L’archevêque de Winnipeg et président de l’épiscopat canadien, Mgr Richard Gagnon, a adressé une lettre au Premier ministre Justin Trudeau le 31 janvier 2020, exprimant la “très grave inquiétude” des évêques concernant les changements proposés à la législation actuelle sur “l’aide médicale à mourir”, qui s’ouvrirait aussi aux enfants ou aux personnes fragiles.“Nous affirmons et maintenons sans équivoque la croyance fondamentale dans le caractère sacré de toute vie humaine, une valeur que nous partageons avec plusieurs autres personnes dans notre pays, y compris celles de confessions différentes et celles sans croyance”. Ainsi commence la longue lettre des quelque 80 évêques du Canada, adressée au Premier ministre libéral Justin Trudeau, réélu suite aux législatives d’octobre 2019. “L’aide médicale à mourir reste purement et simplement l’euthanasie et le suicide assisté, c’est-à-dire l’enlèvement direct de la vie humaine ou la participation à son suicide, des gestes qui ne peuvent jamais être justifiés”, poursuivent très clairement les évêques qui demandent au gouvernement une large consultation.
Choquant et dérangeant
Cette démarche des évêques canadiens intervient en réaction à la tentative du gouvernement d’élargir l’euthanasie, dépénalisée en 2016, pour y inclure des demandes médicales anticipées, et des situations où la mort n’est pas raisonnablement prévisible. “De nouvelles tentatives pour la rendre accessible aux personnes mineures matures, aux malades mentaux ou aux personnes souffrant de troubles cognitifs prouvent que les sauvegardes actuelles sont inadéquates et peuvent être contestées juridiquement et renversées”, s’inquiète ainsi l’Église canadienne, qui considère que les expériences comme l’euthanasie pour dépression, celle des enfants et l’abus des personnes âgées sont “choquantes et dérangeantes”.
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Et les évêques de conclure : “Pour notre part, nous espérons promouvoir une société dans laquelle la vie humaine sera accueillie et traitée comme un don et soutenue devant la souffrance et la vulnérabilité physique, affective et spirituelle”. “La présence aimante de la famille, le soutien de la communauté, des soins de santé efficaces et accessibles, le soutien social et l’amélioration des soins aux patients et patientes fondée sur la recherche influencent également le choix d’une personne pour la vie”, constatent-ils également. En 2019, 1.589 demandes d’aide médicale à mourir ont été déposées au Québec, un chiffre qui a plus que triplé par rapport à l’année 2016.