Sagesse, petitesse et prière. Trois mots qui ont inspiré le pape François pendant son voyage samedi 17 mars sur les traces du saint Padre Pio et sur lesquels il a axé toute son homélie lors de la messe à San Giovanni Rotondo (Italie).C’est peut-être le mot “petitesse“ qui a illustré le mieux la visite de quelques heures du pape François sur les lieux les plus marquants de la vie de saint Padre Pio. Animé par la spiritualité du saint stigmatisé, le pape François s’est penché sur les plus fragiles : anciens, malades, enfants, chômeurs, migrants.
A Pietrelcina, petite ville de campagne où est né le Padre Pio, le pape François a encouragé les habitants à redonner vie à leur région, tandis que les jeunes partent pour trouver un travail. Le pape leur a fait remarquer qu’ils sont assis sur une richesse : le témoignage chrétien et sacerdotal de Padre Pio. Une occasion pour chacun de vivre de vivre son existence.
Un prix Nobel pour les anciens ?
Certes, la population vieillit, mais le pape n’y voit là qu’un atout de plus : « les plus vieux sont un trésor ! S’il vous plaît, ne marginalisez pas vos personnes âgées, elles sont la sagesse ! », a-t-il déclaré à la foule. « Parlez avec eux, ils sont les protagonistes de la croissance de ce pays ». « Cela me plairait de voir une fois le prix Nobel remis à des anciens », a-t-il encore lancé devant un auditoire médusé. Une récompense amplement méritée selon lui, pour ceux qui « donnent une mémoire à l’humanité ».
Le pape François ne s’est pas arrêté en si bon chemin. A peine arrivé à San Giovanni Rotondo dans les Pouilles, talon de la botte italienne, le Souverain pontife n’a pas perdu une minute pour se rendre dans l’hôpital de la Casa Sollievo della Sofferenza. La Maison du soulagement de la souffrance a été fondée par Padre Pio en personne, en 1956 alors que la ville n’était qu’un village et les environs… un désert désolé. Pas même une route goudronnée ne parvenait jusque-là quand fut posée la première pierre de l’hôpital. Aujourd’hui cet établissement de soin, entièrement gratuit, est parmi les plus grands et modernes d’Italie.
Une soif d’amour miséricordieux
Sur le passage du pape dans le dédale de couloirs, s’était amassé tout le personnel médical, tandis que dans les chambres les malades attendaient patiemment leur médecin de l’âme. On aurait presque pu croire le Padre Pio de retour dans son établissement tant la ferveur était présente. Comme le faisait le saint durant plus d’une dizaine d’année, le pontife est venu réconforter des dizaines de patients. Il s’est même rendu au chevet d’un vieil évêque malade, alité dans un endroit reculé du gigantesque hôpital, quitte à perdre du temps sur son programme.
Encouragé par la soif d’amour miséricordieux des malades, le pape a continué jusqu’au service d’oncologie pédiatrique où des dizaines d’enfants atteints de cancer sont soignés. Le pape François a reçu leurs dessins, les a pris dans ses bras et a caressé affectueusement leurs têtes, souvent chauves à cause des traitements.
Les petits ont “une antenne qui capte le signal de Dieu“
L’un d’entre eux était un petit bébé congolais baptisé Jean Paul. Le visage complètement déformé par la tumeur, il a été abandonné par ses parents dans la jungle. Mais les sœurs d’un orphelinat l’ont récupéré pour finalement le transférer à la Casa Sollievo. Les médecins doivent l’opérer prochainement pour lui reconstruire le visage. En français, la sœur qui portait le bébé a remercié le pape de “soutenir la misère du monde“. Pour ce faire “nous avons besoin de votre prière“, lui a répondu le pontife, lui aussi en français.
Fort de ces instants d’émotion, le pape François a célébré la messe sur le parvis de l’église Saint Padre Pio où repose habituellement le corps du saint stigmatisé. Dans les plus petits, se trouve Jésus, a-t-il alors rappelé à plus de 30.000 fidèles présents. Le soin affectueux représente “une voie pour Le rencontrer“. Qui “préfère les petits proclame une prophétie de vie contre les prophètes de la mort“, a fermement déclaré le pape François. Sortant de son texte, il a alors dénoncé nos sociétés où “les petits ne sont pas voulus“.
Heureux les plus petits car leur cœur est comme une “antenne qui capte le signal de Dieu“, a expliqué le successeur de Pierre. Le seigneur selon lui, “cherche le contact avec tous“, mais qui se fait grand, a-t-il prévenu, “crée une énorme interférence“ avec Lui.
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