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Dans sa région, la Casinca, au sud de Bastia, tout le monde la connaît. Depuis 60 ans, Ursule Orsini est une infatigable catéchiste et transmet sa foi encore aujourd'hui aux jeunes générations, malgré ses 85 ans. "Ma vocation était de devenir missionnaire, j'ai toujours voulu annoncer Jésus, et ce depuis que j'étais enfant.". Elle se souvient d'avoir découvert avec stupéfaction, un beau jour de Noël, que le petit Jésus avait fait son apparition dans la crèche, ainsi que l'émotion de sa maman et les rires de son père, touchés par sa douce innocence.
Dans le salon de sa maison, à Arena, Ursule reçoit désormais les petits-enfants de certains de ses anciens élèves. Sur un buffet, est posée une petite bougie aux couleurs de la visite du pape François, le 15 juillet à Ajaccio. "Je ne pourrais pas y aller", explique la toute petite dame, qui doit désormais se déplacer avec un déambulateur. "Mais je vais suivre sa venue à la télévision", confie-t-elle sans amertume, expliquant avoir déjà vu à Rome le pape François en 2016 et même Paul VI en 1975.
Le couronnement de Notre-Dame de Lavasina
Mais à son âge, elle est aussi l'un des derniers témoins d'un événement un peu oublié, alors qu'elle avait seulement 13 ans. Le 18 mai 1952, le nonce apostolique en France, Mgr Angelo Roncalli, est venu à Bastia pour couronner Notre-Dame de Lavasina. Ce tableau de la Vierge se trouve dans le nom d'un village de Lavasina, au nord de la préfecture de Haute-Corse, depuis le XVIIe siècle. En 1675, une religieuse atteinte d’une grave maladie aux jambes a été miraculeusement guérie en priant devant cette représentation, et la nouvelle a vite transformé l’oratoire où elle se trouvait en lieu de pèlerinage. Et dès 1677, un sanctuaire y est construit.
"Notre-Dame de Lavasina est très aimée des Corses, et l’annonce de son couronnement a créé une vague d’enthousiasme", raconte Ursule Orsoni. "Déjà, la veille de l’événement, il y avait un monde fou dans la ville pour la veillée de prière et les confessions, avec beaucoup de scouts. Des cars étaient arrivés de toute la Corse. Le 18 mai, nous avions gagné la place Saint-Nicolas, où avait lieu la cérémonie, pour nous rendre dans un appartement donnant sur la place qui appartenait à des amis, et d'où nous avons pu voir le couronnement, avec le nonce et l'évêque, Mgr Jean-Baptiste Llosa, qui a célébré notre confirmation à ma sœur et moi", se souvient-elle.
Près de 50.000 personnes, soit un quart de la population de la Corse à l'époque, avaient fait le déplacement. Ursule se rappelle avoir observé la place noire de monde avec sa sœur jumelle Françoise, aujourd'hui disparue. "On ne voyait pas tout, mais un instant le nonce a posé deux couronnes sur la tête de la Madone et de l'Enfant-Jésus, puis nous avons chanté des chants à la Vierge, dont le Dio vi Salvi Regina. C'était un grand jour qui a marqué toute l'île", raconte-t-elle avec une certaine émotion. Six ans plus tard, en 1958, alors qu'elle a 19 ans, Pie XII meurt et c'est Mgr Roncalli qui est élu pour le remplacer sous le nom de Jean XXIII : "Nous étions contents ici, nous nous sommes dits que nous le connaissions", dit-elle en souriant.
En tout, elle aura donc vu Jean XXIII, Paul VI et François. Et ce ne sera peut-être pas le dernier. "Qui sait, peut-être qu'un jour le cardinal Bustillo sera Pape !", déclare-t-elle avec malice.