Le bienheureux Marcel Nguyen Tan Van avait beaucoup souffert, lorsque sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est venue le consoler. En dialoguant au quotidien avec lui, il lui a enseigné à devenir “apôtre de l’amour”.
Marcel Nguyen Tan Van est né en 1928 dans un petit village du nord du Vietnam dont les habitants sont pour la plupart catholiques. Sa mère est une femme très croyante et pieuse. La foi de Marcel est déjà une évidence dès son plus jeune âge. Très tôt, il dit à sa mère qu’il veut devenir saint. Elle fera tout pour l’y aider.
Rapidement, Marcel développe une dévotion particulière pour le rosaire, avec un attachement grandissant pour Marie. Sa foi vibrante l’incite à demander très tôt le sacrement de la première communion. Il obtient l’autorisation du prêtre de la paroisse, qui l’invite à se préparer au sacrement. Ainsi, à 6 ans, bien avant l’âge ordinaire, il reçoit sa première communion. Marcel découvre très jeune qu’il a une vraie vocation religieuse. Le prêtre du village et sa mère parviennent à l’envoyer au petit monastère de Huu-Bang. C’est là que l’accueille le père Joseph Nha, au sein du petit séminaire. Marcel devient aspirant à la prêtrise parmi d’autres jeunes garçons. Avec eux, il reçoit les cours d’aînés un peu plus âgés.
À l’épreuve de sa vocation
Au début, Marcel déborde d’enthousiasme. Il travaille dur, effectue toutes les tâches qui lui incombent avec ardeur. Il se montre toujours aimable et généreux. Pour le prêtre de la paroisse, il est un exemple qui tranche avec le laxisme et l’irrespect de certains jeunes qui n’hésitent pas à braver régulièrement l’autorité des Pères.
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Ces jeunes commencent d’ailleurs à manifester à Marcel leur hostilité. Leur leader, Master Vinh, est celui qui le maltraite le plus. Il le frappe souvent, le prive de nourriture, lui dérobe son chapelet, l’empêche de communier. Plusieurs fois, Marcel s’enfuit pour se protéger. Un jour, les mésactions de Master Vinh sont finalement mises au jour, il est alors chassé du monastère.
Le temps des tribulations
Mais à son tour, en 1941, Marcel quitte le monastère au moment de la fête de Noël pour venir en aide à sa famille. Celle-ci vient d’être particulièrement éprouvée : deux cyclones ont ravagé coup sur coup son village natal. Les siens sont réduits à la plus grande pauvreté. Désespéré, son père se livre aux jeux et à la boisson. Quant à Liet, le frère aîné, il devient aveugle.
Les tribulations familiales sont telles que certains de ses membres reprochent à Marcel d’avoir quitté le monastère. Sa sœur le rend coupable des punitions dont, selon elle, la famille est frappée à cause de lui.
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Résigné, Marcel quitte sa maison. Pendant quelques mois, il erre sans but en mendiant de la nourriture, avant de revenir finalement chez lui. Sa mère l’aide de nouveau à retourner au même monastère, où il ne reste que pendant deux mois.
Le miracle de sainte Thérèse
C’est en 1942 que sa vie connaît un grand changement. Un ami l’aide à rentrer au séminaire de Lang-Son. Six mois plus tard, le séminaire doit fermer à cause de la guerre. Cependant, Marcel est accepté par deux prêtres dominicains qui tiennent la paroisse de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus, à Quang-Uyen.
Un jour, Marcel est face à une table couverte de livres. Il demande à Dieu de l’aider à trouver la bonne lecture pour lui. Il ferme les yeux, sa main effleure une pile d’ouvrages dont il extrait L’histoire d’une âme de sainte Thérèse. Il ne sait pas qu’en le lisant, sa vie va changer pour toujours.
Dès les premières lignes, Marcel Nguyen Tan Van est profondément touché. La simplicité de l’amour de sainte Thérèse pour Jésus le bouleverse. Il développe une dévotion particulière pour la petite sainte de Lisieux. Sainte Thérèse lui serait apparue à de nombreuses reprises. C’est en dialoguant avec elle qu’il décide de suivre sa “petite voie”.
Apôtre de l’amour
C’est Thérèse qui lui enseigne directement. Elle devient son compagnon de route et l’appelle son « petit frère ». Elle lui révèle qu’il ne deviendra jamais prêtre, mais qu’il doit devenir un « apôtre caché de l’amour ». Celui qui, lui confie-t-elle, détiendra la clé pour apporter le soutien spirituel dont les prêtres missionnaires ont besoin. Il deviendra « le cœur des prêtres ». En 1944, Van entre au noviciat chez les Rédemptoristes de Hanoï.
C’est alors qu’il y reçoit le nom de Marcel. Dans sa biographie, Van indique que c’est à cette période que vont commencer ses dialogues avec Jésus... Ce dernier lui donne une « prière de compassion pour la France ». À la demande de son supérieur, Van écrira le récit de son enfance, ainsi que ses colloques avec Jésus et sainte Thérèse.
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Après la défaite de la France à Dien Bien Phu, le Vietnam est coupé en deux. Alors que de nombreux chrétiens fuient le nord pour se réfugier au sud, Marcel Van qui est au sud, demande à retourner au Nord. Très tôt occupée par les communistes, toute la région fait l’objet de campagnes systématiques de persécutions contre les chrétiens. Lui même est bientôt arrêté, le 7 juillet 1955. Il meurt en prison le 10 juillet 1959, à l’âge de 31 ans. En 1997, il sera déclaré Serviteur de Dieu. Aujourd’hui, son procès de béatification est en cours.