L’affection entre François et Benoît XVI n’est pas une légende !

Embrassades et échanges de douces paroles pour les 65 ans de sacerdoce du Pape émérite.Le pape François et Benoît XVI encore une fois réunis, pour célébrer ensemble les 65 ans de sacerdoce du pape émérite. La cérémonie a eu lieu ce mardi matin au Palais apostolique, où il n’était plus revenu depuis sa “renonciation” en février 2013. Josef Ratzinger a été ordonné prêtre à Freising, en Bavière, le 29 juin 1951, en même temps que son frère Georg qui n’a pu participer à la cérémonie.

“Vous continuez, Sainteté, à servir l’Église, ne cessez de contribuer véritablement, avec vigueur et sagesse, à sa croissance ( …) et vous le faites de ce petit monastère Mater Ecclesiae au Vatican qui se révèle tout autre qu’un de ces petits coins oubliés dans lesquels la culture du déchet tend aujourd’hui à reléguer les personnes affaiblies par l’âge”, a déclaré le pape François en lui rendant hommage, face à l’ensemble de la Curie. “Merci pour votre bonté, dans laquelle j’habite et me sens protégé”, lui répondra Benoît XVI.

Pas deux Papes mais un seul !

Benoît XVI souhaitait une petite fête sobre. Elle le fut, comme annoncé par le Pape François aux journalistes à bord de l’avion le ramenant de Erevan à Rome. À cette occasion, le Saint-Père n’avait pas caché sa profonde affection pour son prédécesseur – “Benoît XVI est le “grand-père sage (…) qui me protège par sa prière” – mais aussi de corriger une bonne fois pour toutes la question des “deux Papes”, expression souvent utilisée dans les médias : “Benoit XVI est le Pape émérite, non pas le second Pape, a-t-il expliqué, un Pape émérite fidèle à sa parole, un homme de Dieu… Mais il n’y a qu’un seul Pape”.

Il y a 70 ans, a-t-il ajouté, les évêques émérites n’existaient pas ; aujourd’hui, il y en a. Mais la vie s’allonge, alors peut-on diriger une Église quand on a un certain âge, avec ou non des ennuis de santé ? Et lui, courageusement – courageusement ! – et par la prière, mais aussi avec science, théologie, il a décidé d’ouvrir cette porte. Et je crois que c’est bon pour l’Église”.

Dans le sillage de saint François d’Assise

Et ce mardi matin, 28 juin, François a souhaité remercier son prédécesseur du fond du cœur pour ce témoignage qu’il apporte au monde “en vivant de manière très intense et lumineuse la seule et unique chose qui compte vraiment : avoir le regard et le cœur tournés vers Dieu”. “La Providence, lui a-t-il dit, a voulu, cher Confrère, que vous rejoigniez un lieu nous pourrions dire franciscain,  d’où émane une tranquillité, une paix, une force, une confiance, une maturité, une foi, une dévotion et une fidélité qui me font beaucoup de bien et me donne tant de forces, ainsi qu’à toute l’Église (…) et permettez-moi d’ajouter : un sain et joyeux sens de l’humour !”.

Parole de Pape qui a choisi de lui succéder sous le nom de François ! De faire alors un parallèle avec le “cheminement spirituel” parcouru par saint François d’Assise, “commencé à Saint-Damien”, mais dont “le véritable lieu aimé, le cœur battant de l’Ordre, là où il l’a fondé et où il a remis sa vie à Dieu” est la Portioncule, qui veut dire “petite portion” en italien, c’est-à-dire ce petit coin tout près  de la mère de l‘Église ; auprès de Marie que toutes les générations appelleront “bienheureuse” pour sa foi, si solide, et toute sa vie vécue d’un amour total, dans l’amour du Seigneur “.

Benoît sous l’aile de François

Puis François a pris Benoit dans ses bras, visiblement émus tous les deux. Dernier vœu du Pape à son successeur : “Puissiez-vous, Sainteté, continuer à sentir la main du Dieu miséricordieux qui vous soutient, puissiez-vous faire l’expérience de l’amour de Dieu et en témoigner ; avec Pierre et Paul, puissiez-vous continuer à exulter d’une grande joie tandis que vous cheminez vers le but de la foi”. Après quoi, Benoît XVI a reçu des mains du cardinal Müller, Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, une copie du livre  Insegnare e imparare l’Amore di Dio, premier volume d’une série de livres rassemblant des textes et prédications qu’il adressait aux prêtres sur le sacerdoce, et dont l’auteur de la préface est le pape François en personne, dans un superbe hommage à son prédécesseur.

Il a alors pris brièvement la parole, sans discours, remerciant son successeur de tout son cœur d’avoir témoigné “à chaque instant de sa vie au Vatican d’une bonté qui l’a porté intérieurement”, où ” plus que dans les jardins du Vatican, il a habité et se sent protégé”, a-t-il ajouté. Benoît a souhaité à François de  ” continuer ce qu’il a entrepris avec “nous tous” , sur le chemin de la Miséricorde de Dieu, montrant à tous le chemin qui conduit à Jésus et à Dieu”, et a conclu en souhaitant au monde “une profonde transsubstantiation” (terme théologique pour dire changement) afin qu’il ne soit plus “un lieu de mort mais un lieu de vie et d’amour, celui que nous donne le Seigneur”.