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"Heureux est l'homme qui (…) se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !" (Ps 1, 2). Y a-t-il une différence entre Parole et Loi ? Nous avons déjà vu que le bonheur provient de l’écoute de la Parole, ou d’être enseignés par la Loi du Seigneur. Lire la Parole de façon « affective » ou se laisser rejoindre par la Loi de façon plus « intellectuelle ». Le mot hébreu employé pour parler des dix Commandements est Dabar, pluriel Devarim, qui veut bien dire Paroles, car les commandements, bien qu’écrits, sont plutôt des paroles. Cette Loi du Seigneur dans le judaïsme s’enseigne par l’éducation des parents qui les répètent à leurs enfants. Elle est donc parole de vie transmise à la descendance, longtemps par voie orale. « Tu garderas les décrets et les commandements du Seigneur que je te donne aujourd’hui, afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours » (Dt 4, 40).
Pourtant Parole et Loi ne sont pas synonymes. Car la Parole de Dieu qui a créé le monde, poursuit en donnant les conditions de la vie heureuse dans ce monde en vue de l’autre, à l’aide de ses commandements, concentrés dans les dix Paroles. Le bonheur vient ensuite, non seulement de les connaître, et la Parole lue, méditée et manduquée peut déjà suffire à nous combler, mais le bonheur vient beaucoup mieux en les pratiquant. Observer la Parole consiste à pratiquer ce qui est lu. Cela est plus ardu mais bien plus efficace. Le judaïsme, avant le christianisme, est une orthopraxis plus qu’une orthodoxie, une pratique plus qu’une doctrine seulement intellectuelle. « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21). Beaucoup de chrétiens sont heureux dans la vie de charité. Ce qui ne les empêche pas de méditer avec bonheur la Parole de Dieu, de « murmurer sa loi jour et nuit », faire sa volonté tirée de sa Parole, et faire sa lectio divina pour vivre la charité.

