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Ampère, un savant chrétien sous tension

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André-Marie Ampère.

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Valdemar de Vaux - publié le 19/01/25
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Né le 20 janvier 1775, André-Marie Ampère est connu pour ses découvertes scientifiques. Il fut aussi un chrétien tourmenté mais à la foi profonde. Retour sur un itinéraire à la recherche de la vérité qui sera à l’honneur à Saint-Nizier (Lyon) le 24 janvier pour les 250 ans de son baptême.

Tout le monde connaît Ampère. Au moins grâce aux expériences de laboratoire, lors des cours de physique-chimie du collège ou du lycée. Mais si le nom est associé au calcul de l’intensité du courant électrique, qui connaît vraiment le savant qui se cache derrière ? André-Marie Ampère, né le 20 janvier 1775, fut en effet un des plus grands scientifiques de son temps, théoricien de l’électromagnétisme et inventeur prolifique, enseignant à l’École polytechnique et au Collège de France jusqu’à sa mort en 1836. Physicien, chimiste, ingénieur, mathématicien…mais aussi philosophe et latiniste autodidacte. Honoré par la France, son nom figure parmi les soixante-douze savants inscrits par Gustave Eiffel sur sa tour.

Mais André-Marie Ampère fut, au-delà de ces succès, un chrétien tourmenté. Le 24 janvier prochain, à Saint-Nizier (Lyon) et pour honorer les 250 ans de son baptême dans cette église, c’est sur cet aspect moins connu que portera la conférence de Xavier Dufour, qui a fait une thèse sur Ampère. À dix-huit ans, celui qui est déjà un véritable intellectuel, passionné par l’Encyclopédie, voit son père guillotiné à Lyon où il a grandi, et vit une année de grave dépression. Trois ans plus tard, il rencontre Julie Carron. Coup de foudre, mariage en 1799 et naissance de Jean-Jacques, qui deviendra lui aussi un brillant intellectuel, professeur d’histoire et académicien. Ce fils n’a que 4 ans quand sa mère meurt brutalement, et André-Marie n’en a que 28.

Le soutien de l’amitié

Si sa carrière savante ne cesse de le mener aux plus hautes fonctions et lui fait fréquenter la plus haute société parisienne, la vie intérieure est plus sombre, et la foi reçue de ses parents s’éteint peu à peu. Remarié en 1806, il se sépare de sa femme dès l’année suivante après la naissance d’une fille, Albine. Il a, quelques années plus tard, une relation qu’il pense d’abord durable, mais qu’il doit abandonner et qui lui fait penser au suicide. Sa vie sentimentale le ronge, même s’il trouve dans la philosophie, qu’il finit par préférer à toutes les autres disciplines qu’il maîtrise, un début de réconfort.

Autre réconfort : le soutien de l’amitié. Il lit aussi, et dira à sa mort la connaître par cœur, l’Imitation de Jésus-Christ, qui lui fait voir combien Dieu se donne par amour. Mais il lui semble qu’il en est indigne. En 1817, il fait l’expérience de la miséricorde du Père dans les sacrements, et sa foi s’en trouve apaisée après des années de tension affective et spirituelle. C’est l’homme consolé qui accueille en 1831 un "colocataire" dans son appartement parisien. Frédéric Ozanam (1813-1853), lyonnais lui aussi, est effectivement hébergé dans la chambre de Jean-Jacques au début de ses études car son père connaissait le savant. La cohabitation marquera durablement le futur bienheureux, dont la personnalité, un intellectuel catholique passionné par la vérité, n’est d’ailleurs pas sans rappeler André-Marie Ampère.

Il était beau de voir ce que le christianisme avait su faire à l’intérieur de sa grande âme.

La correspondance d’Ozanam permet de mieux apprécier la bonté du physicien. Quant il meurt, alors qu’il inspecte pour le ministère de l’Instruction publique le lycée Thiers de Marseille, le même Ozanam écrit une nécrologie pour la revue L’Université catholique qui renseigne sur la foi d’André-Marie Ampère, habitué à prier dans l’église Saint-Étienne-du-Mont, sa paroisse. "Il était beau, écrit l’ancien étudiant, de voir ce que le christianisme avait su faire à l’intérieur de sa grande âme : cette admirable simplicité, pudeur du génie qui savait tout et s’ignorait soi-même […] cette charité si affable et si communicative."

La vie est les écrits d’Ampère sont aussi un beau témoignage de l’unité de la foi et de la raison chez le savant chrétien : "Dieu, affirme encore Ozanam, présidait à tous les labeurs de sa pensée, qui éclairait toutes ses méditations; c’était de ce point de vue élevé qu’[André-Marie Ampère] jugeait toutes choses, et la science elle-même." Et, plus loin : "Cette tête vénérable, toute chargée de science et d’honneurs, se courbait sans réserve devant les mystères." 

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