La figure maternelle et douce de la Vierge Marie, son "accessibilité", suscite parfois davantage de dévotion chez les fidèles que celle du Christ. Communautés, ordres religieux, paroisses, oeuvres, mais aussi États et villes, se placent sous sa tutelle. Au risque d’éclipser, voire de remplacer, le Christ ?
Prier Marie ou prier le Christ ?
Dans son livre Don et Mystère, saint Jean Paul II écrit : "Il y eut une période où je remis en cause dans une certaine mesure mon culte pour Marie, considérant que, développé excessivement, il finirait par compromettre la suprématie du culte dû au Christ". Mais au fil de ses recherches dans ce questionnement, le jeune Pape se plonge alors dans le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, écrit par saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Ce saint est celui-là même qui écrivit la prière de consécration à Marie originelle, le Totus Tuus. Suite à sa lecture, saint Jean Paul II écrit :
"J’y trouvai la réponse à mes doutes. Oui, Marie nous rapproche du Christ, nous conduit à Lui, à condition que l’on vive son mystère dans le Christ."
Parvenir au plus grand Amour par Marie
C’est Jésus qui, au pied de la croix, a donné son disciple à sa Mère : "Voici ton Fils", et la Mère à son disciple : "Voici ta Mère" (Jn 19, 26-27). Par ces paroles, le Christ a désiré cette nouvelle relation entre Marie et le disciple, une relation d’amour dans le don réciproque de soi. Il ne nous a pas seulement confiés à Marie, il a voulu que nous la priions pour aller vers lui.
En effet, ce don de Marie vient toujours de Jésus et conduit toujours à Jésus. C’est le sens de la demande présente dans le Totus Tuus : "Praebe mihi Cor Tuum, Maria" ("Donne moi ton cœur, ô Marie"). Par la consécration à Marie, saint Jean Paul II explique qu’il "ne s’agit pas principalement d’aimer Marie, mais plutôt d’aimer Jésus avec le Cœur de Marie, et en Lui d’aimer le Père et l’Esprit Saint, l’Église et tous les hommes."