Alors que le CCNE a rendu ce 25 septembre un avis favorable à l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, plusieurs voix n’ont pas hésité à s’y opposer. Agnès Thill, députée LREM de l’Oise, en fait partie.Âgée de 54 ans, Agnès Thill fait partie des rares députés de la majorité présidentielle à s’opposer clairement à l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules. Députée La République en marche (LREM) de la deuxième circonscription de l’Oise, Agnès Thill, également catholique pratiquante, ne mâche pas ses mots.
À peine la présentation de l’avis du comité consultatif national d’éthique (CCNE) terminée, la députée a twitté : « Nous lançons le plan pauvreté, nous augmentons le complément mode de garde de 30%, et nous créerions des familles monoparentales donc en précarité financière avec #PMApour Toutes, incohérence ? ». Elle regrette également que « la société se laisse prendre par des promesses peut-être parfois factices de la science ». « Sachant que tout est possible, doit-on le faire ? […] Un désir a-t-il vocation à être assouvi et est-ce à la médecine de l’assouvir ? », s’interroge la députée.
Sachant que tout est possible, doit on le faire ? Un désir a t il vocation à être assouvi ? Est ce le rôle du médecin de l’assouvir ? #bioethique Réponse du #CCNE : qu’est-ce qu’un progrès ? Ce doit rester dans l’humain. Où place t on le curseur de l’humain? pic.twitter.com/lMkiinLu7I
— Agnès Thill (@ThillAgnes) 25 septembre 2018
La société se laisse prendre aux promesses factices d la science. La technique promet le bonheur et ne le donne pas.L’être humain est plus que ce que notre époque dit d lui: Il a 1 exigence d réflexion.Peut on tout faire parce qu’on le peut/veut? #bioethique
— Agnès Thill (@ThillAgnes) 25 septembre 2018
« Lors de la campagne législative, j’étais plutôt pour », a-t-elle expliqué au quotidien La Croix. « Mais mon opinion a évolué avec le temps, notamment à la faveur des auditions menées à l’Assemblée sur la bioéthique. Je ne me rendais pas compte des conséquences d’un tel changement. Désormais, j’ai changé d’avis ». Les arguments qui ont fait mouche auprès de la députée ? L’effacement du rôle du père et la précarité affective des familles monoparentales.
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Mais qui est-elle ? Inconnue du monde politique jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron, Agnès Thill a grandi en Seine-Saint-Denis dans une famille ouvrière chrétienne. Elle a été institutrice dans l’Oise, puis directrice d’école primaire à Paris, dans le XXe. Si elle a été encartée quelques années au Parti socialiste (elle a rendu sa carte en 1990 après le Congrès de Rennes), la campagne présidentielle de 2016 a été une (re)prise de conscience politique et elle décide de s’engager au sein du mouvement d’Emmanuel Macron. Après avoir envoyé son CV et sa lettre de motivation, elle apprend qu’elle est « sélectionnée » par le parti. Elle sera par la suite élue dans l’Oise. Catholique pratiquante, Agnès Thill a écrit un livre aux Éditions Vie chrétienne, Mots de Dieu pour les maux de vie, où elle “interpelle le lecteur dans de courts textes évoquant des situations vécues auxquelles elle associe un passage de l’Écriture”. Elle a également suivi des cours de théologie au Collège des Bernardins sur « les mystères de la tradition », rapporte encore la Croix.
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La quinquagénaire c’est surtout fait connaître du grand public par ses prises de position, franches mais respectueuses, sur la bioéthique. En février dernier, alors qu’un collectif de 156 députés, essentiellement issus de la majorité, publiait une tribune dans le Monde appelant « à mieux encadrer les droits et la liberté de mourir des personnes en fin de vie », Agnès Thill faisait déjà ouvertement part de ses doutes. « Sur un tel sujet, il ne peut y avoir de consigne de vote. Moi, je crains les dérives, car une transgression en appelle une autre », confiait-t-elle à La Vie au sujet de l’euthanasie et du suicide assisté. « J’ai d’énormes réserves sur les directives anticipées. Quand on donne le choix à un bien portant, il dit toujours qu’il préfère mourir vite plutôt que dans une agonie lente. Simplement, on peut changer d’avis. Quand on arrive près de la mort, on peut avoir un réflexe de survie ».