L'histoire de l'Église aurait-elle été ce qu'elle est sans cette petite annonce publiée dans le journal catholique bavarois Altoettinger Liebfrauenbote, le 7 mars 1920 ?
"Petit fonctionnaire, célibataire, catholique, 43 ans, ayant droit à la retraite, cherche une femme, bonne catholique, qui cuisine et qui peut aussi coudre, avec une dot et bonne situation patrimoniale, pour se marier dès que possible. Lettre de préférence avec photo à envoyer au numéro 734".
Cette annonce, c'est un dénommé Joseph Ratzinger qui l'écrit. Seul à 43 ans, il cherche une femme avec qui passer le restant de ses jours. Cette première tentative est malheureusement un échec. Loin de se décourager, il remet son amour en jeu quatre mois plus tard. Le 11 juillet 1920, il renvoie son annonce mais de "petit" il devient "moyen fonctionnaire". Il ajoute qu'il a un "passé sans tache" et qu'il "aime la campagne". Il modère aussi ses attentes : la dot et les biens patrimoniaux ne sont plus indispensables.
Cette fois-ci, une réponse lui parvient. Maria Peintner, 36 ans, fille illégitime d'une boulangère et cuisinière hors-pair, envoie sa lettre au numéro 734. L'amour, enfin, pour Joseph Ratzinger. Ils se marient au bout de quatre mois. Avec des noms pareils, Joseph et Maria ne peuvent qu'engendrer un fils au destin exceptionnel. C'est ce qu'ils font : quelques années plus tard, le 16 avril 1927, un Samedi saint, Maria donne naissance à son deuxième fils, Joseph Aloisius Ratzinger, le futur pape Benoît XVI.