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Indulgence plénière : est-on tenu d’y croire ?

Abbaye cistercienne de Fontenay, Côte d'Or.

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Valdemar de Vaux - publié le 19/01/25
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Qui dit Jubilé 2025 dit indulgence plénière pour les pèlerins, dans les conditions habituelles d’obtention de cette remise des peines accordée par l’Église. Comment cette pratique, rudement mise en accusation par Luther, s’articule-t-elle avec la doctrine sur la grâce et la communion des saints ? Explication.

Jubilés et indulgences ont une histoire liée depuis le premier Jubilé convoqué en 1300 par le Pape Boniface VIII. Depuis lors, les pèlerins qui viennent à Rome lors de ces années jubilaires (aujourd’hui tous les quarts de siècle) et qui passent les portes saintes, peuvent obtenir une indulgence plénière, soit la "remise devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute a déjà été effacée" (§992 du Code de droit canonique) à condition de communier, de se confesser et de prier aux intentions du Pape. Cependant, et surtout depuis les 95 thèses de Luther, le concept-même d’indulgence est parfois remis en cause. Principal reproche : donner une vision comptable du pardon, en même temps que mettre en avant l’action de l’homme plutôt que la miséricorde de Dieu.

Une première manière de mieux comprendre la nature de l’indulgence est de revenir sur l’histoire de leur émergence. Avant le XIe siècle, époque de leur apparition, la pratique de la réconciliation est bien différente : le pécheur n’est absout de sa faute qu’après une certaine durée, durant laquelle il ne communie pas et se soumet à des exercices ascétiques, à proportion de la gravité de sa faute. La faute est ainsi assortie d’une "peine temporelle". Mais, lorsque l’absolution prend place immédiatement après la confession des fautes, avec la promesse d’effectuer une pénitence, cette peine temporelle n’est plus réparée. Si ce n’est par l’obtention d’indulgences, partielles ou plénières. Ce premier fait rappelle que les péchés commis ne sont pas sans effet sur les autres et nous-mêmes, mais qu’il serait bien présomptueux de prétendre pouvoir parfaitement les réparer.

Une pratique qui a parfois dévié

La pratique des indulgences a parfois dévié, souvent à cause d’une forme de tarification en temps et en argent (on connaît les fameuses indulgences dont les revenus ont financé une part de la construction de la basilique Saint-Pierre) qui assimile la réconciliation à un marchandage avec Dieu. Dans le concile de Trente, cependant, Rome et les évêques rappellent la légitimité d’une telle pratique : elle provient du "pouvoir des clefs" ("ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" (Mt 16,19) dit Jésus à Pierre) et complète le sacrement de réconciliation. Ceux qui affirment leur inutilité ou qui dénient à l’Église un tel pouvoir sont dès lors frappés d’anathème.

Comment un contemporain peut-il les entendre ? Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle que la "doctrine et la pratique des indulgences dans l’Église sont étroitement liées aux effets du sacrement de Pénitence" (§1471) et le Manuel des indulgences que celles-ci "invitent le fidèle à pénétrer d’esprit chrétien les actions qui sont en quelque sorte la trame de sa vie quotidienne, et à chercher la perfection de la charité dans ses occupations ordinaires." (Préambule §1, cf. Lumen Gentium §39.40-42) Une indulgence n’est possible que dans un acte de foi, en particulier dans le rôle de l’Église qui malgré sa faiblesse est "Jésus-Christ répandu et communiqué" comme le disait Bossuet, mais aussi parce qu’elle est assortie de la conversion du cœur. Encore un lieu où grâce et nature sont associés : le pécheur n’est pas sauvé à l’insu de lui-même. Elle est aussi possible par la communion des saints : l’union des fidèles entre eux par la prière, sur terre et au ciel, et la force de l’intercession.

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