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À Pâques ou à la Trinité. A l’évocation de cette expression, l’air enjoué de Malbrough s’en va-t-en guerre (Mironton mironton mirontaine…) vient tout de suite en tête ! Partie intégrante de notre patrimoine populaire, la célèbre comptine a été sur les lèvres d’un nombre incalculable de petits Français. Et pourtant, comme beaucoup de chansons traditionnelles, elle n’était à l’origine pas du tout destinée aux plus jeunes puisqu’elle a été écrite sur un champ de bataille.
Il faut remonter au début du XVIIIe siècle pour en trouver la source, alors que la guerre de succession d’Espagne oppose plusieurs puissances européennes dont la France et l’Angleterre. Le 11 septembre 1709, à la tête d’une coalition anglaise, hollandaise et autrichienne, Lord John Churchill, premier duc de Marlborough, écrase l’armée française lors de la bataille de Malplaquet. Les combats sont sanglants et la rumeur selon laquelle le duc de Marlborough aurait succombé à ses blessures se met à circuler.
Pour se remonter le moral, les Français, qui croient leur adversaire mort au combat, écrivent alors une chanson parodiant son décès et son enterrement. Dans le texte, Lord Marlborough est supposé rentrer chez lui à Pâques ou à la Trinité, mais, bien sûr, il ne revient pas (La Trinité se passe… Malbrough ne revient pas…). Si la chanson se passe en 1709, ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’elle se diffuse plus largement et devient populaire. Même Marie-Antoinette l’aurait apprise !
Un jour, peut-être ?
Le choix de Pâques et de la Trinité peut sembler a priori surprenant pour exprimer une date très lointaine ou incertaine. En effet, chaque année la détermination de la date de ces deux fêtes mobiles obéit à des calculs précis. Ainsi, on célèbre Pâques le dimanche qui suit la première pleine lune de printemps, et la sainte Trinité le dimanche après la Pentecôte, soit le huitième dimanche après Pâques.
Il faut remonter un peu plus dans le temps pour en trouver l’explication. En effet, si l’expression est devenue vraiment célèbre grâce à la comptine de Malbrough, elle existait déjà depuis le XIIIe siècle. À l’époque, il arrivait fréquemment que l’État emprunte de l’argent au peuple pour renflouer les caisses vides, les guerres et conflits, nombreux et interminables, représentant un véritable gouffre financier. Il s’engageait alors par ordonnance royale à rembourser les sommes dues à Pâques ou au plus tard, à la Trinité, l’année étant rythmée par le calendrier religieux.
Mais, mauvais payeur, l’État laissait fréquemment passer les échéances sans honorer ses dettes et les personnes qui avaient prêté de l’argent n’en voyaient jamais la couleur. C’est ainsi que l’expression "à Pâques ou à la Trinité" a fini par prendre le sens d’une date indéterminée, lointaine... Un jour peut-être ? Ou jamais !