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Après la sidération, le temps de l’action : en Syrie, alors qu’espoirs et craintes se mêlent après la chute soudaine du gouvernement dictatorial d’Assad, l’Aide à l’Église en détresse intensifie sa mobilisation à l’égard de la population chrétienne. Cette dernière demeure dans l’incertitude quant à son sort et à l’attitude à adopter face aux nouveaux maîtres du territoire, encore hantée par les fantômes de la guerre civile et du califat islamique. "La population est dans une espèce d’expectative", confirme à Aleteia Amélie Berthelin, rédactrice en chef de la revue L'Église dans le Monde. "C’est l’inconnu total. Les chrétiens ont envie d’espérer surtout en ce moment avec les signes positifs renvoyés par le nouveau pouvoir. Mais en Afghanistan, c’était pareil au début...", fait remarquer la journaliste.
L’ampleur de la crise humanitaire, elle, reste inchangée. Treize années de guerre civile et une crise économique sans précédent ont placé la Syrie au bord du gouffre. Tom Fletcher, Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, a ainsi rappelé mardi 17 décembre que 17 millions de personnes, soit plus de 70% de la population, ont besoin de bénéficier d’une aide d’urgence pour vivre décemment. Si la chute du régime d’Assad a permis à de nombreuses ONG de s’installer en Syrie et de déclencher notamment l’aide de l’Union Européenne, les besoins demeurent immenses. Besoins que l’AED s’efforce de combler auprès des chrétiens acteurs locaux. "Quand les rebelles ont renversé Assad, la situation s’est brièvement détériorée : privation d’électricité, commerces fermés… les diocèses de Syrie, notamment à Alep, sont immédiatement venus vers nous pour nous demander de l'aide d'urgence", explique Amélie Berthelin.
Soutien matériel, moral et spirituel
Dans cette logique, 350.000 euros d’aide immédiate ont été débloqués par l’AED afin d’accentuer l’aide fournie aux réfugiés chrétiens qui affluaient dans les paroisses d’Alep. Ces fonds d’urgence permettent entre autres de fournir nourriture, vêtements, matelas, couvertures et assistance médicale, notamment en médicaments et opérations chirurgicales. Autant de besoins primaires impossibles à financer en raison de l’inflation galopante. Pour assurer le maintien de l'accès à l'éducation catholique, une aide a été allouée à plus de 20 écoles chrétiennes d'Alep.
À l’approche de l’hiver, où les températures peuvent descendre jusqu’à -10 degrés, il est difficile, voire impossible pour la population de s’offrir le luxe d’un simple pantalon ou manteau, dont l’achat représente un mois de salaire. À Alep, sœur Annie Demerjian de la Congrégation de Jésus et Marie, soutenue par l’AED, porte chaque année un projet visant à pallier ce manque. Ainsi à Noël, 25.000 enfants de divers gouvernorats syriens (Qamishli, Alep, Homs, Damas ou encore Lattaquié et leurs campagnes) se verront offrir un pantalon et une veste à capuche pour Noël, fabriqués directement par des ateliers de couture de Syrie dont les artisans gagnent ainsi un salaire. “C’est un projet qui a un triple avantage : favoriser l’emploi, permettre aux familles d’offrir un manteau chaud à leurs enfants, et donner un peu de joie au moment de Noël”, explique à Aleteia Fabienne Despruniée, qui suit son projet pour l’AED.
Car bien au-delà de l’aspect matériel, c’est aussi d’espérance dont ont cruellement besoin les familles chrétiennes de Syrie. Des programmes pastoraux ont été prévus afin d’insuffler un peu d’espoir en cette période de Noël : à Alep, 900 enfants se verront offrir des cadeaux par le diocèse syriaque orthodoxe. Le diocèse des Arméniens catholiques d'Alep, deuxième plus grand diocèse catholique de la ville, (il compte six paroisses et environ 1.500 familles), prévoit lui aussi avec le soutien de l’AED une soirée de Noël pour les enfants. Au programme, des hymnes grégoriens interprétés par le chœur d'enfants et une remise de cadeaux. Et parce que la jeunesse est l’avenir de la Syrie, l’AED poursuit son soutien des couples chrétiens récemment mariés. L’objectif : aider les diocèses à soutenir de jeunes mariés dont les moyens financiers trop minces dissuadent de créer une famille. Grâce à une subvention, ils peuvent louer une maison pendant un an, ou encore acheter les meubles dont ils ont besoin pour leur nouveau foyer.
Pour en savoir plus
En partenariat avec l’Aide à l’Église en détresse - AED France
