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La gratuité, la clé pour trouver le bonheur et réussir sa vie

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Edifa - publié le 25/04/21
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Tous les jeunes ont envie de réussir leur vie. Mais pour y parvenir, il doit d’abord engager une réflexion sur sa vie intérieure et sur ses envies. Et la gratuité est probablement l'une des clé pour trouver le bonheur. Explications.

Professeur de philosophie et chroniqueuse pour Aleteia, Jeanne Larghero côtoie de nombreux adolescents qui peinent à trouver leur voie. Dans son ouvrage, Comment réussir ta vie : à une jeunesse qui cherche le chemin du bonheur (ed. Artège), elle leur propose de se recentrer sur leur vie intérieure pour se construire.

N’y a-t-il pas suffisamment d’ouvrages sur la réussite personnelle ?
Les ouvrages de développement personnel proposent souvent des approches narcissiques, psychologiques, et abordent rarement les questions morales. Ils somment d’être heureux, expliquent comment préserver son bien-être en toutes circonstances, mais expliquent-ils comment prendre de justes décisions ?

Alors, comment prendre de justes décisions ?
Les jeunes générations ont un besoin intellectuel de réfléchir. Il revient aux adultes de ne pas réduire leur réflexion à un « Fais comme tu le sens ». On trouve dans la philosophie de saint Thomas d’Aquin, reprise dans le Catéchisme de l’Église catholique, trois repères qui aident à discerner : « Ce que je fais est-il juste, est-ce le bon moment pour le faire, ai-je vraiment le désir de bien faire ? »

Ces questions constituent une boussole très éclairante, car on peut d’instinct légitimer une mauvaise action par une bonne intention. En effet, l’aspect favorable des circonstances peut embrouiller l’esprit et détourner de la réalité. Par exemple, on pourrait se justifier de voler un portable égaré. Or, le fait que son propriétaire ne soit pas identifié ne transforme pas ce vol, même avec l’intention de donner le portable à quelqu’un qui en aurait besoin. Un vol reste un vol. Enfin, je remets à l’honneur la morale. Elle peut sembler archaïque, et pourtant elle propose des critères fiables pour savoir si une décision est juste.

Comment les éduquer à réfléchir ?
La gratuité est la clé de la réussite. Apprenons aux grands adolescents à savoir donner sans attendre de retour. Être prêt à renoncer à un bien apparemment satisfaisant en vue d’un objectif meilleur, plus grand, que l’on n’est pas sûr d’obtenir. Porter une attention gratuite aux besoins des autres développe les talents personnels, multiplie les relations, enrichit, attire les propositions et parfois l’aspect financier qui va avec. C’est l’idée de saint Mathieu quand il dit :

« Cherchez d’abord le royaume des Cieux et sa justice, et tout cela vous sera donné de surcroît » (Mt 6, 33).

Je l’ai vécu quand je me suis engagée dans la formation à l’éducation affective et sexuelle, uniquement pour rendre service à mes élèves. Finalement, j’ai développé des compétences, on m’a invité à donner des conférences, puis à écrire des livres...

Que devons-nous changer chez nous pour les aider à réussir ?
Nous devons surtout renoncer à la course à la réussite sociale pour eux. Faire porter à nos enfants nos propres projections éphémères, ou envisager leurs activités en termes de bénéfices qu’ils pourraient en retirer, ne construit pas la confiance en soi. Les enfants se sentent alors tenus à de constantes obligations de résultat, même implicites. On les angoisse, on alimente les futurs burn-out, on crée de l’insécurité. Ils ont le droit de faire du sport sans aller aux compétitions, de se cultiver sans viser l’érudition ! Un jour, j’ai demandé à mes élèves pourquoi ils allaient au musée, au théâtre, au cinéma, en concerts... Ils m’ont répondu : « Parce que ça forme l’esprit, ça aide à réfléchir. » Se cultiver par plaisir, ils n’y avaient même pas pensé !

Pour qu’ils réussissent, il est bien plus utile d’inciter les enfants à adopter une posture, une manière de sourire qui fait du bien, ouvre aux autres et crée un lien naturel. Quel succès si nous leur faisons comprendre l’importance de devenir, comme saint Paul, « homme de bénédiction ». Savoir remercier pour la beauté d’une action d’autrui est un antidote à la comparaison qui, elle, tend à rendre orgueilleux ou triste. Les compliments sincères ne font pas seulement du bien à celui qui les entend, mais aussi à celui qui les prononce. L’enfant perçoit ainsi sa chance d’être entouré par des gens de qualité.

Quel est le plus important pour réussir sa vie ?
L’enfant a besoin d’une vie intérieure qui le rende capable d’être dans la vie ; aidons-le à la développer. La pratique bien oubliée de l’examen de conscience peut être un précieux associé. La relecture de sa journée, où s’établit l’inventaire des mercis et pardons, demeure le secret de la stabilité personnelle. Grâce à l’exploration de son château intérieur aux pièces innombrables, il pourra éviter de rêver une autre vie que la sienne. Ce retour à l’intériorité pourra enfin lui permettre d’approfondir sa relation à Dieu. C’est dans le silence que l’enfant pourra répondre à la question que Jésus pose à Bartimée dans la Bible :

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10, 51).

À part l’examen de conscience, y a-t-il d’autres outils pour se préparer aux aléas de la vie ?
La réhabilitation du devoir d’état reste une notion capitale sur le chemin de la réussite. Pour un jeune, elle se résume à vivre son quotidien de jeune avec ceux que la Providence a placés auprès de lui : s’entendre avec ses frères et sœurs, s’accommoder de sa vie de famille, travailler... et parfois nettoyer ses crampons de foot. Vivre simplement son devoir d’état n’est pas restreindre son ambition d’un cran, c’est au contraire l’élever d’un cran.

Au fond, une vie réussie pour un jeune est la même chose qu’une vie réussie pour un adulte. Nos actions présentes construisent déjà les grandes aventures de demain. S’il avait été négligent, le chercheur biologiste Alexander Fleming aurait pu mettre à la poubelle ses boîtes imbibées de champignons. Il a fait ce qu’il avait à faire : il a nettoyé ses boîtes, tout simplement. Il a ainsi découvert la pénicilline, et il est devenu prix Nobel.

La foi peut-elle aider à réussir sa vie ?
On ne peut pas instrumentaliser la foi pour la réduire à une clé de développement personnel, mais quand on est croyant, le regard sur la réussite change. D’abord, la vie est déjà réussie avec Jésus comme interlocuteur, car elle sera toujours inédite et nouvelle ! Ensuite, s’appuyer sur les trois vertus théologales – foi, espérance et charité – donne une liberté incroyable. Enfin, la vie de foi structure la morale et l’intelligence.

Approfondir la cohérence et le contenu de sa foi permet de déployer les potentialités de son intelligence, car il y a une coïncidence entre la vision de l’Église et celle du monde. Par exemple, le récit de la Création permet de s’intéresser à la formation de l’univers. La foi permet en fait d’approfondir tous les domaines.

Propos recueillis par Olivia de Fournas

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