Quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir sur son projet, réduire un candidat à sa foi et en prendre argument pour l’agresser politiquement est une violence inexplicable dans un pays façonné par vingt siècles de christianisme, à l’origine de la distinction entre Dieu et César.
Que François-Xavier Bellamy soit une tête idéale pour conduire la liste des Républicains aux élections européennes, c’est ce qui pourra se dire — ou pas — le soir du 26 mai. Mais d’ici là, il nous faudra entendre la rumeur du vent mauvais qui tourbillonne autour de lui. François-Xavier Bellamy est catholique, il va à la messe : il est donc coupable.
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Car s’il ne restait qu’un seul péché mortel dans notre pays sécularisé, ce serait d’être catholique. Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi l’Église de France, devenue si petite et dont au fond l’opinion n’a plus grand chose à craindre, fait-elle hennir d’effroi les bien-pensants ?
Subir en souriant une animosité tranquille
François-Xavier Bellamy est catholique pratiquant, certes, mais comme l’était le général de Gaulle, comme l’était Konrad Adenauer, comme l’étaient Robert Schuman et Alcide de Gasperi sans qui nous n’aurions pas d’Europe à défendre. Il faut croire que depuis de Gaulle, Schuman, Gasperi et Adenauer les temps ont changé. Depuis deux ou trois générations les catholiques européens doivent subir en souriant une sorte de haine consensuelle et installée, une animosité tranquille qui — j’ose le dire — n’est pas sans rappeler certains ostracismes d’avant-guerre.
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François-Xavier Bellamy devait s’y attendre, et sans doute s’y était-il préparé : on l’insulte au sujet de ce qui lui est le plus précieux, sa foi. La semaine dernière, un journaliste de Libération le présentait à la radio comme un jeune délinquant évadé d’une secte appelée “Les Veilleurs”, secte qui se serait signalée par des appels à la haine lors des Manif pour tous et qui pour cette raison n’a aucun droit de s’exprimer sur l’Europe. Voilà le genre d’arguments — si l’on peut parler d’arguments — que la tête de liste aux élections européennes devra s’habituer à subir à l’approche du scrutin. Il saura répondre. Et d’ailleurs il se réjouira, s’il relit l’Évangile : “Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on dit faussement sur vous toutes sortes de mal, à cause de moi…” (Mt 5, 11). Il n’empêche, nous autres catholiques avons le droit d’exister. Nous avons une dignité à défendre.
Une dignité à défendre
François-Xavier Bellamy ne va pas à l’élection “en tant que catholique”, même s’il y va sûrement “en chrétien”. Quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir sur son projet, réduire sa personne à sa foi et en prendre argument pour l’agresser politiquement est une violence inadmissible. Ce procès en sorcellerie qui lui est fait, et qui est par la même occasion une agression contre tous les catholiques de France, est le signe d’une déchristianisation inachevée. Tout le problème vient de là : la France n’a pas réussi à tuer le christianisme en elle. La France reste chrétienne dans son âme, même si, par pulsion suicidaire, elle voudrait refouler jusqu’au bout cette part fondatrice de son identité. La haine de soi, maladie de notre société, est la haine d’un héritage chrétien.
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Les ennemis de François-Xavier Bellamy n’y peuvent rien, ils s’expriment dans un pays, dans un langage, dans une civilisation, façonnés par vingt siècles de chrétienté. Sans héritage chrétien, pas de libre expression, pas de laïcité, pas de procès contre François-Xavier Bellamy. La France sera en agonie jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas arrêter la politique pendant ce temps-là, pourrions-nous dire en parodiant Pascal. Assumons donc ce que nous sommes !
Ne jamais confondre Dieu et César
Que signifie, pour nous autres Français, assumer ce que nous sommes ? Cela signifie ceci : pour nous, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est aussi le Dieu de Blaise Pascal, de Charles Péguy et de François Mauriac. Le Dieu de Jésus-Christ. Pour le reste, chacun votera comme il veut. Nous portons dans nos gènes cette idée qu’il ne faut jamais confondre Dieu et César.
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