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La conception virginale de Jésus et la virginité perpétuelle de Marie ont poussé certains croyants à penser que saint Joseph n'avait été ni un père ni un époux comme les autres. Parce qu'il ne fut pas le père biologique de Jésus et qu'il ne s’unit jamais charnellement avec sa femme, ces personnes estiment que sa paternité et son statut d'époux souffrent tous les deux de déficience. Rien n'est plus faux.
Un époux
Saint Joseph est l'authentique époux de Marie. Dieu Lui-même les unit en interpellant de la sorte le descendant de David par Son ange : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20). Leur mariage a été voulu par Dieu. Il serait étrange que leur lien marital soit de moindre valeur que ceux qui lient tous les autres époux du monde ! Joseph a été pour Marie un authentique mari : il a partagé avec elle les hauts et les bas de l'existence — que l’on pense par exemple à la fuite en Égypte. De son côté, la Vierge a été pour lui « une aide qui lui est assortie » selon les termes du livre de la Genèse (Gn 2, 18). Joseph et Marie se sont aimés. Leur couple peut être cité en exemple. Leur amour conjugal a été porté par l’agapè à un tel degré de perfection que Jésus s’en souviendra (lui qui en fut le premier témoin !) quand il proclamera l’indissolubilité du mariage (Mc 10, 9). Paul VI déclarera que « l’amour de Joseph et de Marie est le sommet d’où la sainteté se répand sur toute la terre » (Allocution aux Équipes Notre-Dame, 4 mai 1970). Le couple d’Adam et Ève fut le chef-d’œuvre de la première création, celui de Joseph et de Marie le fut de la nouvelle création.
Un père
Certes, Joseph n'est pas le père biologique de Jésus. Cela n’a pas été un obstacle à l’exercice de sa part de la fonction paternelle dans toute son étendue. Jean Paul II affirme dans l'exhortation apostolique Redemptoris custos du 15 août 1989 : « Joseph avait la haute tâche d'élever, c'est-à-dire de nourrir Jésus, de le vêtir et de lui apprendre la loi et un métier, conformément aux devoirs qui reviennent à un père » (n. 16). Ainsi, Joseph a appris la Loi à l’auteur de celle-ci !
Gloire encore plus grande de l’époux de Marie : Jésus a appris à dire « Abba » (« papa ») en le regardant. Or, il appellera ainsi son Père céleste, avec raison puisque Dieu est davantage son père que Joseph. Cependant cette précellence de Dieu n'enlève rien à la grandeur de l'époux de la Vierge : les traits spirituels de Joseph devaient refléter quelque chose de Dieu pour que Jésus l'ait nommé du même terme qu'il nommera son Père céleste ! « D’où vient à Joseph cette hardiesse de commander à son Créateur ? C’est que le vrai Père de Jésus-Christ, ce Dieu qui l’engendre dans l’éternité, ayant choisi le divin Joseph pour servir de père au milieu des temps à son Fils unique, a fait en quelque sorte couler en son sein quelque rayon ou quelque étincelle de cet amour infini qu’il a pour son Fils » (Bossuet). Après cela, qui pourrait encore douter de l’authenticité de la paternité de Joseph ? On ne peut au contraire que la proposer en exemple.
Un contemplatif actif
L'Écriture ne rapporte aucune parole de saint Joseph. Elle ne fait mention que de ses actes. Il y a un mystère. Et si Joseph était en définitive un contemplatif ? Cela expliquerait le prestige dont il a toujours joui dans l'ordre du Carmel. Un contemplatif très actif, à l'image de sainte Thérèse d'Avila. Très actif car très charitable. En lui se conjugue parfaitement les deux amours, qui n'en sont qu'un, l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Écoutons ce que dit toujours saint Jean-Paul II à ce sujet : « L'apparente tension entre la vie active et la vie contemplative est dépassée en lui de manière idéale, comme cela peut se faire en celui qui possède la perfection de la charité. […] Nous pouvons dire que Joseph a expérimenté aussi bien l'amour de la vérité, c'est-à-dire l’amour de contemplation de la Vérité divine qui rayonnait de l'humanité du Christ, que l'exigence de l'amour, c'est-à-dire l'amour, pour lui aussi, du service, requis par la protection et le développement de cette même humanité » (Redemptoris custos, 27). Un actif contemplatif : avec saint Joseph, ce n’est pas là un oxymore ! L’époux de la Vierge représente plutôt un maître à prier pour unifier nos vies.
En cette terrible crise épidémique, n’hésitons pas non plus à demander l’aide de celui qui fut le gardien de la Sainte Famille !