Un vitrail d’exception. On doit le vitrail “de la sagesse de Salomon”, visible en l’église de Saint-Gervais-Saint-Protais, à Paris, au travail conjugué de deux artistes talentueux, un peintre, qui dessine les cartons préparatoires, et un maître verrier. L’histoire retient ici les noms de Noël Bellemare et Jean Chastellain. Installé depuis 1531 dans la chapelle latérale Saint-Jean-Baptiste, il a résisté aux assauts des siècles, des intempéries et des guerres, ce qui reste exceptionnel pour un décor d’une si grande taille.
Restauré dans la seconde partie du XIXe siècle, ce fameux vitrail n’a plus exactement le même aspect qu’à l’origine. Le peintre-verrier en charge de sa restauration a fait preuve soit d’imagination, soit d’humour, en attribuant la réalisation du vitrail, par une mention à sa base, à un peintre sur verre qui n’a jamais existé. Fantaisie qu’il est difficile d’expliquer. Il a aussi ajouté un soubassement à colonnes et des guirlandes de laurier. C’est qu’avant cette restauration, l’église de Saint-Gervais-Saint-Protais avait beaucoup souffert. Comme tant d’autres, elle est dévastée à la Révolution, fermée au culte catholique jusqu’en 1802. Dans l’intervalle elle aura servi de temple à la déesse Raison, et l’une de ses chapelles, celle de la Vierge, a même fait office de salle de bal.
Mais Saint-Gervais-Saint-Protais est surtout le théâtre d’un drame à la fin de la Première Guerre mondiale. Le 29 mars 1918, lors de leur ultime offensive, les Allemands bombardent Paris avec des canons géants situés à 140 km au nord de la capitale. Un obus atterrit dans l'église lors d’un office du Vendredi saint. Il tue 91 personnes et en blesse 68 autres. Le vitrail de la sagesse de Salomon n’est pas atteint par le tir meurtrier, car la verrière avait été déposée au début du conflit. Elle est à nouveau retirée en 1939, pour retrouver sa place en 1947.
Une vie du roi Salomon tout en lumière
L’élément principal du vitrail occupe toute la largeur et représente le jugement de Salomon que l’on peut lire dans le premier livre des Rois, (1R, 3, 16-28). Qui ne connait la sage décision du roi de donner un enfant à la femme préférant la vie du petit plutôt que de le voir coupé en deux ? : “Tout Israël apprit le jugement qu’avait rendu le roi. Et l’on regarda le roi avec crainte et respect, car on avait vu que, pour rendre la justice, la sagesse de Dieu était en lui.”
Au-dessus, dans des parties appelées "ajours" quatre petites scènes racontent des épisodes de la vie du roi Salomon : la première représente Salomon sacrifiant deux béliers à Yahvé (1R 3, 4), la deuxième, le songe à Gabaon, dans lequel Salomon, étendu sur un lit, dialogue en songe avec Dieu (1R, 3, 5-15) et lui demande un cœur intelligent pour juger son peuple et discerner le bien du mal. Les deux scènes de droite évoquent la visite de la reine de Saba (1R, 10, 1-10), venue rencontrer le roi à la réputation de sage : “Heureux tes gens, heureux tes serviteurs qui sont continuellement devant toi, qui entendent ta sagesse !”
Les personnages élégants portent des vêtements somptueux et de riches bijoux. Le peintre choisit de ne pas mettre Salomon au centre du vitrail, mais de laisser la place à ces hommes et femmes, devenant témoins d’une Les personnages élégants portent des vêtements somptueux et de riches bijoux. Le peintre choisit de ne pas mettre Salomon au centre du vitrail, mais de laisser la place à ces hommes et femmes, devenant témoins d’une Renaissance raffinée et acteurs d’une Histoire Sainte toute en lumière.
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