Il n’est pas toujours aisé de connaître précisément son cycle lorsque celui-ci est irrégulier, ou quand son mode de vie ne facilite pas vraiment les choses (horaires décalés, voyages, pic de stress…). Mais la connaissance de son cycle devient de plus en plus exacte et accessible grâce à de nouveaux outils sur le marché florissant de la fertilité féminine. Alors que de plus en plus de couples abandonnent les contraceptifs hormonaux, les nouvelles technologies se mettent au service d'une contraception naturelle fondée sur l'observation, et se targuent de fournir des informations, plus ou moins fiables selon les méthodes utilisées, pour identifier les périodes fertiles. Voici quelques outils parmi les innovations les plus récentes pour mieux connaître son corps et favoriser, ou éviter, la conception d’un enfant.
Prendre sa température basale
La température basale permet de déterminer le jour de l’ovulation. Avant l’ovulation, la température du corps varie entre 36,2 °C et 36,5 °C. Après l’ovulation, elle augmente d’au moins 0,5 °C. Prendre sa température au repos tous les matins à heure fixe, avec le thermomètre Cyclotest par exemple, fournit ainsi le moment propice pour concevoir un enfant. Mais dans la pratique, ce n’est pas évident, surtout en cas d’allaitement, de réveils irréguliers ou d’enfants à gérer dès le matin. Le brassard Tempdrop résout ces problèmes et simplifie le processus en lisant votre température toute la nuit et en envoyant les données directement sur votre téléphone.
Le bracelet Ava fonctionne de manière similaire, mais surveille en plus de la température, la fréquence cardiaque, la respiration, la qualité du sommeil et le niveau de stress. Une multitude de facteurs qui, compilés selon un algorithme sophistiqué, permet de déterminer quatre jours de période fertile. Il diffère en cela des tests de LH (hormone lutéinisante), qui ne détectent que le dernier jour de la période fertile, et de la méthode de la température seule, qui ne confirme l'ovulation qu'après coup. Selon les concepteurs, la fiabilité est de 89%.
Tests d'ovulation
L’ovulation est provoquée par l’hormone lutéinisante (LH) sécrétée en quantités élevées. Alors que pendant le cycle menstruel, seule une petite quantité de LH est produite, au milieu du cycle, la LH augmente brièvement et fortement, c'est le "pic de LH", qui précède immédiatement l’ovulation. Selon le fabriquant, les tests d’ovulation Clearblue sont précis à 99% et peuvent déterminer deux jours de fertilité. Plus précis, l'appareil Mira mesure également la LH, mais donne une lecture plus personnalisée car il se base sur le corps de chacune et non sur le seuil « normal ».
La progestérone est aussi importante à surveiller car son taux confirme ou pas l’ovulation, et peut donner des informations sur la phase lutéale. Proov est le premier test urinaire sous forme de bâtonnet pour détecter la progestérone.
Oova est censé mesurer à la fois l'hormone lutéinisante et la progestérone. Il synchronise ensuite ses données avec une application qui utilise un algorithme pour interpréter les résultats et prédire quand vous atteindrez le pic de fertilité.
Le dispositif de suivi Kegg est conçu pour déterminer si la glaire cervicale est fertile ou non. Le site Web explique que, « inséré quelques minutes dans votre vagin, il envoie de petites impulsions dans votre environnement vaginal. En fonction de la réponse, Kegg peut déterminer si la glaire cervicale est fertile ou non » et envoie automatiquement ces informations à une application de votre téléphone.
Efficacité et respect des données personnelles
La "femtech" (les technologies dédiées à la santé féminine) est un marché en pleine croissance, notamment sous l'impulsion des entreprises américaines promettant des solutions pour résoudre les problèmes d'infertilité. Le secteur a reçu près d'un milliard de dollars d'investissements aux États-Unis entre 2015 et 2018 et l'industrie devrait peser 50 milliards de dollars d'ici 2025, selon un rapport cité par ABC News. Et pourtant, l'efficacité de ces méthodes reste difficile à prouver. "La plupart des algorithmes effectuent une simple moyenne de courbes périodiques selon les données transmises, irrégulièrement, par les personnes inscrites, et font ensuite une extrapolation", prévient Louis-François Pau, professeur à la Business School de Copenhague et coauteur d'une étude sur le sujet.
Enfin, la question du respect des données personnelles laisse parfois à désirer. Les applications de suivi des règles détiennent des données très personnelles sur leurs utilisatrices. Or un rapport publié par Privacy International, le 9 septembre 2019, indique que plusieurs applis ont partagé des données avec Facebook, à des fins publicitaires. Vigilance donc, sur l'utilisation de ces outils high tech dans ce domaine. Rien ne remplace la connaissance de soi et de son corps, enseignée en France par diverses formations aux méthodes d’observation du cycle féminin (MOC) telles que la méthode Billings, la méthode sympto-thermique ou encore la méthode Fertility Care.