Campagne de Carême 2025
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La basilique de Saint-Denis a longtemps été la dernière demeure des rois et reines de France. Elle conserve encore une exceptionnelle collection de soixante-dix tombeaux. Chaque souverain ou sa famille a fait réaliser une statue, ou un ensemble de statues (gisants, roi et reine en prière…), dont l’esprit reflétait celui de son temps et de ses goûts. La famille des Valois avait prévu l’édification d’une rotonde funéraire donnant sur la basilique, une chapelle ronde surmontée d’un dôme. Elle devait abriter le tombeau d'Henri II et de Catherine de Médicis. La construction n’en fut jamais achevée. Parmi ces statues se trouve un saint François en extase, aux stigmates bien apparents. Destiné à orner cette rotonde, il avait été commandé au sculpteur Germain Pilon.
La statue du fondateur de l’Ordre des Frères Mineurs devait faire partie d’un ensemble, pour un autel secondaire de la chapelle. Deux autres œuvres, toujours visibles aujourd’hui, devaient aussi y être intégrées. Il s’agit de la Vierge de Douleur, conservée en l’église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris, et La Résurrection, exposée au musée du Louvre. Les trois ont eu une destinée différente, une seule est parvenue jusqu’à l’église Sainte-Croix. Germain Pilon, artiste français de la Renaissance a réalisé, avec ce Saint-François, une œuvre mettant en valeur le mysticisme du poverello : le regard levé vers le Ciel, les bras ouverts en un signe d’abandon, le visage douloureux, il semble entièrement remettre sa vie entre les mains de Dieu.
Une statue qui aura bien circulé
Lorsque Germain Pilon meurt, à la fin du XVIe siècle, la statue de saint François est retrouvée dans l’atelier du sculpteur. Elle n’est jamais mise en place à l’abbaye de Saint-Denis. Après des pérégrinations dont on ne connaît pas tous les détails, elle finit par rejoindre le palais du Louvre.
Le Saint-François reste au Louvre jusqu’à la Révolution. Des observateurs rapportent l’avoir vu dans la salle des Cent Suisses, une vaste pièce des Tuileries. La suite ? Il rejoint le musée des monuments français à la fin de la Révolution. En 1818, il est donné à la Ville de Paris pour trouver le cadre d’une église. À cette date, de nombreuses œuvres religieuses retrouvent ainsi leur vocation première, celle d’être des objets religieux, et non plus uniquement des objets d’art.

La Ville de Paris le dépose à l’église connue comme étant celle des Capucins du Marais, sous le vocable Saint-Jean-Saint-François. Les religieux avaient été chassés et l’église était devenue église paroissiale En 1970, l’église est confiée à la communauté catholique arménienne. Elle est alors rebaptisée Saint-Jean-Sainte-Croix par le clergé arménien. Elle devient plus tard la cathédrale Sainte-Croix de Paris, lorsque la communauté des Arméniens catholiques de Paris est élevée au rang d'éparchie, c’est-à-dire de diocèse. Pour une fois, c’est le nom de l’église qui change. Saint-François n’en bougera pas.