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En France, l'architecture en pan de bois n’est pas l’exclusivité de l’Alsace ou du Pays basque. D’ailleurs l’Alsace ne possède qu’une seule église construite entièrement en pans de bois, à Kuhlendorf (Bas-Rhin). Aujourd’hui, c’est en Champagne, aux confins de l’Aube, de la Marne et de la Haute-Marne, qu’Aleteia vous emmène à la découverte d’un patrimoine religieux original et plein de charme.
Un itinéraire balisé relie désormais neuf églises et une chapelle édifiées entièrement en pans de bois et en torchis, entre la fin du XVe et le XVIIIe siècle. Elles se situent entre le lac du Der et la Forêt d’Orient. Dans ce bocage champenois parsemé d’étangs et de lacs, de forêts et de prairies, les ornithologues viennent observer le passage des grues cendrées.
Le bois de chêne
Ces églises, presque toutes protégées au titre des Monuments historiques, ont été construites avec un matériau local abondant : le bois de chêne. "Der" vient de "dervos" le chêne en langue celte. Le pan de bois désigne un mode de construction en ossature bois, constituée par des poteaux, des poutres, des pièce en bois dont les intervalles sont comblés avec des matériaux de remplissage.
Certes la région manque de pierre à bâtir, la craie est gélive, mais le choix du bois ne peut se résumer au fait du pauvre. Les paroisses de l’Ancien Régime ont plutôt voulu construire, au même prix qu’une église en pierre, un édifice en bois plus grand et plus beau.
Certaines églises sont des édifices majeurs par leur taille, la complexité de leur forme et le soin apporté au décor. Elles abritent des œuvres d’art de qualité du XVIe ou du XVIIe siècle, des vitraux réalisés par des maîtres-verriers de Troyes, de superbes retables polychromes…
Un patrimoine fragile et émouvant
Les églises de Bailly-le-Franc et de Lentilles illustrent parfaitement l’élégance des églises des années 1450-1550, à trois niveaux toujours plus élancés. À Longsols, dans la plaine crayeuse, les maîtres charpentiers ont aussi conservé la tradition de verticalité des églises champenoises en pierre.
Morembert (XVIe siècle) est la paroisse d’un petit hameau ; Outines (XVIe siècle), la plus monumentale. Saint-Léger-sous-Margerie est une grande église-halle ; Châtillon-sur-Broué la plus originale ; Mathaux (1761) la plus tardive. La chapelle Saint-Jean de Soulaines-Dhuys (XVe siècle) est le petit oratoire d’une léproserie. Deux baies avec des barreaux en bois permettaient aux lépreux restés à l’extérieur de suivre les offices.
Ce patrimoine religieux est fragile. L’église de Nuisement a failli être noyée en 1974 lors de la création du lac du Der. Elle a heureusement été remontée poutre par poutre dans un village-musée. L’église de Drosnay (Marne) a été totalement détruite par un incendie le 7 juillet 2023 en moins d’une heure… Témoins d’une pratique religieuse de plus de 400 ans, elles se fondent dans un paysage doux et ressourçant.