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Reconversion professionnelle : changer de métier, ça se prépare

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Morgane Macé - publié le 16/09/17 - mis à jour le 26/08/24
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Depuis une quarantaine d’années, les reconversions professionnelles sont de plus en plus courantes et concernent toutes les catégories socio-professionnelles, des jeunes cadres diplômés aux employés des secteurs privés et publiques.

Apprendre un autre métier et s’épanouir pleinement dans un autre cadre professionnel ne se fait pas en claquant des doigts ; il faut en effet s’armer de patience et être d’une détermination sans faille, pour surmonter les difficultés liées à un changement de carrière. De la décision de quitter son travail pour en apprendre un autre, au moment où on pourra vraiment exercer sa nouvelle profession, la reconversion professionnelle est loin d'être un long fleuve tranquille...

Pourquoi changer de métier ?

Alain Griset, ex-président de l’Union professionnelle artisanale, explique :"On assiste à un véritable mouvement de changement d’orientation des salariés vers les professions libérales, majoritairement artisanales et commerciales". Il ajoute qu'il y a trois raisons principales qui poussent à la reconversion : "le besoin de se sentir exister en faisant un métier que l’on aime, le sentiment d’utilité sociale, et la volonté d’être autonome, en tant que travailleur indépendant". Ce calcul hédonique de recherche du bonheur dans son travail s’est généralisé : "Les gens se sentent mieux dans leur environnement et plus libres de leurs choix".

Si le changement de branche professionnelle est aujourd'hui facilité, d'un point de vue purement personnel, un tel tournant est bien moins évident et l'on peut mettre du temps avant de comprendre que l'on souhaite se reconvertir. À plus forte raison lorsqu'on a toujours fait le même travail pendant de nombreuses années, sans trop se poser de questions, et que la routine et les responsabilités ont pris le pas sur nos propres envies. Pour beaucoup, le constat d'une incohérence entre ses propres désirs et la réalité, mais aussi d'un manque d'énergie et de cœur à l'ouvrage dans son travail, fait germer l'idée de se reconvertir. Mais avant cela, il faut d'abord passer par une phase de remise en question, comprendre et accepter que l'on n'est plus vraiment à sa place. Il faut ensuite prendre le temps de réfléchir, se projeter pour savoir quel type de poste nous correspondrait vraiment et dans quelle autre activité on aimerait s'investir pleinement. Ce n'est qu'après un tel travail sur soi, qu'un nouveau projet peut mûrir sereinement...

La reconversion professionnelle : un parcours du combattant ?

Une reconversion professionnelle ne se fait pas du jour au lendemain. D'une part, elle transforme les habitudes de vie et remet souvent en question la sécurité financière. Mais également, elle oblige généralement à retrouver le chemin de l’école : « Si on a longtemps été électricien au service d’une entreprise et que l’on s’installe à son compte, des compétences de gestion vont par exemple être nécessaires », explique Alain Griset. Il est prudent de se reconvertir progressivement et de ne pas abandonner son premier emploi prématurément, pour s'assurer une certaine stabilité par la suite. Ophélie Plaa enseignait l’anglais dans un lycée marseillais et a fait le choix d’une reconversion progressive en travaillant tout d’abord à temps partiel, pour financer sa formation de thérapie animale : « Après 6 ans de formation et de stages professionnalisants, j’ai pu m’installer à temps plein.». Le choix de l’indépendance implique par ailleurs d’être davantage disponible que lorsqu'on évolue en entreprise, car on passe facilement de 35 à plus de 40 heures de travail par semaine.

On ne s'invente pas boulanger, menuisier ou encore fleuriste ! En effet, il faut s'armer de patience, accepter avec humilité de repartir de zéro, et surtout, ne pas avoir peur de rencontrer des obstacles ! Certains redoutent de se retrouver en formation avec des personnes plus jeunes : " Au départ j'avais peur de ne pas réussir à m'adapter, puis j'ai fini par créer des liens, malgré la différence d'âge" explique Monique en formation à l'Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes). Sur le plan de la formation, les contrats d’apprentissage sont davantage valorisés et le droit individuel à la formation s’est largement développé, via le Fongecif (Fonds de Gestion des Congés Individuels de Formation). Pour monter un dossier solide, on peut se faire aider d’associations comme l’Afpa et de plateformes d’initiatives départementales. Viennent ensuite les doutes concernant la rentabilité de l'entreprise que l'on souhaite monter, car après avoir fait un investissement dans un équipement coûteux par exemple, on peut redouter de ne pas faire les bénéfices nécessaires à son amortissement. Une reconversion implique donc une prise de risques, qu'il faut savoir cerner. Certains parviennent à financer leur projet eux-même, en épargnant ou en investissant leur prime de licenciement pour monter leur propre société.

La satisfaction d’être allé au bout de son projet de reconversion

Agrégé de mathématique, après 20 ans d’enseignement -dont 10 ans en tant que formateur-, Pierre Alexandre a décliné un poste de professeur en pédagogie générale à l’université du Mirail à Toulouse, pour devenir maréchal-ferrant, à l’âge de 44 ans : "J’avais le sentiment d’avoir fait tout ce que je pouvais dans le domaine de l’enseignement et ressentais un profond besoin de renouveau". Après s’être formé pendant 7 ans, tout en continuant d’enseigner à temps partiel, il a passé le concours de maréchal-ferrant en candidat libre, un défi réussi puisqu’il est artisan à temps plein, depuis juillet 2017. Installé dans la commune de Figeac, son activité fonctionne très bien : « J’ai un véhicule équipé d’une forge à gaz qui me permet de me rendre dans les centres équestres, les haras et directement chez les particuliers, pour ferrer les pieds des chevaux. Ce métier me permet en plus de voyager d’une région à une autre et de faire de belles rencontres.»

Comme d'autres, sa persévérance et sa patience ont été les clefs d'un succès qui n'était pas garanti au départ, mais pas non plus impossible. Le soutien moral et matériel des proches est également décisif dans ces moments charnières de l'existence, où l'on doit se sentir porté pour retrouver le chemin de l'épanouissement. Pour ces hommes et ces femmes qui se sont lancés dans l'aventure de la reconversion, la satisfaction d'être allés au bout de leur projet forme une véritable récompense : celle du fruit de nombreux efforts, parfois de sacrifices et toujours d'une bonne dose de courage. Au point que les reconversions réussies en deviennent exemplaires et forment un tel accomplissement en soi qu'elles ont un effet boule de neige, encourageant de nombreuses personnes à se dire à leur tour " Pourquoi pas moi ?".

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