Les sources sur la vie de ce fidèle serviteur de Dieu du XVIIe siècle sont rares. Mais si Jean Paul II a tenu à faire de Claude La Colombière (1641-1682) un modèle de sainteté, c’est qu’il reconnaissait en lui un précieux trésor pour l’Église et le monde. Car ce n’est pas tant dans les portraits que l’on fait de lui qu’il faut chercher un modèle, mais plutôt dans l’influence qu’il a eue sur d’autres, semble-t-il. Et l’on se rend assez vite compte que sa participation à défendre et répandre la dévotion au cœur de Jésus est (presque) aussi importante que celle attribuée à sainte Marguerite-Marie Alacoque, dont il fut le directeur spirituel et avec qui il entretiendra une étroite correspondance spirituelle.
Le "vrai et parfait ami"
Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) n’a que cinq ans lorsque le Seigneur lui demande si elle veut être la messagère de son divin cœur. Et 24 ans quand il lui dit : "C’est ici que je te veux", en visitant le couvent de la Visitation de Paray-le-Monial. Elle y entre, mais mortifiée sans cesse par la mère supérieure qui se méfie d’elle après que celle-ci lui ai révélé ses visions. Les apparitions du Christ se poursuivent. La supérieure la prend pour une folle. Mais voilà qu’un beau jour, en 1675, Marguerite-Marie trouve enfin un allié : Claude La Colombière, de quelques années son aîné. Il vient d'être nommé supérieur de la résidence des Jésuites à Paray-Le-Monial. Son "vrai et parfait ami", comme elle l’appellera toute sa vie.
À cet homme si discret, et en même temps considéré comme un champion de la prédication tant il touchait les cœurs et son discernement était aigu, elle confie ses visions. Et le père Claude, sans hésiter, comprend qu’elles ne sont pas imaginaires. Il lui offre une oreille attentive et lui demande très vite d’écrire le récit des grâces qu’elle reçoit. Dans une de ses visions, Jésus l’avait promis : "Je t'enverrai mon fidèle serviteur et ami".
Un appui inconditionnel
Cette année-là, a lieu la grande apparition. La jeune femme, prosternée devant le Saint-Sacrement, se voit demander d’obtenir l’instauration d’une fête en l’honneur du Sacré-Cœur et de dire au monde la profondeur de son amour blessé par le péché des hommes. Claude La Colombière promet à Marguerite-Marie un appui inconditionnel pour mener à bien cette tâche. Accroché aux deux piliers de son existence — sa confiance et la Miséricorde — il s’emploie à remplir sa mission et avec elle, ne cesse de proclamer autour de lui l’immensité de l’amour de Dieu.
Et en 1686, à force de prière, de patience et d’obéissance, Marguerite-Marie finit par obtenir que sa communauté honore le Sacré-Cœur au jour que le Seigneur lui a fixé : le premier vendredi d’après l’Octave du Saint-sacrement.
La reconnaissance par Marie
Mais lui, le père Claude n’est plus là. Il est mort le 15 février 1682, après trois années de tribulations et de souffrances en Angleterre, à un moment où les catholiques subissaient constamment les persécutions antipapistes. Il en est sorti malade et éprouvé, mais jamais il n’a cessé d’écrire à sa protégée pour l’encourager dans la mission qui lui était confiée. En 1688, Marguerite-Marie raconte l’avoir vu dans une de ses visions. À ses côtés, les Filles de la Visitation, et de l’autre côté la Vierge Marie s’adressant à lui en ces termes de reconnaissance :
La substance de ces paroles figure en lettres d’or au-dessous de la mosaïque où les jésuites ont représenté la scène, dans leur chapelle de Paray-le-Monial. La solennité du Sacré-Cœur a été instituée par le pape Clément XIII en 1765 et étendue à toute l’Église catholique romaine par le pape Pie IX en 1856.