Tout au long de la semaine Aleteia vous invite à découvrir des Français qui ont été marqués par leur passage à Rome. Aujourd’hui, Pépin le Bref.De nos jours, le pape règne sur le microscopique État du Vatican. Considéré comme indispensable à son indépendance, ce territoire est l’héritier d’une donation faite par Pépin le Bref, le roi des Francs. Au VIIIe siècle, la France est bien différente de celle que l’on connaît aujourd’hui. Les rois mérovingiens ont la couronne, mais le pouvoir est véritablement dans les mains de l’ambitieux maire du Palais, Charles Martel. En 737, à la mort du roi Thierry IV, il fait enfermer l’héritier légitime de la dynastie franque, Childéric III, dans un couvent. L’ambition non-dissimulée de Charles Martel est d’attendre un temps favorable pour se faire proclamer roi lui-même.
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Las, le héros de la bataille de Poitiers décède en 741, avant d’avoir pu accomplir ses desseins. Deux de ses fils, Pépin dit le Bref et Carloman, se partagent son pouvoir. En 743, ils décident de libérer Childéric III de son couvent. Mais en 747, retournement de situation : Carloman décide de rentrer dans les ordres, au monastère de Mont-Cassin, en actuelle Italie. Pépin le Bref récupère le pouvoir de son frère et peut donc exercer son autorité sur presque tout le royaume franc.
Alliance du trône et de l’autel
Childéric III reste le seul obstacle dans la course de Pépin vers le pouvoir. En homme pieux, l’audacieux maire du Palais demande en 749 au pape Zacharie de pouvoir déposer le roi et d’ainsi prendre sa place. Esseulé face aux envahisseurs Lombards, le souverain pontife accède à cette requête, désireux d’avoir un allié en Pépin. “Celui qui exerce véritablement le pouvoir porte le titre de roi”, justifie le pape.
En novembre 751, Pépin réalise enfin l’ambition de son père : le roi mérovingien est déposé et renfermé dans son couvent, tandis que le maire du Palais devient roi. C’est la fin de la dynastie mérovingienne et le début des Carolingiens. L’Église vient appuyer l’autorité du nouveau souverain puisqu’il est sacré en recevant la sainte onction. Le Pape va même menacer d’excommunication toute velléité de choisir un roi hors de la descendance de Pépin. C’est une véritable alliance du trône et de l’autel.
Aidé, appuyé et confirmé par le Souverain pontife, le roi Pépin est fortement redevable au Siège apostolique. Ainsi lorsqu’Étienne II, successeur du pape Zacharie, vient personnellement lui demander son aide contre les Lombards en 753, il ne peut qu’accepter. Les Francs franchissent les Alpes et chassent les Lombards.
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Le 14 avril 754, à Quierzy, sur les bords de l’Oise dans le nord de la France, Pépin le Bref signe un accord avec Étienne II. Le roi franc donne au pape un territoire, comptant notamment la ville de Ravenne. En ce jour de Pâques, les États pontificaux sont nés. Reconnaissant, le successeur de Pierre sacre de nouveau le roi des Francs quelques mois plus tard. Un accomplissement pour l’ancien maire du Palais, qui fait sacrer en même temps ses deux héritiers, dont le futur Charlemagne.
Une défense jusqu’au bout
Pour assurer l’autorité de l’évêque de Rome sur son territoire, Pépin ne va pas hésiter à mener trois campagnes entre 756 et 758. Au final, le chef de l’Église catholique reçoit pas moins de vingt-deux villes en plus de Rome.
À partir de cette “donation de Pépin”, les États pontificaux vont se développer au cours des siècles. Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, ils sont brièvement abolis à deux reprises par les Français. Mais en 1870, les Français sont les derniers à protéger la souveraineté du pape sur la ville de Rome. La perte contre la Prusse ne leur permet plus de soutenir le pontife. Rome est annexée au jeune Royaume d’Italie, et les États pontificaux disparaissent définitivement.
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