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Jésus est à peine né, le 25 décembre, signe d’espérance, que l’Église honore déjà un martyr. Et pas n’importe lequel. Le lendemain de Noël, 26 décembre, la liturgie fête saint Étienne, qui est le premier martyr ou “protomartyr”. Une fête qui permet de lier l’incarnation avec la résurrection, en passant par la souffrance de la passion, parce que Dieu est venu nous sauver en Jésus, quel qu’en soit le prix.
À Jérusalem, deux lieux font mémoire de la lapidation du diacre Étienne racontée dans le chapitre 7 des Actes des apôtres. "Ceux qui écoutaient ce discours avaient le cœur exaspéré et grinçaient des dents contre Étienne, explique le récit de saint Luc, Mais lui, rempli de l’Esprit saint, fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. […] Tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider." Hors de la Vieille ville, donc, deux édifices construits sur le lieu supposé du martyre d’Étienne : une basilique latine, à quelques encablures de la porte de Damas (nord) ; une église grecque-orthodoxe entre les remparts et Gethsémani (est).
Le siège de l’École biblique et archéologique française
La première est le siège de l’École biblique et archéologique française (EBAF) depuis que les pères dominicains français, emmenés par le père Lagrange, se sont installés en 1890. Consacrée en 1900, elle est fondée sur les restes archéologiques, étudiés justement par le père Lagrange, d’une basilique du Ve siècle. Épouse de l’empereur Théodose II (408-450), Eudoxie fait effectivement construire à Jérusalem un édifice sur le lieu présumé du martyre d’Étienne, qui s’accorde avec les indications des Actes des apôtres et de la tradition orale.
L’église grecque, dans la vallée du Cedron, entre la vieille ville de Jérusalem et le Mont des Oliviers, fondée sur des témoignages médiévaux, est ancienne mais fut reconstruite dans les années 1960. Les données archéologiques actuelles rendent sa localisation discutable. Cependant, c’est là que les franciscains latins chantent les vêpres pour fêter le protomartyr le 26 décembre chaque année. Une tradition qui précède la construction de la basilique dominicaine.
Quelle est la bonne basilique ?
Cette double vénération de saint Étienne est éloquente sur les rapports entre la foi et la science, l’archéologie en l’occurrence. Cela pourrait paraître absurde de continuer à prier à un endroit dont on sait qu’il n’est pas vrai. Mais la foi et l’archéologie ne se situent pas sur le même plan, et si la seconde peut appuyer la première, elle ne lui est pas réductible. "L’archéologie ne sera jamais une preuve, parce que la foi reste un don de Dieu, une grâce", explique le père Dominique-Marie, dominicain et archéologue. "Ces sanctuaires n’obligent personne, dans aucun sens."
Ce qui fait aussi la sainteté d’un lieu, c’est aussi la prière des fidèles et l’insertion dans la culture chrétienne locale. En ce sens, même si l’archéologie est sceptique, prier dans l’église Saint-Étienne grecque de la vallée du Cédron, lieu peu attesté, est un appui pour la foi qui, puisque Dieu s’est fait chair, a besoin d’incarnation et de dévotion.