Alors que les bergers veillent sur leur troupeau, l’ange du Seigneur apparaît et leur annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple : "Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur" (Lc 2,11). Les bergers émerveillés se disent entre eux : "Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître "(Lc 2,15). D’une certaine manière, cet appel des bergers à Noël est adressé à chacun dans l’Eucharistie. En effet, c’est comme s’ils disaient : "quittons tout ce qui nous occupe pour nous rendre auprès de cette Présence miraculeuse". Tout comme les bergers ont quitté leurs tâches pour s’approcher du Christ nouveau-né, les chrétiens sont aussi appelés à se détacher de leurs préoccupations pour rencontrer le Christ dans l’Eucharistie. En effet, le Fils de Dieu lui-même invite à se rendre auprès de lui : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos" (Mt 11,28). Il appelle sans cesse ses enfants à sortir d’eux-mêmes et à venir vers Lui, présent dans l’Eucharistie, afin qu'il puisse les réconforter.
Les bergers auraient pu hésiter à quitter leur poste, car leur mission était de protéger les brebis des dangers, en particulier des loups. Mais en cet enfant, en ce Sauveur, Christ et Seigneur, est né justement un Protecteur, Celui qui sauvera ses fidèles de toute menace, de toute attaque, de tout mal. En l’adorant, les bergers découvriront cette vérité. L’ange les invite à prendre un risque mais aussi à faire confiance. Et, comme le dit le texte, "ils se hâtèrent d’y aller" (Lc 2,16). Lorsqu’ils arrivent, ils découvrent "le nouveau-né couché dans la mangeoire" (Lc 2,16), trouvant ainsi Celui pour lequel leur cœur a été fait. Rien n’est plus puissant que la présence réelle de Dieu. Comme l’écrivait le théologien Gabriel Marcel (1889-1973) : "Autrui, quand je le sens présent, me renouvelle intérieurement. Sa présence est révélatrice : elle me fait être plus pleinement moi-même que je ne serais sans elle".
Ce que les bergers ont vécu se reproduit en chaque croyant : "Ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu" (Lc 2,20). De même, à chaque Messe, avant de recevoir la sainte Communion, le prêtre, tenant haut l’hostie consacrée, dit : "Voici l'Agneau de Dieu". Ainsi, chaque chrétien - sans être nécessairement un berger - est invité à "aller voir" cet événement divin que le Seigneur a fait connaître, à s’en réjouir et à louer le Seigneur.