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Argent dans le couple : peut-on aimer sans compter ?

PLANOWANIE BUDŻETU DOMOWEGO
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Mathilde de Robien - publié le 19/02/19 - mis à jour le 13/11/23
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Compte joint ou compte personnel ? Quel est le juste rapport à l’argent ? Quels sujets aborder autour de l’argent ? Eléments de réponse avec Pierre-Marie Castaignos, membre de la congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie à l’abbaye d’Ourscamp et accompagnateur de couples en vue du mariage.

Selon les dernières statistiques, la majorité des couples mettent en commun l’intégralité de leurs ressources. Selon une étude Harris Interactive pour l’Observatoire Cetelem, 76% des Français en couple interrogés disent partager un compte avec leur conjoint et 51% affirment même que l’intégralité de leurs revenus y est versée. Et pourtant, on sait par ailleurs que les questions d’argent arrivent dans le top trois des causes de divorce. Pour le père Pierre-Marie Castaignos, membre de la congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie et thérapeute de couple, c’est un sujet important à aborder en couple, et ce dès la préparation au mariage !

« L’argent n’est pas que l’argent »

Peut-on aimer sans compter ? « Non ! », s’exclame le père Pierre-Marie Castaignos, interrogé par Aleteia. « Le proverbe “quand on aime, on ne compte pas“, est faux ! Bien sûr que l’on compte ! On a tous une calculette dans la tête, que ce soit pour de l’argent, des services rendus, du temps passé… », précise le prêtre qui prépare chaque année une quarantaine de couples au mariage. Et les calculs commencent dès l’organisation du mariage, lorsque les deux familles se rencontrent pour la première fois. Raison pour laquelle il conseille d’être attentif aux disparités de fortune entre les familles, car elles peuvent être sources de vives tensions.

La question de l’argent doit être abordée au sein du couple, et la préparation au mariage permet d’attirer l’attention des fiancés sur certains points. Le prêtre accompagnateur ne manque pas de soulever avec eux les questions du contrat de mariage, d’héritage de biens comme les maisons de famille, la tenue des comptes selon les tempéraments et les habitudes de chacun… Cependant, « l’argent n’est pas que l’argent », souligne le père Pierre-Marie Castaignos, auteur de "Se marier et durer" (Éditions Salvator) et "Est-ce lui, est-ce elle ?" (Éditions Salvator).

Car à travers les questions financières, « on revisite les relations avec sa famille d’origine, les relations du couple, la manière dont l’argent est perçu par le conjoint selon son éducation et son vécu ». Les questions d’argent révèlent avant tout l’état des relations entre les personnes. Donner de l’argent de poche à un jeune professionnel qui gagne sa vie peut cacher un désir de possessivité. Établir des donations est un acte d’amour. Envoyer de l’argent à des parents plus démunis est un acte de loyauté.

Compte joint ou comptes personnels ?

L’Église ne s’est jamais prononcée sur le sujet. Chaque couple est libre de s’organiser comme il l’entend. « Ce n’est pas parce qu’on a un compte joint qu’on va bien s’entendre », fait remarquer Pierre-Marie Castaignos. Il apporte cependant un repère afin de jauger d’une saine utilisation d’un compte personnel : puis-je montrer à mon conjoint mon relevé de compte ? « S’il y a de la transparence, c’est bon ! Si je ne peux pas, parce que je suis abonné à des sites douteux ou autre, c’est qu’il y a un problème autre que l’argent ».

L’argent est bon serviteur et mauvais maître

Quel serait un juste rapport à l’argent ? Le moine d’Ourscamp reprend saint Thomas d’Aquin en répondant que le juste milieu dépend de chaque couple. Il cite néanmoins l’une des trois vertus évangéliques, la pauvreté, que tout chrétien est invité à mettre en pratique. Si les religieux en font le vœu solennel, les laïcs sont appelés à faire preuve d’une certaine modestie dans l’usage des biens. Cette vertu n'est pas une incitation à l'indigence ou à la misère, mais un appel au dépouillement, à la sobriété.

Le Catéchisme de l’Église catholique explique que « Jésus enjoint à ses disciples de le préférer à tout et à tous et leur propose de donner "congé à tous leurs biens" (Lc 14, 33) à cause de Lui et de l’Évangile (Mc 8, 35). Peu avant sa passion il leur a donné en exemple la pauvre veuve de Jérusalem qui, de son indigence, a donné tout ce qu’elle avait pour vivre (Lc 21, 4). » En effet, « le précepte du détachement des richesses est obligatoire pour entrer dans le Royaume des cieux. »

Le père Castaignos regrette que certains couples n’envisagent pas d’avoir un enfant avant d’avoir acheté une maison. Dans ce cas, l’argent est devenu un maître, déplore-t-il. « Et si l’argent s’oppose à l’accueil de la vie, il y a un problème. Tôt ou tard, un manque d’accueil de la vie entraîne dans le couple des souffrances ou une sorte d’injustice ».

Est-ce lui? Est-ce elle? Discerner pour s'engager, Père Pierre-Marie Castaignos, Salvator, février 2019, 17,90 euros.

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Salvator
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