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Mgr Charles Ruch, l’évêque de tous les combats

CHARLES RUCH
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Agnès Pinard Legry - publié le 07/11/18
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Au service de la France et des âmes de ses soldats, les aumôniers militaires offrent à ces derniers « une présence de gratuité, un soutien hors hiérarchie, au-delà de toute finalité opérationnelle ». À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, Aleteia a choisi de vous montrer quelques-uns de leurs visages. Découvrez aujourd’hui Mgr Charles Ruch.Il est des figures qui marquent durablement des régions. Mgr Charles Ruch en fait partie. Nommé évêque de Strasbourg au lendemain de la Première Guerre mondiale, il le restera jusqu’à sa mort, en 1945. Si sa dépouille repose aujourd’hui dans la crypte de la cathédrale et son cœur au mont saint Odile, son esprit demeure vivace au sein de l’Église d’Alsace à qui il a réussi à impulser un dynamisme certain. Sous sa férule, le diocèse, tout juste revenu dans le giron national (nous sommes en 1918), retrouve une grande vigueur.


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Né en 1873 à Nancy d’un père protestant et d’une mère catholique – ses parents ont dû quitter l’Alsace après la défaite de 1871 –, Charles Ruch manifeste dès son plus jeune âge une vocation sacerdotale. Après être entré au petit séminaire de Pont-à-Mousson il intègre le grand séminaire de Nancy en octobre 1890.

Deux ans plus tard, il interrompt sa formation pour effectuer son service militaire au 26eme régiment d’infanterie de Lyon et est finalement ordonné prêtre en 1897. Docteur en théologie, le père Ruche enseigne la théologie dogmatique au grand séminaire avant d’être nommé vicaire général par l’évêque de Nancy, Mgr Thurinaz. Âgé de seulement 34 ans et sans aucune expérience paroissiale, il seconde admirablement son évêque. Brillant et doué d’innombrables capacités, il recevra lui-même la crosse, la mitre et l’anneau sacré d’évêque le 16 juillet 1913. Titulaire du siège épiscopal de Gérasa, il devient coadjuteur de Nancy.


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Lorsque la guerre éclate en 1914, il est mobilisé et affecté comme aumônier militaire au 20eme corps et le demeurera pendant toute la durée du conflit. Morhange, Château-Salins, le Grand-Couronné, Haraucourt, le bois Crévic… L’évêque-aumônier partage les joies et les peines des soldats, « encourageant les vivants, bénissant les tombes, ayant à subir des bombardements terribles », écrit Pierre Lorson sj dans son ouvrage Charles Ruch, évêque de Strasbourg. Pendant l’offensive de l’Artois, en 1915, il est près d’Arras, à Haute-Avesnes, où les ambulances regorgent de blessés. Puis c’est la Champagne et la ferme des Meigneux, Verdun en février et mars 1916, l’offensive de la Somme et l’ambulance à Cerisy en 1917.

En 1916, il reçoit avec Mgr de Llobet, évêque d’Avignon la juridiction sur tous les prêtres-soldats de l’armée française. Il habitera avec les brancardiers, qui étaient souvent au feu, ramassaient les blessés, les préparaient à la mort, les consolaient et les évacuaient. « Il y avait là déjà un magnifique apostolat à remplir auprès d’hommes que leurs blessures ouvraient davantage à la grâce. Mais il organisera en même temps, un peu comme dans un diocèse, le service spirituel dans toute son unité, répartissant les aumôniers volontaires ou auxiliaires, présidant les cérémonies, distribuant le travail. Il fut surtout un agent de liaison entre tous ces prêtres-soldats, s’occupant de leur trouver du vin de messe, des lectures pour eux et leurs soldats, les réunissant pour leur faire des récollections spirituelles », écrit encore Pierre Lorson sj.


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“L’ami et l’égal de chacun sans rien perdre de sa dignité”

Il devint bientôt légendaire, à cause de sa grosse activité, « de ses randonnées intrépides, de sa serviabilité inépuisable ». Dans son ouvrage, Pierre Lorson cite ainsi plusieurs témoignages dont celui d’un prêtre-soldat : « Mgr Ruch savait se faire l’ami et l’égal de chacun sans rien perdre de sa dignité. Sa simple et franche cordialité était pour chacun un réconfort. Il acceptait toutes les corvées : prêchant ici, présidant ailleurs une cérémonie, célébrant la sainte messe dans une troisième paroisse. Il réalisait pleinement la parole de l’évangile. »

« Au dehors, à la tranchée, dans la rue, rien ne trahit la tenue épiscopale… Le poilu a pourtant l’air de se méfier de quelque chose, car il est saisi par une certaine distinction d’esprit et de manières. Rien, à ce titre, n’est révélateur comme le salut de Mgr Ruch », écrit de son côté un poilu. « Ce salut, je renonce à le décrire; j’avoue tout simplement que l’ayant vu la première fois, je fus particulièrement saisi. Le geste moelleux et bref, épiscopal et militaire, est tout spécial. « Ah, dis donc, il est bath, hein, l’aumônier, l’as-tu vu? Mon vieux, un salut chouette !!! Qui que c’est ? demande à son lieutenant le zouave L … C’est l’évêque de Nancy. – Ah, je m’en doutais que c’était une huile comme ça ».



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Commandeur de la Légion d’honneur

À la fin du conflit, Mgr Ruch est nommé sur le siège épiscopal de Strasbourg sur la demande expresse du gouvernement français pour remplacer l’évêque de Strasbourg, Mgr Fritzen, de nationalité allemande. Charge qu’il occupera jusqu’à sa mort, en 1945. Chevalier de la Légion d’honneur en 1915, officier en 1921, Mgr Ruch est fait commandeur en 1931 pour le motif suivant : « Au cours des circonstances les plus douloureuses qu’ait pu connaître son âme de pasteur, Mgr Ruch n’a jamais faibli dans l’accomplissement des devoirs que lui dictait sa conscience de prélat concordataire et de Français. Aucune attaque, aucune pression n’a pu le faire dévier de la voie où l’engageait son ardent amour de la France. Avec éclat, il a su faire revivre les grandes traditions nationales qui faisaient la fierté du siège épiscopal de Strasbourg. Belle figure d’évêque français ».

Pour en savoir plus :

Les Aumôniers militaires, par Grégoire Mabille, Yvon Bertorello (textes) et Alban Guillemois (illustrations), éditions Mame, octobre 2018.

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Mame
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