous sauve : l’homme, en Jésus, a contribué pour sa part à son salut — contribution d’autant plus précieuse qu’elle émane d’un condamné à mort. La Croix nous révèle simultanément la grandeur de Dieu et celle de l’homme. Seul un événement extrême comme la Croix était à même de réaliser pareille révélation : Dieu nous aime jusqu’à donner son Fils, et l’homme aime Dieu jusqu’à mourir pour Sa justice et Sa miséricorde. Enfin, signalons que c’est l’amour du Christ qui nous sauve, non sa souffrance. Sans amour, la souffrance ne fait que rajouter au malheur du monde et ne possède aucune valeur salvatrice.
La Croix nous révèle la vraie nature du péché
Ce sont tous les hommes, de tous les temps et de tous les pays, qui ont crucifié Jésus, l’Envoyé du Père, Son propre Fils. Aussi la Croix est-elle la révélation de l’effet du péché : la mort de Dieu en nous. Ce Dieu que les hommes crucifient dans la réalité extérieure sur le Golgotha, c’est Lui que le péché met à mort dans nos âmes. Le drame du Calvaire porte au jour les conséquences du mal : celui-ci est à la fois homicide et déicide.
Dieu a choisi la Croix pour nous sauver, parmi tous les événements de la vie du Christ, parce qu’Il désirait nous révéler l’aspect dramatique du salut et l’importance de ses enjeux. Le péché n’est seulement une affaire de petites transgressions sans conséquences, mais une question de vie ou de mort. La Croix, en soulignant que rien n’est plus important que l’amour de Dieu et des hommes, constitue le Signe par excellence de notre foi.
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