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“Père pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font” (Luc 23, 34)

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Père Guillaume Petit - publié le 31/07/16
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Un prêtre réagit à l'assassinat d'un frère en Christ.

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Le crime abominable qui a été commis mardi matin dans une église de l’agglomération de Rouen provoque en nous une colère légitime et un désarroi profond. La mort du père Jacques Hamel, âgé de 86 ans et prêtre depuis 1958, au cours de la Messe qu’il célébrait, est plus que bouleversante. Comment ne pas voir en lui un martyr ? Tristesse, incompréhension, colère, indignation… Les réseaux sociaux se font l’écho du choc que cet attentat cause en France.

Il me semble que, comme chrétiens, nous sommes conduits au point le plus haut de notre foi : nous passons “par le creuset, comme l’or qu’on vérifie par le feu” (1P 1, 7). Et nous avions beau le savoir, nous avions beau avoir été avertis par le Seigneur Jésus lui-même : “Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi” (Jn 15, 19), voici qu’à présent, il ne s’agit plus d’idées abstraites mais d’événements bien réels qui donnent chair au contenu le plus provoquant de notre foi. La persécution dont parle Jésus, nous la voyons de nos yeux. Elle n’est pas belle à voir, elle est sanglante. Elle fait peur.

Pour nous, l’heure est donc à un sursaut de foi. Le Seigneur Jésus a-t-il, oui ou non, vaincu la mort ? Est-il plus grand que toutes nos détresses ? C’est bien lui qui nous invite à la confiance : “Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde” (Jn 16, 33). Ce même Seigneur, à l’heure où ses bourreaux perçaient son corps sacré pour le ficher sur le bois de la croix, priait : “Père pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23, 34). Il mettait ainsi en pratique ce qu’il avait enseigné pour l’éternité à ses disciples, et qui est l’une de nos marques distinctives : “Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?” (Mt 5, 43-46).

Nous sommes invités à entrer dans un regard de foi, un regard surnaturel, sur les événements douloureux qui nous frappent. Le mal ne vaincra pas, il se dévore lui-même et s’autodétruit. La violence ne résoudra rien. Comme chrétiens, nous sommes déjà vainqueurs dans le Christ.

Nos forces armées auront à agir. Les dirigeants de notre pays auront à prendre les mesures concrètes qui s’imposent. Tous, nous aurons à désigner clairement l’ennemi véritable, sans nous tromper de cible. Il s’agit aussi, surtout même, d’un combat spirituel : “Ce n’est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espace célestes” (Ep 6, 12). Ce combat se joue d’abord en chacun de nous, au plus profond de notre cœur dont le Seigneur veut faire sa demeure.

Peu de temps avant de mourir martyr, le bienheureux Jerzy Popieluszko déclarait : “Soyons puissants en amour, en priant pour nos frères égarés, sans condamner personne, en stigmatisant et en démasquant le mal”. Les terroristes, bien souvent, se revendiquent de l’Islam. Benoît XVI, dans le discours qu’il a prononcé à l’université de Ratisbonne, invitait le monde musulman à un dialogue lucide et rigoureux autour de la question de l’articulation entre foi et raison. L’une des difficultés quant à la mise en place de ce dialogue réside dans le fait que l’Islam n’est pas une religion pourvue d’une théologie cohérente et d’un magistère unifié, représenté par une personne spécifique, contrairement à nous, catholiques qui sommes réunis autour du Pape.

Aussi, il est certain que nous ne pouvons pas mettre dans le même bateau tous les musulmans. La grande majorité d’entre eux ne sont pas des terroristes mais des hommes et des femmes de bonne volonté, affectés eux aussi par le terrorisme. Comme chrétiens, il nous revient de les accompagner sur le chemin de relecture de leur foi et de leur religion. Il nous revient de marcher vers eux et avec eux, sans naïveté ni optimisme béat, parce que le Christ est mort et ressuscité pour eux aussi, parce qu’ils sont appelés à le rencontrer, parce qu’ils sont invités à devenir nos concitoyens dans la Jérusalem céleste. Il nous revient, à nous, disciples du Christ, de les aimer et de bâtir la civilisation de l’amour. Il ne s’agit pas de naïveté ou de langue de bois, mais d’une attitude de foi : le bien a plus de puissance que le mal, l’amour est vainqueur de la haine. C’est à cela que le pape émérite Benoît nous invitait, en évoquant : “La transsubstantiation du monde pour qu’il soit un monde de vie et non de mort, où l’amour l’emporte sur la haine !”

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