Plus de 340 médecins ont signé une tribune se désolidarisant de l’aval donné par l’Ordre des médecins à la légalisation de la PMA pour les femmes seules et les couples de femmes.Quelque 340 médecins, dont le docteur Raphaël Nogier, président de l’association lyonnaise Cosette et Gavroche, ont signé une tribune parue ce 8 octobre dans le Figaro afin de faire part de leur opposition à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Ils s’opposent ainsi à l’Ordre des médecins qui, auditionné par l’Assemblée national le 19 septembre dernier, avait indiqué ne pas être hostile à l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de femmes.
« L’Ordre ne doit pas être une instance moralisatrice face à une demande sociétale. Si la société veut une aide médicale à la procréation (AMP) élargie aux femmes seules ou homosexuelles en couple, c’est à elle de trancher. L’Ordre ne peut s’y opposer », peut-on ainsi lire sur le site de l’organisme. « De quel droit l’Ordre des médecins pourrait-il s’opposer au projet d’une personne désirant un enfant et qui souffre de cette situation ? N’est-il pas du devoir du médecin, en dehors de tout prosélytisme, d’apaiser les souffrances physiques et psychiques et d’accompagner la personne dans la réflexion à mener au sujet de sa demande ? »
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Pour les 340 signataires de cette tribune, ce projet de légalisation est « contraire à la vocation de la médecine ». Il s’agit pour eux d’un « acte intrusif » ne visant ni à « prévenir les maladies », ni à « restaurer les fonctions défaillantes de l’organisme », ni à « réparer les malformations anatomiques ». Les signataires déplorent ainsi une position « paradoxale » de la part de l’Ordre, voire « antinomique ». Ils soulignent également que « l’intérêt supérieur de l’enfant doit être au centre des préoccupations ». « L’assistance à la procréation avec donneur prive volontairement l’enfant de la relation structurante avec deux adultes de sexe différent », rappelle ce document, citant des propos tenus par le comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine le 2 mai 2018 lors de son audition devant le Comité consultatif national d’éthique. « La tradition médicale nous apprend Primum non nocere, « d’abord ne pas nuire ». Et « fabriquer » des enfants sans père revient à leur nuire. »
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Enfin, ils estiment qu’en « ne s’opposant pas à la PMA non médicale, l’Ordre des médecins laisse la porte ouverte à tous les abus ». « Qui pourra s’opposer demain aux demandes de couples hétérosexuels qui voudront un bébé parfait et se tourneront vers le corps médical pour répondre à leur attente au nom de l’égalité ? Nous savons que le marché de la procréation est immense. Ouvrir la PMA non médicale aux femmes en bonne santé, c’est ouvrir le marché du corps humain », alarment les signataires.
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