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Procès Barbarin : en appel le parquet requiert la relaxe

Cardinal Barbarin

Le cardinal Barbarin lors de son procès en appel, le 28 novembre 2019.

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Bérengère Dommaigné - publié le 29/11/19
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La deuxième journée du procès du cardinal Barbarin devant la Cour d’appel de Lyon a pris fin vendredi avec les plaidoiries du ministère public et de la défense. Le parquet requiert la relaxe du prélat ne voulant pas ajouter “de l’injustice à l’injustice”. La cour rendra son arrêt le 30 janvier 2020.

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L’ambiance était concentrée et technique dans la salle de la Cour d’appel de Lyon où s’est tenu pendant deux jours le procès du cardinal Barbarin. Celui-ci faisait appel de sa condamnation en première instance, le 7 mars dernier, à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions commises sur des scouts, avant 1991, par le père Bernard Preynat. En interjetant appel, le cardinal conteste cette conclusion, reconnaissant des erreurs mais pas un délit, et niant toute volonté de cacher “ces crimes odieux”, lui-même n’étant arrivé dans le diocèse de Lyon qu’en 2002.

Dans cette affaire, il y a avant tout des victimes. Les victimes du père Preynat qui, courageusement, inlassablement demandent justice et crient leurs douleurs et leurs souffrances. Par le biais de l’association la Parole libérée qui a fait un énorme travail de mise en lumière, ces victimes ont pu mettre à jour les drames subis par de nombreux scouts dans les années 1970 et 1980 du fait d’un prêtre, Bernard Preynat. En première instance comme lors de cet appel, c’est donc d’abord cette souffrance qui saute aux yeux ainsi qu’une certaine incompréhension. “Pourquoi donc n’est-ce pas Bernard Preynat qui est assis sur le banc des accusés ?” Cette question va enfin avoir sa réponse puisque le procès du père Preynat doit avoir lieu du 13 au 17 janvier prochain.


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Les témoignages bouleversants qui se succèdent à la barre suscitent peu de questions de la part des parties civiles comme de la défense pendant ces deux jours d’appel. “Si j’avais parlé à 10 ans, jamais on ne m’aurait cru”, témoignait au premier jour du procès l’un d’entre eux Christian Burdet. “Si le diocèse avait agit à l’époque, nous n’en serions pas là”. “Ma vie a changé le jour où j’ai enfin parlé, en janvier 2015, cela m’a libéré d’un fardeau que j’ai porté seul pendant quarante ans !”. Les neuf victimes qui témoignent les unes après les autres, laissent la salle glacée et silencieuse. Beaucoup pensaient être “le seul à subir cela” et disent pourtant connaître aujourd’hui d’autres victimes qui n’ont pas ou ne veulent pas encore parler au grand jour. Des vies brisées, le poids du silence et de la culpabilité qui sort enfin aujourd’hui dans un cri “qu’il faut entendre”, estime le ministère public dans son réquisitoire ce matin, en ce deuxième jour d’appel.

“La justice ne doit pas faire du symbolique”

“Il n’y a pas, de la part du ministère public, le moindre aveuglement ou la moindre distance en ce qui concerne la douleur des victimes”, a commencé l’avocat général Joël Sollier avant de requérir la relaxe du cardinal Barbarin. Pour lui une condamnation présente un risque juridique : “La justice ne doit pas faire du symbolique. Le système juridique ne peut être soumis à de telles torsions pour servir une cause, aussi juste soit-elle “. Et d’expliquer ces torsions. Si on rend le cardinal Barbarin coupable d’une non-dénonciation, cela signifierait que d’autres témoins directs ou indirects des agressions sexuelles du père Preynat à la fin des années 1980 pourraient en être également tenus responsables : l’Église, les parents et les proches des victimes, et les victimes elles-mêmes parce qu’elles n’auraient pas cherché à protéger d’autres victimes potentielles. “Qui veut souhaiter vouloir créer une telle chimère (…) aux conséquences dévastatrices ?”


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Autre question de droit incontournable pour l’avocat général, le caractère intentionnel de la non-dénonciation. Mgr Barbarin a-t-il eu conscience qu’il entravait la justice ? L’avocat général en doute, citant un mail du cardinal à Alexandre Hezez, suite à leur rencontre où celui-ci a confié les agressions subies. Dans ce mail, le cardinal lui suggère par écrit de porter plainte, bien qu’il pense que les faits soient prescrits. Peut-on “courir le risque d’ajouter de l’injustice à l’injustice” conclut l’avocat général rappelant qu’on ne peut demander à quelqu’un de dénoncer des faits prescrits alors que l’auteur de ces faits ne pourra être condamné puisque bénéficiant de cette même prescription ! “Qui peut souscrire à un tel système ? “, conclut le ministère public. La cour d’appel de Lyon doit rendre son arrêt le 30 janvier 2020.  À sa sortie, le cardinal a rapidement pris la parole : “Je m’en remets à la décision de la justice et je veux dire aux victimes que je ne pense qu’à elles”.

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