Campagne de soutien 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
En matière de politique écologique, le nouveau président américain a multiplié les annonces qui, plus que des provocations, sont des marqueurs d’une volonté simple et forte d’en finir avec le catéchisme du développement durable qui a tant marqué la génération des moins de cinquante ans en Occident. Qu’on en juge : en quelques semaines, le nouveau président américain annoncé la réouverture des forages pétroliers et gaziers en zone polaire, la fin des subventions aux énergies renouvelables, la suppression de la participation américaine aux projets climatiques de l’ONU, l’institution d’une "Journée de la liberté énergétique" et même, en dépit des intérêts de son ami Elon Musk, le démantèlement de plusieurs milliers de bornes de recharges pour véhicules électriques. Nous qui avions pu observer à quoi conduisait la frénésie de l’écologie politique ces dernières années, nous apprécions désormais à quel point la frénésie inverse peut se montrer inventive.
Le bon sens contre la mauvaise conscience
Car sur ce sujet comme sur les autres, Donald Trump n’est que le symbole tapageur d’un mouvement mondial qui l’a précédé et le dépasse. Le refus de l’écologie s’exprime partout dans le monde depuis déjà quelque temps. Il traduit le retour de la préférence pour le présent. Le danger climatique, cela reste du long terme et le long terme n’intéresse plus. L’encyclique Laudato si’ suggère une ascèse dont les peuples ne veulent plus. L’écologie était devenue le symbole de l’arrogance des diplômés urbains : voilà ce qui la condamne.
La génération du "après nous le déluge" a pris la place de la génération du "le ciel va nous tomber sur la tête". En France, le gouvernement Bayrou a réussi à réduire de plus de 2 milliards d’euros dans le budget 2025 — sans provoquer de cris — les crédits de l’État dédiés au développement durable. Même la technostructure européenne s’attelle à une "simplification" des textes environnementaux, simplification qui est en réalité un détricotage. Pendant ce temps, Stellantis relance le moteur diesel et le pétrolier BP réduit ses investissements dans les énergies renouvelables. Le vieux bon sens prend le dessus contre les mauvaises consciences documentées. Est-ce une bonne nouvelle ? Il faudrait être fort savant pour le dire.
Marche forcée vers les relocalisations
Car il y a plus important encore : l’anti-écologiste Donald Trump, sans le vouloir, se montre le fer de lance du développement durable. Comment ? En provoquant la décroissance tant désirée par les écologistes radicaux. En imposant une marche forcée vers la relocalisation des productions. La politique tarifaire protectionniste de Donald Trump, vieille comme le monde, s’apprête à contribuer au développement durable davantage que tous les dispositifs écologistes technocratiques du passé.
Avec des droits de douanes dissuasifs, les États-Unis lancent une guerre commerciale mondiale qui se traduira inévitablement par un appauvrissement général. Moins de croissance, c’est moins de CO2. Les échanges commerciaux vont chuter. Les transports maritimes vont réduire leur voilure, voilure qui comme son nom ne l’indique pas, est forte consommatrice d’énergies fossiles. Les mouvements absurdes de biens, l’ail d’Argentine vendu dans le village de Lautrec, les pots de yaourt qui font le tour du monde avant d’entrer dans un frigo parisien importé de Corée, il y en aura moins. La consommation subira une attrition. Peu à peu, nous reviendrons à la production de proximité et à davantage de sobriété.
Ce que le volontarisme du GIEC n’avait pas su obtenir pour lutter contre le changement climatique, les apparentes absurdités économiques lancées par un président américain y parviendront — si elles durent. Le résultat sera tellement manifeste qu’il y a fort à parier qu’en Amérique, il conduira au fiasco du second mandat de Donald Trump. Car rien n’est jamais écrit d’avance, c’est tout l’intérêt de la politique.