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Colmar : des riverains veulent faire taire les cloches de la collégiale Saint-Martin

Collégiale Saint-Martin de Colmar.

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Caroline Becker - publié le 01/03/19
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Une quinzaine de Colmariens vient de porter plainte contre le curé doyen de la collégiale Saint-Martin parce que, estiment-ils, les cloches de la grande messe du dimanche matin font trop de bruit.Elles sonnent tous les dimanches matins depuis six siècles. Mais voilà, depuis quelques temps, des riverains ne l’entendent plus de cette oreille. Chaque dimanche, à 10h30, les cloches de la collégiale Saint-Martin sonnent à pleine volée durant quinze minutes pour annoncer la grande messe. Une tradition centenaire qui n’a jamais dérangé personne jusque-là. Contacté par Aleteia, le chanoine, chancelier de la collégiale, Bernard Xibaud, le confirme : “Nous n’avons jamais eu de plaintes de ce type auparavant”.

Un bruit intempestif ? Ce que dit la loi

L’avocat des plaignants, André Kornmann, a rapporté les propos de ses clients. Ces derniers seraient fatigués de ne pouvoir profiter d’une grasse-matinée après une dure semaine de travail. “C’est le seul jour dans la semaine où on peut se payer la grasse matinée et en permanence il y a les cloches de Saint-Martin qui font un boucan terrible”, auraient-ils déclarés à leur avocat.

Les voisins auront-ils la possibilité de faire taire les cloches de Saint-Martin pour toujours ? Cela paraît peu probable. En terre concordataire, les sonneries civiles sont régies par le maire tandis que les sonneries religieuses dépendent de l’archevêché et du préfet. Ceux qui les régissent doivent maintenir deux principes fondamentaux : maintenir l’ordre public mais aussi la liberté de culte. Ainsi, les sonneries civiles, notamment nocturnes, peuvent être arrêtées si elles dérangent les habitants mais les sonneries liturgiques ne peuvent pas être interdites sous peine d’entraver la liberté de culte.


Cloches Eglise
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“Il ne s’agit pas de la sonnerie de l’angélus à 6h du matin, ajoute Bernard Xibaud, mais d’une sonnerie déclenchée à une heure tout à fait décente. De plus, les riverains connaissaient l’existence de la collégiale et de ses cloches avant de s’installer. Ce n’est pas un bruit intempestif arrivé à leur insu”. En effet, dans beaucoup de villages, la sonnerie de l’angélus, là où elle est encore active, est parfois décalée d’une heure pour ne pas déranger le sommeil des riverains. Un accord à l’amiable semble donc être la meilleure issue possible. “Nous avons contacté un campanologue pour qu’il mesure le volume sonore, a souligné le chanoine. Nous pouvons discuter de la durée de la sonnerie ou renforcer l’abat-son mais l’archevêque n’a aucunement l’intention de faire cesser la sonnerie du dimanche matin”.

Quelle issue ?

Si les riverains ne trouvent pas d’accord à l’amiable, il peuvent, s’ils le souhaitent, porter l’affaire en justice. Mais ce sont ces cas extrêmement rares. Une information confirmée par Eric Sutter, Président-fondateur de la Société française de campanologie, qu’Aleteia avait interrogé, il y a quelques mois, dans le cadre d’un article sur la législation des cloches en France. “Les litiges, on en parle dans les médias, mais statistiquement ils correspondent à moins de 0,5% des litiges en France. Ceux qui sont passés devant les tribunaux, il y en peut-être une quinzaine ou une vingtaine depuis la Seconde Guerre mondiale ». Une goutte d’eau donc ! « Souvent, ceux qui ne veulent pas entendre les cloches, ce sont les néo-ruraux. Ils veulent le silence absolu parce qu’ils ont quitté la ville dans ce but. Mais généralement ils se mettent à dos l’ensemble de la population”, avait ajouté Eric Sutter.



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Que les Colmariens se rassurent, les cloches de la collégiale ne sont donc pas prêtes de se taire. “En France, les plaignants sont, en effet, généralement isolés et la majorité de la population souhaite le maintien des sonneries car habituée à les entendre et à se repérer grâce à elles”, avait précisé Eric Sutter. “Le dimanche matin tout le carillon se met en route : c’est joli, c’est bien, je suis pour, bien je que sois croyant mais non pratiquant”, a indiqué Jacques Bapst, un Colmarien qui habite au centre-ville. Les cloches de la collégiale ont dont encore de belles années devant elles.

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