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Ils ont trouvé un très bon moyen de “faire du bien autour de soi”

La Cagnotte Des Proches

© François Moura

Les trois fondateurs de La Cagnotte Des Proches.

Domitille Farret d'Astiès - publié le 05/09/19

Depuis deux ans, La Cagnotte Des Proches collecte de l'argent en ligne afin de financer des projets de santé tournés vers les patients et leurs proches. Le but de cette plateforme de collecte ? Inciter à « faire du bien autour de soi ».

“En participant, le donateur se fait beaucoup de bien. Pour lui, c’est vraiment un moyen de montrer à ses proches qu’il est là et qu’on peut compter sur lui”, lance Anne-Sophie Roturier. En 2017, cette infirmière de profession a créé avec son mari Christophe Roturier et sa cousine Estelle Brusset La Cagnotte Des Proches, une plateforme de dons en ligne exclusivement dédiée aux patients et à leurs proches. Un projet social, innovant et familial pour cette bande de jeunes quadras qui fourmillent d’idées.

La genèse du projet remonte en 2006. Cette année-là, Anne-Sophie perd sa mère victime d’un cancer foudroyant. La jeune infirmière reçoit alors un véritable “coup de poignard”, ainsi qu’elle le formule elle-même. “J’ai réalisé que j’étais mortelle”, explique-t-elle. “J’ai eu soif de vivre et d’apprendre. J’ai pensé : “C’est maintenant qu’il faut agir””. En 2010, le couple et ses enfants s’envolent pour trois ans aux États-Unis, direction Washington et Boston. Lui travaille pour un éditeur de logiciel médical qui permet de suivre les personnes obèses et les diabétiques, ce qui lui permet de se confronter à des familles vivant des choses difficiles. C’est là qu’Anne-Sophie Roturier découvre les plateformes de collecte.

LA CAGNOTTE DES PROCHES
Capture d'écran

De retour dans l’Hexagone, forte de sa connaissance du monde médical, elle décide de se lancer dans cette nouvelle aventure. “La cagnotte est rentrée dans les mœurs. Nous souhaitons rassembler toutes celles qui sont spécialisées dans la santé. L’idée est de créer du lien entre les familles, les associations et le patient et d’aider celui-ci à rebondir après sa maladie”, avance-t-elle. En deux ans, quelque 250 cagnottes ont été créées (elles peuvent être publiques ou privées) et 400.000 euros ont pu être récoltés, avec un don moyen de 50 euros. Pour se développer, la start up mise essentiellement sur des partenariats avec les professionnels du parcours de soin, tels que les hôpitaux ou les distributeurs de matériel adapté, à charge pour elle de développer son réseau.

“Les restes à charge sont énormes”

“En France, même si on a l’impression d’avoir un super remboursement, les restes à charge sont énormes. Trop de malades tombent dans la précarité”, s’écrie la fondatrice. Si Leetchi et Le Pot commun sont très efficaces dans leur genre, il s’agit de plateformes plus généralistes. Le credo de La Cagnotte Des Proches est d’aider le plus faible en lui permettant de développer un lien avec ses proches. “La maladie isole énormément et la personne qui souffre a parfois l’impression d’être seule au monde”, poursuit-elle. “Ces cagnottes sont vraiment thérapeutiques”, note-t-elle, insistant sur le suivi du malade.




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Si une cagnotte sur deux soutient une personne souffrant d’un cancer, d’autres concernent des frais d’obsèques ou des besoins d’équipement médicalisé après un accident de la vie. L’argent récolté peut aussi bien financer une perruque (il faut compter entre 800 et 1.000 euros pour une prothèse capillaire de qualité) que des soins de support (séances de massage ou d’acupuncture, soutien-gorge spécial) ou un véhicule adapté. “Nous sommes au-delà du confort : c’est vital”, estime Anne-Sophie Roturier.

Un projet à visage humain

Valérie, 47 ans, l’expérimente précisément en ce moment. Mère de quatre enfants, dont le dernier est âgé de 13 ans, cette aide-soignante de Pontchâteau (Loire-Atlantique) s’est battue contre un cancer il y a quatre ans. Celui-ci ayant récidivé en janvier 2019, elle a dû arrêter son travail. Elle a lancé une cagnotte en mai dernier afin d’acheter des produits de soutien — qui sont coûteux —, comme des gants et des chaussons pour hydrater sa peau brûlée par la radiothérapie. “Je voulais mettre toutes les chances de mon côté”, explique-t-elle d’une voix assurée à Aleteia. Pour l’instant, elle a récolté 845 euros. Elle loue l’expérience des interlocuteurs qu’elle a rencontrés ainsi que la qualité de leurs échanges. “Nous sommes très bien aidés et conseillés, dans la formulation du texte par exemple”. Grâce à un premier contact avec Anne-Sophie Roturier qui a discuté avec elle sur les raisons de sa cagnotte, puis qui l’a conseillée, elle a ensuite pu lancer son projet.

Valérie et ses quatre enfants
© V.
Valérie et ses quatre enfants.

De son côté, Florence, 34 ans, est la mère de Martin, 5 ans, polyhandicapé. Grâce à sa cagnotte lancée au mois d’août, elle a récolté près de 4.400 euros en trois semaines à peine. Ceux-ci lui serviront à financer l’aménagement d’un véhicule pour son fils (le coût total est 14.000 euros). Cette Nîmoise qui travaille pour le Secours Populaire s’est lancée dans cette aventure à la demande de ses proches. “J’ai senti que c’était important pour eux de participer”, reconnaît-elle. “Avec un enfant handicapé, on a beaucoup de démarches à faire avec des attentes, des frustrations. Là, ce qui m’a agréablement surprise, c’est que j’ai été rappelée très rapidement. Ce n’est pas juste une démarche sur internet : il y a des personnes derrière qui sont impliquées et qui connaissent vraiment la situation. Je me suis sentie comprise. C’est autre chose que de remplir un dossier puis d’attendre dix mois avant de recevoir une réponse. Ici, ce n’est pas administratif, c’est humain”. La jeune maman a reçu des dons de la part de personnes qu’elle ne connaissait pas. “Au-delà de l’aspect financier, cela fait chaud au cœur”, confie-t-elle.

Une aide concrète

Anne-Sophie Roturier cite l’exemple d’un couple de Bordeaux qui a pu récolter 10.000 euros pour son petit garçon atteint d’une tumeur au cerveau. Les parents de l’enfant ont été contraints de passer trois mois à Paris pour des soins à l’hôpital Necker, assumant à la fois le coût d’un logement dans la capitale, les frais de baby-sitter pour le reste de la fratrie et les divers aller-retour Paris-Bordeaux. “La maladie, c’est un vrai gouffre”, poursuit-elle. Si les fleurs ou les chocolats font plaisir, ils n’aident pas toujours très concrètement, au contraire de la cagnotte. “Les proches ne savent pas toujours comment réagir. Avec la plateforme, en un clic, ils peuvent soutenir leur ami malade et ajouter un petit mot qui rebooste. Beaucoup apprécient cette façon de faire”. La proximité est d’ailleurs l’un des points forts de cet outil de collecte. “Nous entrons dans l’intimité des gens donc nous créons des liens très forts”, confie l’entrepreneuse. Elle a ainsi été émue par le message d’Emmanuelle, une femme de 38 ans mère de trois enfants atteinte d’un cancer métastatique, qui lui a écrit : “Je me suis sentie portée par toute la famille. Aujourd’hui, j’accepte de partir. Merci La Cagnotte Des Proches”.




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