La Rose d’or, symbole de la Vierge et de la Jérusalem céleste, est une distinction que les papes attribuaient à des personnalités ou à des sanctuaires, des églises ou des villes, en signe de reconnaissance pour les services rendus à l’Église ou à la société.
Une tradition vieille de dix siècles
Depuis le XIe siècle, les papes font appel à des maîtres orfèvres pour forger des roses d'or pur, devenues par la suite des bouquets de rose ou même des rosiers. Consacrée par le pape le dimanche de Laetare – soit le quatrième dimanche de carême –, la rose d’or fait l’objet d’une procession de la basilique Saint-Croix-de-Jérusalem au palais du Latran. Si la rose était d'abord attribuée à un souverain ou seigneur puis plutôt à une reine , depuis la seconde moitié du XXe siècle, les papes l'ont offerte aux églises ou aux sanctuaires. Puis, à partir du XXIe siècle, ce sont essentiellement des sanctuaires mariaux qui ont reçu cette distinction.
Cet ornement, parmi les plus sacrés de la papauté médiévale, est mentionné pour la première fois dans une bulle de Léon IX en 1049. Le don le plus ancien date quant à lui de 1096 selon la chronique de saint Martin de Tours. Il s’agit d’une rose d’or offerte par Urbain II au comte Foulque IV d’Anjou. Cette tradition remplace alors celle du don des clefs de saint Pierre initié au VIIIe siècle.
À Paris, le musée de Cluny expose la plus vieille rose conservée de nos jours (la plupart ont été fondues). Réalisée par l’orfèvre siennois Minucchio en 1330, elle a été envoyée au comte de Neuchâtel par le pape Jean XXII. Le style des roses varie au cours des siècles. L’œuvre, d'abord assez simple (une simple rose de 15 cm environ), s'est en effet complexifiée pour devenir un bouquet, avec un pied ou un vase, pouvant représenter plusieurs kilos d'or, voire intégrer des pierres précieuses. La rose d’or offerte en 1668 par le pape Clément IX à la reine de France, Marie-Thérèse d’Autriche, ne pesait pas moins de quatre kilos !
La forte symbolique de la rose
Si l’ornementation évolue, la symbolique demeure. La fleur d'or et sa splendeur éclatante symbolise le Christ, Sa Majesté Royale et sa Résurrection. Les épines symbolisent plus particulièrement sa Passion. Différents éléments de la fleur et de l’œuvre (parfum, tige, fleurs) ont des interprétations symboliques et bibliques que le Pape détaille et précise dans la lettre accompagnant le don de l’œuvre. Innocent III a écrit au sujet de la symbolique de cette rose :
"Comme le dimanche de Lætare, qui symbolise l'amour après la haine, la joie après le chagrin et la plénitude après la faim, la rose représente respectivement par sa couleur, son odeur et son goût, son amour, sa joie et sa satiété."
Au cours du XXe siècle, les papes ont principalement dédié ces roses d’or à des sanctuaires mariaux. Paul VI et Benoît XVI avait accompli ce même geste à Fatima, en 1965 et 2010. Jean Paul II et Benoit XVI, le pape François en ont déposé une devant l’icône de la Madone noire de Czestochowa lors de sa visite en Pologne lors des Journées mondiales de la jeunesse en juillet 2016. Certains sanctuaires ainsi reçu plusieurs roses au cours de leur histoire, et certains papes, ont pu offrir plusieurs roses la même année (essentiellement à partir du XXIe siècle). Ainsi le pape Benoît XVI, en huit années de pontificat, a offert 18 roses.
Les roses sont aussi offertes aux églises. Parmi les principales églises auxquelles la rose a été offerte se trouve la basilique Saint-Pierre (cinq roses) et la basilique Saint-Jean-de-Latran (quatre roses). Certaines personnalités se sont également vues remettre cette rose. La dernière en date est Marie-José Lallart, fondatrice et présidente de l'association "Les maillons de l'espoir". Elle a reçu une rose d'or des mains du pape François le 6 février 2023.