Semaine sainte : une bénédiction Urbi et Orbi sans Pape ?

À trois semaines de la fête de Pâques, le Saint-Siège a communiqué le programme de la Semaine sainte. De façon atypique, il prévoit seulement le lieu et l’heure des célébrations, sans préciser le nom des célébrants. D’ordinaire, c’est le chef de l’Église catholique qui préside ces liturgies commémorant la passion, la mort et la résurrection de Jésus. Mais cette année, le pape François ayant été hospitalisé cinq semaines pour une grave infection respiratoire, sa présence n’est pas confirmée. 

Plusieurs scénarios sont possibles. Le pontife de 88 ans pourrait se faire représenter par des cardinaux qui auront la charge de lire ses homélies, comme cela a été le cas lors des récentes messes du Jubilé. Le Pape pourrait aussi apparaître de façon brève – y compris par vidéo – pour bénir les fidèles, comme l'avait fait son prédécesseur Jean Paul II lors des derniers mois de sa vie. "La participation du pape, et ses modalités, sera évaluée sur la base des améliorations [de sa santé] lors des semaines à venir", explique le Bureau de presse du Saint-Siège. 

La messe du dimanche des Rameaux, qui commence traditionnellement par une procession et qui ouvre la Semaine sainte, aura lieu place Saint-Pierre le 13 avril à 10h. Le jeudi saint, 17 avril, est prévue la messe chrismale à 9h30 dans la basilique Saint-Pierre. Il est de coutume que chaque évêque célèbre cette messe entouré des prêtres de son diocèse, et bénisse à cette occasion l’huile dédiée aux sacrements. 

Le Vendredi saint, 18 avril, sont prévus deux moments : une commémoration de la passion de Jésus à 17h dans la basilique Saint-Pierre, et le traditionnel chemin de croix au Colisée à 21h15. Ces deux dernières années, le pontife argentin, sensible au froid et aux courants d'air, a été absent de cet événement qui se déroule en extérieur et auquel se joint traditionnellement le maire de Rome. 

La veillée pascale aura lieu le 19 avril à 19h30 dans la basilique Saint-Pierre. Le lendemain, 20 avril, la messe de Pâques est prévue à 10h30 sur la place Saint-Pierre et sera suivie par la bénédiction Urbi et Orbi – "à la ville et au monde". Cette bénédiction solennelle très médiatisée est réservée au pape et accordée uniquement à des occasions particulières. Elle est conférée de coutume depuis la loggia – balcon – de la basilique vaticane, mais le programme de cette année ne fait pas mention de l'emplacement, laissant la possibilité ouverte à une organisation aménagée pour le pontife. 

"La bénédiction Urbi et Orbi est un acte qui est attaché à la fonction primatiale et universelle du pape et qui le symbolise", explique à I.Media Mgr Patrick Valdrini, canoniste et chanoine de la basilique Saint-Jean de Latran. "Des circonstances exceptionnelles pourraient expliquer qu’il se fasse remplacer mais le symbolisme d’un pape qui bénit le monde serait atteint. La bénédiction n’en serait pas moindre. C’est donc une question d’opportunité", précise-t-il.

Un autre événement du calendrier requiert en principe la présence du pape : le 27 avril, une messe doit être célébrée à 10h30 sur la place Saint-Pierre pour la canonisation du jeune italien Carlo Acutis. Cet événement suscite une grande attente parmi les fidèles et la presse italienne annonce d'ores et déjà 100.000 inscrits. Là encore, la question demeure sur la possibilité que le Pape puisse se faire remplacer pour une canonisation, une liturgie qui lui est d'ordinaire réservée.

La veille de sa sortie d'hôpital, lors d'une conférence de presse samedi au Gemelli, les médecins ont prévenu que le pontife argentin devait rester au repos et limiter ses rencontres durant deux mois. Mardi, Buckingham Palace a annoncé que la visite d’État du roi Charles III d’Angleterre au Vatican, initialement prévue pour le 8 avril, était reportée afin de respecter sa convalescence.